Production agricole en ville: les Fermes Lufa à Ahuntsic cultivent des légumes à l’année. (Photo: courtoisie Fermes Lufa)

L’agriculture urbaine à Ahuntsic-Cartierville ne se limite pas à quelques tomates produites dans un jardin communautaire. C’est une activité agricole qui bénéficiera bientôt d’un Plan de développement d’une communauté nourricière. 

Il y a près de quatre ans, l’arrondissement s’est doté d’une classe d’usage agriculture urbaine dans son plan d’urbanisme. Cette mesure ouvrait largement la possibilité aux entreprises de se lancer dans la production alimentaire en pleine ville. Pour autant, est-ce qu’on ne cultive pas en même temps une utopie? 

Ce sont 50 000 $ qui ont été engagés depuis ce mois de mars pour élaborer le Plan de développement d’une communauté nourricière (PDCN). L’argent provient pour moitié de l’arrondissement, l’autre émane du ministère de l’Agriculture dans le cadre du Programme d’appui au développement de l’agriculture et de l’agroalimentaire en région. 

Le PDCN, qui sera élaboré par l’organisme AU/Lab (Laboratoire d’agriculture urbaine), devrait être adopté en juin en conseil d’arrondissement.

Déjà deux ateliers agricoles, un à l’ouest de l’arrondissement et un autre à l’est, sont organisés en mars et avril. Ils sont ouverts aux citoyens et bien entendu aux organismes qui ont déjà un pied dans les champs locaux, comme Ville en vert.

Le plan vient cartographier tout ce qui se fait au niveau agricole dans l’arrondissement.

Il y a depuis trente ans des jardins collectifs à Ahuntsic-Cartierville, avec probablement le plus grand nombre de jardinets à Montréal. Il existe également deux jardins communautaires qui offrent des produits frais, notamment à des ménages vulnérables.

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Le jardin communautaire Bordeaux-Cartierville. (Photo: Phillippe Rachiele, archives JDV)

Il y a aussi les serres sur toit des fermes Lufa. S’est ajoutée la Centrale agricole, décrite comme un concentrateur (ou hub): c’est en fait un véritable incubateur de jeunes pousses (start-up) agricoles. Le bâtiment sur la rue Legendre, près de l’Acadie, regroupe 14 microentreprises qui veulent produire autant des champignons que du vin et, bien entendu, pour être dans l’air du temps, des collations à base d’insectes.

L’arrondissement connaît par ailleurs une expérience originale à Montréal avec la Ferme de Rue. Chaque été elle propose ses produits aux passants et aux restaurants du coin.

Plus récemment, deux entreprises se sont installées dans le District Central pour faire de l’élevage de poissons, rue Meilleur. Depuis deux ou trois ans, deux marchés hebdomadaires sont ouverts au public, l’un à Ahuntsic, l’autre à Bordeaux-Cartierville.

Ainsi, différentes échelles et divers types de production et de distribution se retrouvent sur un même territoire sans pour autant évoluer dans le même écosystème.

«La communauté nourricière c’est justement ça. C’est l’imbrication de toutes ces échelles-là», relève la mairesse de l’arrondissement, Emilie Thuillier.

Il y aurait assez de production agricole pour que justement on arrive à alimenter des commerces de détail locaux de produits alimentaires tout aussi locaux. «On ne sera pas autosuffisant, prévient la mairesse. Mais rien ne dit qu’un jour on ne pourrait pas avoir dans un panier Lufa des poissons de la rue Meilleur.»

Semer dans le quartier

Produire localement son alimentation est une ambition qui s’est fait jour il y a près de quatre ans quand l’opinion publique fut relativement surprise de voir l’arrondissement se doter d’une classe d’usage agriculture urbaine dans son règlement d’urbanisme. Le secteur délimité se situe dans le quadrilatère situé entre le boulevard de l’Acadie, l’autoroute 40, l’autoroute 15 et la rue Sauvé Ouest, soit près de 70 hectares.

L’appétit venant en mangeant, alors que l’arrondissement s’apprête à lancer une consultation sur le Plan particulier d’urbanisme (PPU) dans l’aire TOD des gares Ahuntsic et Chabanel, cette classe d’usage serait étendue au District Central, dans le secteur Chabanel.

Un tel règlement signifie que des entreprises privées, des coopératives et des organismes sans but lucratif (OSBL) peuvent lancer leurs activités de production alimentaire de plein droit dans ces zones. 

Légumes du potager. L’activité agricole d’Ahuntsic-Cartierville bénéficiera bientôt d’un Plan de développement d’une communauté nourricière. (Photo: JF Gabnor, courtoisie de Pixabay.com)

Utopie?

Cela dit, si des outils réglementaires et des plans sont mis en place pour encourager la production agricole en ville, comment peut-on évaluer la pertinence économique de telles actions? Sans chiffres, sans résultats en dollars tangibles, est-ce qu’on ne cultive pas une utopie au final? 

«On ne peut pas décider d’un résultat particulier. Je pense qu’on ne pourrait pas vraiment s’en donner un. Est-ce que c’est réaliste ce que nous faisions? Oui, parce que cela se concrétise. Maintenant, on parle de la production de poisson. Il y a déjà la production de champignons, d’insectes et tout ça. Cela se fait. On ne parle pas d’autosuffisance [mais de produits locaux]», convient Mme Thuillier.

L’ambition est donc bien là pour voir une variété de produits estampillés «produit» ou «élevé» à Ahuntsic-Cartierville, vendus à Ahuntsic-Cartierville. 

Cet article a été publié dans la version imprimée du Journal des voisins, le Mag papier d’avril-mai 2023, à la page 18. Il fait partie du dossier Agriculture urbaine, duquel plusieurs autres articles sont reproduits. 

1- Ahuntsic, premier de classe en agriculture urbaine!

2- LN Saint-Jacques, DG de la Centrale agricole

3- La Centrale agricole: terreau fertile

4- Des nouvelles de la Ferme de Rue Montréal

5- Des jardins pour bien se nourrir à peu de frais

6- À chacun son potager!

7- La Centrale agricole: terreau fertile

8- Les Fermes Lufa, modèle mondialement connu d’agriculture responsable

9- Manger les produits agricoles d’Ahuntsic-Cartierville, une utopie?



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