Robert Senecal et Gilles Levert naviguent se rendent en bateau au lac des Deux-Montagne par les rapides du Cheval blanc depuis des décennies. Photo: JDV / Amine Esseghir

Depuis trois ans, les bateaux de plaisance ne peuvent en principe plus naviguer sur la rivière des Prairies pour se rendre au lac des Deux-Montagnes. Du moins, le chemin n’est plus balisé tel qu’il l’était depuis des décennies. Les aides à la navigation ont été retirées.

Du plus loin qu’ils se souviennent, Gilles Levert et Robert Sénécal ont toujours vu des balises sur la rivière des Prairies. Depuis trois ans des plaisanciers, des deux bords de la rivière des Prairies, entre Laval et Ahuntsic-Cartierville, se battent pour retrouver leurs bouées retirées par la Garde côtière canadienne (GCC).

Pourtant, naviguer sur la rivière des Prairies est une des routes habituelles pour les bateaux qui se rendent au lac des Deux-Montagnes. Aux rapides du Cheval blanc, il n’y a plus de balises.

«Dès qu’on dépasse ce passage, la garde côtière met des bouées partout. Autant du côté de l’Île-Bizarre que pour aller au lac des Deux-Montagnes», souligne M. Sénécal.

Une situation aberrante alors que la navigation venant de l’Est est en principe prohibée.

Démarches
balises
Les plaisanciers ont compilé dans un livre de plus de 500 pages les différentes correspondances qu’ils ont envoyé partout pour plaider leur cause. Photo: JDV / Amine Esseghir

Toutefois, depuis trois ans, les plaisanciers ne sont pas restés les bras croisés. Ils ont lancé une pétition qui a recueilli un peu plus de 1000 signatures. Ils ont écrit des dizaines de lettres, interpellé toutes les autorités et tous les élus. Ils ont fait valoir tous les arguments possibles pour espérer voir remettre les bouées en place.

Car ce qu’ils dénoncent c’est la remise en question d’un mode de vie pour les riverains de la rivière.

«Pour nous, citoyens de Montréal et de Laval, c’est totalement discriminatoire de faire une telle chose», constate M. Levert.

Une observation d’autant plus vraie que la navigation de plaisance sur la rivière des Prairies existe depuis des décennies. Lui-même et ses enfants possèdent des bateaux depuis des années.

«Il n’y a pas de plage sur la rivière des Prairies. Alors, on se rend au lac. Il y a des plages très belles là-bas. Il y a du sable à perte de vue», observe-t-il.

Les activités nautiques font partie de la vie économique et sociale dans le coin. Profiter de l’eau est une façon de vivre pour laquelle des gens investissent, plus que de l’argent, une vie.

«Peut-on évaluer la perte de jouissance ? demande M. Sénécal. J’aime ma maison. Je la rénove depuis 26 ans. J’y mets de mon corps, de mon âme.»

Pour les plaisanciers, ce serait un incident avec un aéroglisseur de la garde côtière survenu en 2022 qui a donné lieu à la suppression des balises.

«La nature de cet incident était d’ordre mécanique, et il n’est pas la cause de la décision de cesser le balisage du rapide du Cheval blanc. Cependant, l’incident fait partie des éléments qui furent analysés dans le cadre de la revue du système d’aides à la navigation de ce secteur», explique Kariane Charron de la direction régionale des communications de Pêches et Océans Canada.

Peu de bateaux?

Dans un échange de courriels avec le Journal des voisins (JDV), elle souligne d’autres préoccupations concernant les rapides du Cheval blanc qui ont incité la GCC à retirer les balises.

Une faible profondeur d’eau disponible, un fond rocheux, un cours d’eau étroit et de forts courants ne permettraient pas une navigation en toute sécurité.

«Plusieurs incidents ont été répertoriés au fil des années malgré la présence de bouées», précise-t-elle.

Dans un autre courrier, adressé aux plaisanciers, Pèches et Océans Canada soutient que la GCC ne peut offrir de service de balisage dans ces rapides quand il y a «un usage non public exclusif au profit d’un seul utilisateur ou d’un petit nombre d’utilisateurs, ou pour marquer l’accès à des installations privées ou municipales, telles qu’une marina ou un quai de chargement privé ; et lorsque, en raison de limites opérationnelles, les aides ne peuvent être maintenues selon le taux de fiabilité visé.»

Des paramètres édictés par les directives nationales du programme des Aides à la navigation.

Or, les plaisanciers font valoir justement que la baisse de la navigation engendre aussi une baisse de  la fréquentation au port de plaisance de Laval sur le lac, de la marina Quai du capitane ou de Bo-Bi-No.

L’autre mauvaise nouvelle pour les plaisanciers: ces suppressions sont permanentes alors que beaucoup espéraient un retrait provisoire.

Bouées privées
Balises retirées
Position des balises retirées en 2023. Source: site de la GCC.

La GCC veut décourager les plaisanciers à s’aventurer dans ces eaux considérées périlleuses. Elle maintient en aval et en amont des rapides deux bouées d’avertissement portant la mention «danger».

Qu’en est-il des balises privées? La GCC ne peut pas l’interdire, mais elle prévient que ces bouées doivent se conformer au Système canadien d’aides à la navigation 2023. De plus, leur installation doit respecter le Règlement sur les bouées privées.

Une piste que les plaisanciers n’excluent pas d’explorer.

«Ce serait mieux que le portage, croit M. Levert. Retourner au portage des bateaux, c’est aberrant de dire des affaires de même. C’est revenir des centaines d’années en arrière.»

C’était pourtant une des solutions qui leur avait été proposée.



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