Maïa Malkassoff, étudiante à l’Université de Montréal à la Fondation Berthiaume-Du Tremblay. Photo : Fondation Berthiaume-Du Tremblay

Le Quartier des générations de la Fondation Berthiaume-Du Tremblay recrute une étudiante qui logera gratuitement jusqu’à 40 semaines dans un de ses appartements. En échange, elle fera dix heures de bénévolat par semaine auprès des personnes âgées. Bienvenue à l’ère de la cohabitation intergénérationnelle.

À la fin mars, la Fondation Berthiaume-Du Tremblay, sise à Ahuntsic sur le boulevard Gouin Est, faisait circuler une annonce pour un recrutement assez particulier. Elle cherchait à offrir un logement à une jeune personne âgée de 15 à 29 ans, «dans le cadre du programme Échanges entre générations: projets d’hébergement étudiant dans des habitations pour personnes aînées, mis en place par le Secrétariat à la jeunesse».

Nouha Ben Gaied, directrice générale de la Fondation Berthiaume-Du Tremblay, qui chapeaute des résidences pour aînés autonomes et non autonomes, a expliqué au Journal des voisins les démarches de cette initiative assez novatrice.

«Quand nous avons vu l’appel à projets du Secrétariat à la jeunesse, nous avons saisi l’occasion d’aller encore plus loin dans notre approche, qui se veut plurigénérationnelle depuis déjà plusieurs années. Cela fait partie de l’ADN de la Fondation d’avoir une ouverture sur notre communauté, par exemple en organisant des activités entre nos aînés et les enfants du CPE voisin [Centre de la petite enfance] à l’Halloween, à Noël, à la Saint-Valentin… Également avec les élèves du secondaire du collège Mont-Saint-Louis, pour des jeux, des films, de l’art…»

Un vent de jeunesse

Le projet de cohabitation intergénérationnelle a donc emballé l’équipe de Mme Ben Gaied, qui a obtenu la subvention du Secrétariat de la jeunesse de 50 000 $, nécessaire à l’accueil d’un ou une jeune pendant moins d’un an. Sélectionnée pour l’année 2024, la résidence Le 1615-1625 de la Fondation Berthiaume-Du Tremblay est la première résidence pour aînés (RPA) à Montréal à participer à ce projet.

Le Quartier des générations, Fondation Berthiaume-Du Tremblay.
(Photo : Anne-Marie Parent, JDV)

La Fondation a retenu sept candidat(e)s et leur a fait passer des entrevues le 17 mai. «Ces jeunes de profils et d’âges variés, de 17 à 27 ans, étaient très motivés, sensibles et “allumés”. Ils ont tous une belle sensibilité envers les aînés. Certains habitent avec un grand-parent, ou encore ils côtoient des personnes âgées dans leur milieu de travail. Ils ont aussi un lien avec Ahuntsic, soit en vivant dans le quartier, en rendant visite à leurs grands-parents ou en étudiant au collège Ahuntsic», déclare la directrice générale.

Le choix a été difficile à faire, confie-t-elle. Toutefois, une personne est ressortie du lot et s’est vu offrir la place.

L’offre: un logement (1 ½) à la résidence Le 1615-1625, de juin 2024 à janvier 2025, les repas à la résidence Berthiaume-Du Tremblay, un environnement de vie bienveillant et sécuritaire. Accessibilité à la piste cyclable du Parcours Gouin et à une voiture Communauto.

En échange: «On souhaite que la jeune fasse dix heures de bénévolat par semaine; pas plus, pour ne pas nuire à son temps d’études», précise Mme Ben Gaied. Par exemple, accompagner des aînés aux heures de repas, faire du jardinage, aller marcher le long de la rivière, participer aux animations au Centre de jour, jouer aux cartes ou à d’autres jeux, promener des personnes en fauteuil roulant sur des vélos de type cyclopousse à plateforme…

Cohabitation enrichissante

«La socialisation permet de faire connaître la réalité des jeunes aux aînés et de briser l’isolement de ces derniers, ajoute la directrice de la Fondation Berthiaume-Du Tremblay. Les bienfaits de la cohabitation intergénérationnelle sont connus.» La force du vivre-ensemble intergénérationnel n’est plus à démontrer, mais elle est encore à promouvoir.

«Diverses recherches scientifiques prouvent que les activités intergénérationnelles ont des bienfaits indéniables sur la santé physique et mentale, en particulier sur l’âgisme et l’isolement. Toutefois, on méconnaît encore le pouvoir de transversalité de la cohabitation intergénérationnelle. Les pratiques intergénérationnelles répondent pourtant à de multiples enjeux, dont le logement, l’éducation, la famille, l’immigration, la culture et le travail», rapporte Florence Notté, chargée de projet et de communication d’Intergénérations Québec. Cet organisme a organisé le sommet «Ensemble pour une société de tous âges» le 22 mai dernier, duquel était partenaire la Fondation Berthiaume-Du Tremblay.

Le projet de cohabitation intergénérationnelle, financé par le Secrétariat à la jeunesse du Québec dans le cadre du programme Échanges entre générations, bénéficie d’un accompagnement du Centre collégial d’expertise en gérontologie du cégep de Drummondville. Informations: info.cceg@cegepdrummond.ca

L’Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur présente l’historique et les bienfaits de cette pratique inspirante dans un article paru en février 2024.

Cet article est tiré du numéro d’été du Journal des voisins (version imprimée) dont le dossier principal est consacré au logement.



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Viens Andree
Viens Andree
4 Mois

Très bel article. On espère que ce programme fera des petits, comme dans les pays d’Europe du Nord, ou la cohabitation multigénérationnelle est déjà présente depuis plusieurs années.

Dumont Marie
Dumont Marie
4 Mois

Bel article. Ce serait intéressant de faire un suivi auprès de Maia à l’automne!

Nora Azouz
Admin
4 Mois
Répondre à  Dumont Marie

Merci!

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