Plusieurs personnes ont bravé la pluie et le froid pour l’inauguration du jardin de la mémoire, au CHSLD Laurendeau. (Photo: François Robert-Durand, JDV)

Ce mardi 16 mai, le CHSLD Laurendeau inaugurait son jardin de la mémoire en compagnie des proches des résidents décédés lors de la pandémie de la COVID-19.

C’est le sixième Centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) du CIUSSS du Nord-de-l‘Île-de-Montréal à inaugurer son jardin de la mémoire. Sur sa dizaine de centres d’hébergement, cinq avaient déjà inauguré leur propre jardin, dont le CHSLD Notre-Dame-de-la-Merci en octobre 2021.

Cet espace, où les familles peuvent déposer un galet marqué d’une inscription en hommage à leurs défunts, est un lieu de recueillement pour les proches des résidents dérobés par la pandémie. Le lieu permet de se remémorer les dernières années de vie qu’ils ont passées au Centre d’hébergement.

«L’équipe du CHSLD Laurendeau est reconnaissante de voir que la mémoire de nos défunts va perdurer pour toujours grâce à ce jardin de la mémoire», a déclaré Myrna Aoun, coordonnatrice au CHSLD Laurendeau, lors de la cérémonie d’ouverture dudit lieu.

Le CHSLD Laurendeau, situé au 1725, boulevard Gouin Est, a connu un nombre important de décès liés à la COVID-19: quelque 89 résidents ont en effet été arrachés à leurs familles ces trois dernières années.

Apaiser la communauté

Le projet commémoratif survient à la suite d’une période de séparation déchirante pour les proches et les résidents, imposée par décret ministériel durant la pandémie de COVID-19.

«Les proches aidants n’étaient plus admis auprès de leurs proches. On a alors reçu des dizaines d’appels de familles qui étaient en détresse, mais aussi des employés qui dénonçaient ça», a confié Annick Dallaire, commissaire aux plaintes et à la qualité des services au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, au Journal des voisins (JDV).

Face à l’impuissance générale, Annick Dallaire cherche un moyen de réconcilier la communauté du CIUSSS (composée des usagers, des employés et des proches), afin que l’expérience de la pandémie soit moins traumatique.

«Si on se dote d’un rituel qui rassemble toute la communauté autour d’un événement, afin d’en faire quelque chose de quand même beau et rassembleur, alors on pourra peut-être contribuer au rétablissement de tout le monde», explique Annick Dallaire, décrivant un exercice de visualisation par ce rituel.

Quelqu’un écrit le nom d’une personne décédée sur un galet lors de l’inauguration du jardin de la mémoire, au CHSLD Laurendeau, le 16 mai 2023. (Photo: François Robert-Durand, JDV)

Faire perdurer les souvenirs

À deux pas de l’entrée du CHSLD Laurendeau, à l’ombre d’un arbre planté au centre du jardin de la mémoire, les proches sont ainsi venus déposer leur galet en souvenir de leurs êtres chers.

Francine Prud’homme, résidente de Cartierville, est venue rendre hommage à sa mère qui a passé sept ans au CHSLD Laurendeau. Elle y a fini sa vie, à 102 ans, 10 mois et 3 semaines.

Intégrée à la suite d’un léger AVC, la mère de Francine passe ses dernières années dans le Centre d’hébergement aux abords de la rivière des Prairies. Francine salue l’initiative, qui lui permet de trouver la paix dans cette perte:

«Ce jardin de la mémoire nous offre un endroit où nous pouvons venir nous recueillir. C’est une belle initiative, cela me permet de pouvoir venir ici et me souvenir des dernières années de ma mère, passées [au CHSLD Laurendeau]», témoigne Francine Prud’homme, non sans émotion.

Elle ajoute que sa mère est enterrée au cimetière Notre-Dame-des-Neiges et que le jardin à Laurendeau lui offre ainsi l’occasion de rendre hommage à sa mère sans avoir à traverser la ville.

Lorraine Bouchard, représentante du comités des résidents, donne un discours émouvant lors de l’inauguration du jardin de la mémoire au CHSLD Laurendeau. (Photo: François Robert-Durand, JDV)

Les souvenirs passés avec le défunt restent vivants, grâce à ce projet hommage. Lors d’une cérémonie émouvante, Lorraine Bouchard, représentante du comité des résidents du CHSLD Laurendeau, a applaudi le projet qui permet «de ne pas oublier ceux qu’on a aimés et qui nous ont aimés».

Les proches des résidents du CHSLD Laurendeau sont les bienvenus en tout temps à venir se procurer leur galet sur place, y écrire leur inscription et le déposer au sein des autres pierres du jardin de la mémoire. Les galets récoltés durant l’hiver seront ajoutés au lieu dès l’arrivée du printemps.



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Tormen Georges
Tormen Georges
7 Mois

Félicitations, Camille! Une belle pensée, un bel article tout à fait juste, plein d’empathie. Tout à votre honneur. Merci de partager votre sensibilité.

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