Le 8 mars, c’est la Journée internationale des droits des femmes. À l’occasion de cette date, le Journal des voisins met à l’honneur les femmes entrepreneures de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. Retrouvez les portraits de celles qui font notre territoire en trois chapitres jusqu’au 8 mars.
Elles sont de plus en plus nombreuses au Québec; créatives, déterminées et résilientes, les femmes entrepreneures s’imposent à Montréal. Selon l’Indice entrepreneurial québécois 2020, la pandémie aurait par ailleurs accentué ce phénomène, et nombre de femmes se seraient reconverties.
Le taux de nouveaux propriétaires chez les femmes, alors à 9 % en 2019 contre 10 % chez les hommes, a en effet augmenté: elles représentent désormais 17,3 % tandis que le taux des hommes reste inchangé.
Les femmes font toutefois encore face aujourd’hui à de nombreux enjeux: égalité salariale, lutte contre les stéréotypes, violences faites à leur encontre, charge mentale… la liste reste longue.
Qui sont celles qui font notre arrondissement? Le Journal des voisins vous invite aujourd’hui à la rencontre des femmes entrepreneures et inspirantes du District Central.
Reconversion et détermination
Sophie Boyer, cheffe d’entreprise d’Audvik, au 1625, rue Chabanel Ouest, bureau 700.
Au sein du secteur Chabanel, une marque québécoise vient faire concurrence aux plus grands noms du manteau d’hiver: Audvik existe maintenant depuis 40 ans. En 2013, alors que la marque était en déclin, Sophie Boyer, du haut de ses 24 ans, prend la tête de l’entreprise.
«On est parties du sous-sol de ma mère, qui est designer textile, et on a refait toute une collection de A à Z en un mois», se souvient Sophie, expliquant avoir dû donner un coup de jeune à la marque.
La jeune femme connaissait déjà bien le milieu du textile: avec sa famille implantée dans le vêtement sport, mais aussi son expérience à la boutique Sports Experts, où Sophie caresse le rêve d’y vendre un jour ses produits. «J’ai toujours eu cette passion pour les sports extérieurs, surtout les sports d’hiver. C’est ce qui fait le plus apprécier [cette saison]: d’être dehors! Et c’était l’idée d’Audvik, le faire apprécier aux gens qui l’aiment moins.»
Sophie Boyer se lance ainsi à un jeune âge dans le milieu impitoyable de l’entrepreneuriat, mais la jeune femme n’a pas froid aux yeux. Ancienne athlète de haut niveau, elle est habituée à la compétition et ses championnats canadiens lui ont par ailleurs appris discipline et persévérance: «Cela m’a aidée à avoir confiance en moi pour aller en business et ne pas me laisser intimider», sourit Sophie.
Performer pour les compétitions de haut niveau de ski de fond lui aura aussi permis d’acquérir une excellente connaissance des matières et autres prérequis nécessaires à un vêtement chaud, léger et confortable.
Audvik propose ainsi une gamme de manteaux aux tissus 100 % coupe-vent, respirants et imperméables qui protègent de toutes les intempéries. Les manteaux portent par ailleurs des noms de villes au climat chaud, dans le monde entier.
La marque possède également une forte conscience environnementale, alors que la mode reste la deuxième industrie la plus polluante au monde: le tissu isolant des manteaux est fait à partir de matière recyclée. Le manteau lui, est garanti à vie et la marque offre même un programme deuxième vie afin de rien jeter. Par ailleurs, Sophie Boyer a aussi lancé la marque Fosfo, des manteaux plus abordables aux couleurs vives, qui sont faits à partir de filets de pêche recyclés.
Pour Sophie, être une femme entrepreneure comporte de nombreux enjeux. Elle a pu en témoigner par son jeune âge à son arrivée dans le milieu: «C’est sûr qu’on se fait prendre un peu moins au sérieux. Je pense qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire», témoigne-t-elle, citant avoir dû «bûcher un peu plus pour avoir les mêmes privilèges que les hommes».
Son conseil pour les femmes qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat: «Au début, ce n’est pas facile; c’est normal que tu bûches et te questionnes, mais il faut continuer à avancer», explique Sophie Boyer, expliquant préférer échouer et évoluer au profit de ne pas se lancer.
Pour elle, la plus grande qualité de la femme, c’est justement la résilience: «Si on a des échecs, on va essayer de les voir d’un côté positif. On se remet facilement sur pied en cas d’embûches et je pense qu’à l’intérieur de chaque femme, il y a une force innée.»
Bienveillance et bien-être
Tiphaine Soriano, cheffe d’entreprise du Studio Fitness au 270 B, rue Chabanel Ouest.
Un peu plus haut sur Chabanel, c’est au Studio Fitness qu’une autre femme inspirante a lancé son affaire en 2021. Tiphaine Soriano, originaire de Paris, est entraîneuse personnelle et cheffe d’entreprise.
Ancienne infirmière au service de cancérologie de l’hôpital Sainte-Justine, Tiphaine raconte avoir vécu une période difficile où elle ne se reconnaissait plus dans son travail. À l’époque, la jeune femme déteste le sport et par la même occasion, son corps.
Lorsqu’elle commence à entrer dans un processus de remise en forme, son monde s’ouvre : elle se découvre et apprend à s’aimer. Elle décide alors de devenir entraîneuse personnelle et travaille dans plusieurs centres de conditionnement physique durant neuf ans.
«À un moment, je me suis surprise en train de dire “Un jour, j’ouvrirai mon studio” et j’ai pensé “Mais j’ai 33 ans, je vais le faire quand?”» conte Tiphaine Soriano, propriétaire du Studio Fitness.
Entrer en contact avec son corps, mettre son esprit et sa consistance dans un effort et finalement avoir des résultats: voilà ce qui motive Tiphaine et qu’elle veut partager avec ses clientes.
Le Studio Fitness est en effet un espace réservé aux femmes: un centre de bien-être holistique, où se donnent des cours de fitness, mais aussi des séances de méditation ou encore des cours de peinture.
Ici, les femmes peuvent apprendre à s’accepter, quel que soit leur âge. Tiphaine parle d’un «espace sacré et sécuritaire, où elles échangent beaucoup», alors qu’elle témoignait au contraire d’une certaine compétition féminine dans les autres studios où elle travaillait, avant de lancer sa propre affaire.
Elle fait aujourd’hui face à certains enjeux. Son espace, agrémenté de néons décoratifs roses et de belles grandes fenêtres donnant une perspective directe sur ses cours, a par exemple été pris par erreur par des hommes du quartier pour un…salon de massage érotique!
Si l’histoire la fait aujourd’hui sourire, Tiphaine tempère et témoigne que son plus gros défi, c’est de «gérer mes émotions, ma vie à côté du studio et toutes les responsabilités qui vont avec. Les femmes peuvent être très perfectionnistes et c’est mon cas». La cheffe d’entreprise de 33 ans affirme qu’il faut, certains jours, accepter que les émotions soient là, ou que le corps fatigue.
Pour autant, elle gère son affaire avec une forte bienveillance et une grande détermination, deux qualités qu’elle voit aussi chez ses clientes: «J’ai la chance d’attirer des femmes très fortes. Il y a beaucoup d’auto-entrepreneures dans mes clientes, ou des cheffes d’entreprise… toutes des femmes merveilleuses!» commente Tiphaine Soriano.
Au District Central, l’entrepreneuriat se conjugue donc de plus en plus au féminin. Karine Joncas, cheffe d’entreprise du District Central, avait par ailleurs été récemment classée dans le Palmarès des entreprises au féminin pour son entreprise Karine Joncas Cosmétiques.
Retrouvez la suite de nos portraits des femmes entrepreneures de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville demain et le mercredi 8 mars.
À lire:
• Femmes entrepreneures: Youville (7 mars 2023)
• Femmes entrepreneures: Fleury Est (8 mars 2023)
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