Station crémazie
Dans le métro, certains portent encore le masque en temps de COVIID-19 (Photo : François Robert-Durand, archives JDV)

La docteure Mylène Drouin, directrice régionale de la Santé publique à Montréal, a présenté hier aux médias les leçons tirées de la pandémie de la COVID-19 et les recommandations concernant les prochaines crises sanitaires.

Montréal fait partie des villes les plus touchées par la COVID-19 au Québec, non seulement en nombre de décès, mais aussi quant à la sévérité des mesures sanitaires mises en place. Rappelons qu’Ahuntsic-Cartierville est devenu le premier arrondissement montréalais à franchir le cap des 500 morts, en janvier 2022, depuis le début de la pandémie.

Alors que le taux d’immunité de la population est désormais plus élevé, les caractéristiques du virus et ses variants ont démontré la nécessité d’une planification détaillée face à une crise sanitaire.

Une communication limpide

Selon la Direction régionale de la santé publique (DRSP), il est essentiel d’ajuster les stratégies de communication et le développement des connaissances pour lutter contre les phénomènes de désinformation. La transparence est une des principales leçons tirées de la pandémie, d’après Dre Mylène Drouin. Les avis de santé publique doivent être rendus publics par une communication adaptée et ciblée répondant à la diversité de la population montréalaise.

Les sondages ont montré que la Santé publique demeure une source d’informations à laquelle la majorité de la population accorde une bonne confiance. Toutefois, la DRSP souhaite approfondir ses connaissances, notamment en renforçant le partenariat avec les universités. Mobiliser les experts en situation d’urgence permet en effet une décision éclairée par des données probantes.

« Si on n’établit pas ces liens-là au préalable, c’est très difficile pendant qu’on est en train de gérer la montée en charge des éclosions, des communications, d’être capable d’avoir des équipes de recherches qui sont in situ, dans nos murs, qui sont capables d’analyser, de peaufiner des connaissances et de les développer au fur et à mesure », explique Dre Mylène Drouin.

Minimiser les impacts collatéraux et les inégalités

Les deux dernières années de pandémie ont fait ressortir de nombreux impacts collatéraux et inégalités sociales. Ces dernières peuvent se traduire par l’exposition à la menace pour les travailleurs essentiels, mais aussi par la capacité à prendre un congé pour s’isoler ou avoir accès au dépistage, par exemple.

La santé mentale constitue un impact collatéral conséquent de la pandémie : à Montréal, les mesures sanitaires ont été plus sévères, augmentant les risques d’anxiété, d’isolement et de dépression. Les deux dernières années ont aussi prouvé une augmentation considérable de la consommation d’alcool et de cannabis.

Enfin, les différents groupes socioéconomiques n’ont pas été affectés par la perte d’emploi et la misère alimentaire de la même manière.

Le rétablissement de la population à la suite d’une urgence sanitaire doit s’opérer le plus tôt possible. La DRSP souhaite mettre en place des outils visant à réduire ces impacts collatéraux comme un soutien à l’isolement, ou encore par le rehaussement des services sociaux, de santé et communautaires. Dre Mylène Drouin affirme en effet qu’ « il faut soutenir les organismes communautaires et leur permettre d’orchestrer l’action locale autour des communautés le plus dans le besoin ».

Les leçons de la pandémie

Pour Dre Mylène Drouin, le plus gros défi de la pandémie reste la première vague de la COVID-19. Cette période a engendré une hécatombe chez les aînés hébergés en établissement public. La directrice de la Santé publique explique que les connaissances du virus n’étaient pas encore là, et que les outils à disposition étaient moindres.

Toutefois, la DRSP considère la prévention de la troisième vague comme son meilleur coup. Voyant la vague venir d’Europe, les équipes de la Santé publique ont rapidement mis en place une approche suppressive dans la gestion des explosions de cas de COVID-19. La vaccination en anneau, avec 15 000 doses, a permis d’éviter que ce variant ne se propage dans d’autres quartiers. À l’époque, Québec fermait ses écoles pendant deux ou trois mois.

La surmortalité importante de la cinquième vague à Montréal a indiqué que le virus de la COVID-19 nécessite un plan détaillé de gestion de la pandémie. Le variant Omicron a en effet fait plus de victimes que les 3e et 4e vagues réunies : on décomptait 1 704 décès en 57 jours, selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), et environ 1,2 million de Montréalais infectés par le variant.

Mylène Drouin, directrice de la santé publique de Montréal. (Photo : François Robert-Durand, archives JDV)
Mylène Drouin, directrice de la santé publique de Montréal. (Photo : François Robert-Durand, archives JDV)

Dre Mylène Drouin

En 2018, Dre Mylène Drouin devient la première femme à occuper la fonction de directrice régionale de Santé publique pour la région de Montréal. Avec ses 20 années de pratique, elle relève les défis d’une pandémie mondiale peu de temps après son arrivée en fonction.

En 2021, le Collège de Bois-de-Boulogne à Ahuntsic-Cartierville où elle a fait ses études collégiales lui remet le diplôme honorifique de personnalité québécoise marquante pour son implication exemplaire en santé publique et médecine préventive.



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