Le Dickcissel d’Amérique. Photo : JDV / Jean Poitras

Cette chronique de Jean Poitras est tirée du numéro de la rentrée du Journal des voisins (version imprimée) dont le dossier principal est consacré au climat.

Le parc Frédérick-Back est situé tout juste à l’est de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, donc à l’extérieur de la zone habituelle dans laquelle les oiseaux cités dans cette chronique devraient se trouver. Mais cet oiseau est trop exceptionnel sur l’île de Montréal, je me devais donc de vous le présenter. Et comme c’était une « prime coche » pour moi, canicule ou pas, menace de pluie ou non, vous comprendrez que ma motivation était grande et que je n’allais pas rater cette chance. D’ailleurs, je n’étais pas le seul sur place, ce visiteur est devenu sans conteste la vedette de l’été 2024.

Le Dickcissel d’Amérique est de la famille des cardinalidés, donc un cousin de notre Cardinal rouge. Il est le seul représentant du genre Spiza de cette famille.

Il mesure environ 16 cm, possède une envergure d’ailes de 25 cm et pèse 25 g. Il est donc un peu plus grand que la majorité des bruants et approximativement de la taille du moineau domestique.

Il a la tête grise traversée par un large sourcil jaunâtre, un dos gris ou gris-brun rayé de noir et une grande zone rousse sur les ailes. Sa poitrine jaune est ornée d’un plastron noir. La gorge, le ventre et les flancs sont blancs. Un fort bec gris, des pattes noires et une queue foncée complètent le tout.

La femelle est similaire, mais en plus terne et sans le plastron noir sur la poitrine. Des rayures brunes remplacent le jaune sur la poitrine des petits.

Comportement et alimentation

L’individu que j’ai observé (en compagnie de nombreuses autres personnes) était très actif et dans un va-et-vient continuel, se perchant sur de petits arbres ou arbustes pour y chanter.

Son chant est un «dick, dick, dick-cissel» qui lui a valu son nom. Sa présence très occasionnelle au Québec et au Canada fait qu’il a été peu étudié par les gens d’ici.

Il se nourrit d’insectes en été et principalement de graines en hiver.

Habitat et nidification

Le Dickcissel préfère les champs et prairies herbeuses du Midwest nord-américain. Il construit un nid avec des herbes, des brindilles, des feuilles et parfois des poils d’animaux. Ce nid se situe généralement sur les branches basses de petits arbres ou d’arbustes. Il semblerait que tant le mâle que la femelle participent à sa construction.

La femelle y pond de 3 à 5 œufs qu’elle couve une douzaine de jours. Les petits quittent le nid une dizaine de jours après l’éclosion.

La maturité sexuelle est obtenue après un an et leur espérance de vie est de 5 à 8 ans.

Migration

Les Dickcissels arrivent sur leur site de nidification en bandes de centaines voire de milliers d’individus. Les mâles arrivent en premier en mai et seraient en surnombre, d’où le fait que ce ne sont que des mâles que l’on a observés au Québec.

Ils quittent leur aire de nidification en septembre pour aller passer l’hiver le long des côtes d’Amérique centrale et surtout au Venezuela.

Selon l’Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional, ce serait surtout en migration d’automne que certains oiseaux d’humeur vagabonde seraient observés au nord et à l’est de leur aire territoriale normale.

La majorité des observations au Québec l’ont été en Montérégie, et il est possible que [la nôtre] de ce mois de juillet soit la première relevée à Montréal, mais c’est à confirmer.

Changements climatiques

Dans un autre ordre d’idée, on m’a quelquefois demandé quel était l’effet des changements climatiques sur les oiseaux.

Il est évident que les intenses feux de forêt de l’été dernier ont eu un impact sur les oiseaux qui nichent habituellement dans ces zones sinistrées. La perte d’habitats favorables a causé des perturbations dans les nidifications de plusieurs espèces qui fréquentent ces zones, et ce, pour probablement plusieurs années.

Certains individus se déplaceront vers d’autres lieux, mais d’autres ne nicheront pas. Ce qui met en péril le renouvellement de l’espèce. L’ampleur de la diminution des effectifs ne sera pas apparente avant quelques années. À suivre.



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