L’entreprise Karine Joncas Cosmétiques s’est classée dans le plus récent Palmarès des entreprises au féminin de Premières en affaires. (Photo : courtoisie Karine Joncas Cosmétiques)

Une entreprise basée dans Ahuntsic-Cartierville, Karine Joncas Cosmétiques, s’est classée dans le plus récent Palmarès des entreprises au féminin de Premières en affaires.

Karine Joncas Cosmétiques loge au 555, rue Chabanel, dans le District Central. L’entreprise, qui célèbre ses 20 ans cette année, emploie entre 40 et 50 employés, selon les saisons.

Elle est notamment reconnue pour sa crème anti-âge globale, qui est désormais le produit de sa catégorie ayant le plus de ventes en pharmacie au Québec. L’entreprise, qui vend dans plus de 1000 points de vente, mais surtout en pharmacie, est la marque québécoise numéro un pour les soins du visage, selon les ventes, dans les pharmacies du Québec, et numéro trois toutes marques confondues. 

La clientèle est majoritairement composée de femmes de plus de 40 ans. Le chiffre d’affaires dépasse les 10 millions de dollars.

«Je suis une entrepreneure dans l’âme et j’avais de qui retenir, car ma grand-mère et ma mère étaient des femmes d’affaires, explique la principale intéressée en entrevue avec le Journal des voisins. J’ai grandi dans le salon de coiffure maternel et mon premier emploi d’été fut celui de conseillère en beauté à domicile. J’avais 16 ans et pas de voiture. Ma mère me trimballait d’une cliente à l’autre dans son auto. Elle lisait un livre pendant que je faisais mes présentations, avec ma trousse de produits.»

Elle lance son entreprise avec son conjoint avec un premier produit qui fait rapidement fureur : un patch cosmétique. Il s’agit d’un timbre élégant que l’on colle sur le contour des yeux et qui recouvre la poche, le cerne et les petites rides. Il offre une impression de fraîcheur immédiate. «C’est comme un traitement de spa, mais à domicile. Aujourd’hui, nous avons plus d’une cinquantaine de produits», explique-t-elle. 

Chez elle sur Chabanel

Pourquoi avoir choisi de s’installer dans le quartier? «La Cité de la mode est avant tout un quartier de design et je me considère avant tout comme une créatrice de soins, mentionne-t-elle. Je désirais m’installer dans un milieu créatif, près du centre-ville, accessible pour nos employés, dont plusieurs habitent les rives sud et nord.»

L’entreprise loge son siège social, son laboratoire de recherche et développement et son entrepôt sous un même toit. Elle s’est installée il y a cinq ans rue Chabanel. «Ce fut une excellente décision, reprend Mme Joncas. L’ambiance est bonne et le quartier a de nombreux petits restos. La gare du train de banlieue est juste à côté; l’accessibilité est incroyable.»

Le statut d’entrepreneure est-il difficile? «Avec le recul, je dirais que oui, répond-elle. Nous évoluons dans une industrie dominée par les multinationales étrangères. On a évolué à petits pas et elles ne nous ont pas fait de cadeau. Dans le commerce de détail, c’est la guerre pour avoir de l’espace sur les tablettes. Au départ, c’était difficile de nous démarquer, car nous avions peu de produits. Nous sommes passés d’une marque de niche à une des plus connues des Québécoises. Nos compétiteurs nous amènent à nous dépasser. Mais le fait que nous soyons une entreprise basée au Québec, c’est reconnu par nos clientes.»

Karine Joncas apprécie chacun de ses produits et les utilise tous. «J’ai développé ma première crème anti-âge globale pour ma mère il y a une quinzaine d’années, ajoute-t-elle. C’était ma première crème. J’ai une philosophie d’offrir des produits pour les femmes actives, qui n’a pas nécessairement le temps de se consacrer à une routine. J’ai une gamme de produits de soins 4 en 1, qu’elles peuvent utiliser jour et nuit, pour le tour des yeux, le cou et le décolleté. C’est simple, efficace et ça fonctionne.»

Ce genre de produit est populaire depuis que la pandémie est pratiquement chose du passé. Avec le retour à la normale, les femmes ont moins de temps qu’avant.

L’international

L’entreprise compte depuis le début sur le bouche-à-oreille pour se faire connaître. Ses clientes en parlent à leurs mamans, leurs filles, leurs amies ou leurs voisines. Mais elle s’appuie également sur les réseaux sociaux et la formation offerte aux cosméticiennes qui œuvrent en pharmacie, qui transmettent notamment leurs suggestions de produits potentiels. Depuis quelques années, la marque peut se payer de la publicité télé.

Karine Joncas s’est aussi lancée, en 2017, sur le marché américain. Elle y perce grâce au marketing de réseau. Elle vend aussi ses produits en ligne dans les pharmacies Shoppers – l’équivalent de Pharmaprix au Canada anglais – et prépare une percée en pharmacie dans les autres provinces.

Même si la population vieillit, ce qui alimente son bassin naturel de clientes, elle songe aussi à des produits qui s’adressent aux femmes plus jeunes. Et également à sa propre relève. Karine Joncas a deux filles, dont la plus vieille, qui a 18 ans, étudie en administration et aimerait reprendre le flambeau, un jour. Elles œuvrent toutes les deux pour l’entreprise familiale.

Un palmarès influent

Le Palmarès annuel des entreprises au féminin connaît un succès certain dans les milieux d’affaires québécois. La quatrième édition a été lancée début février par le magazine Premières en affaires.

«Nous nous sommes rendu compte que dans les principaux classements de ce genre, notamment ceux du journal Les Affaires ou de Forbes, il y avait moins de 10 % de femmes à la tête des grandes entreprises, observe Deborah Levy, rédactrice en chef du magazine. De fait, on compte moins de 5 % de femmes à la tête des entreprises cotées en Bourse. On s’est dit qu’il fallait valoriser les femmes entrepreneures.»

Les femmes n’ont pas encore atteint l’égalité économique, mais ça change rapidement, commente-t-elle. Les médias s’intéressent beaucoup aux entrepreneures et aux femmes de pouvoir, qui prennent progressivement leur place dans la société. 

«On achète au quotidien des produits provenant de sociétés dirigées par des femmes, reprend-elle. Certaines sont d’énormes sociétés, d’autres des PME florissantes.»

La compilation des résultats du palmarès est réalisée par la firme Léger et sa publication est soutenue par de grandes organisations, comme la Caisse de dépôt et placement du Québec, la Banque Scotia, l’assureur Sun Life, l’Ordre des CPA du Québec et l’Université Concordia. «Elles comprennent que les femmes ont de plus en plus de pouvoir dans la société», poursuit Mme Levy. 

Le premier palmarès affichait 75 sociétés. Le dernier en compte 130 avec un chiffre d’affaires de plus de 5 millions $ et 70 dont le chiffre d’affaires dépasse le million. 

Premières en affaires est un magazine pour femmes qui se démarque des autres : «On ne parle pas de mode et de beauté, précise Mme Levy. On s’intéresse à l’économie, au monde des affaires et aux enjeux de société, mais du point de vue des femmes. Nous aimons aussi mettre en valeur les femmes qui ont du succès.»

Fait à noter, la majorité des entreprises du palmarès sont des sociétés issues de la relève entrepreneuriale, qui ont plus de 25 ans d’existence et qui sont dirigées par des femmes dont la moyenne d’âge est de 44 ans.

Ainsi, le Québec récolte les fruits de sa première génération d’entrepreneures à la tête d’entreprises de grande taille. Et plusieurs sont actives dans des domaines qui sont loin d’être traditionnellement féminins, comme la fabrication en usine ou le camionnage.



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