Attendues depuis des années par les uns, redoutées par les autres, les nouvelles pistes cyclables aménagées actuellement par l’arrondissement vont changer à jamais les habitudes des usagers des rues Prieur et Sauriol.
En gros, l’arrondissement modifie complètement la configuration de ces rues sur 7,5 km, dont cinq km cet été.
Le projet prévoit l’implantation d’une piste cyclable bidirectionnelle (comme celle située sur la rue Christophe-Colomb avant le plan estival dû à la COVID-19) sur un des deux côtés de la rue, où le stationnement est éliminé.
La rue devient un sens unique et le stationnement est préservé sur le côté opposé à la piste cyclable. Le projet entraîne l’élimination de 478 places de stationnement sur deux ans. .
Le jdv tourne des vidéos
Afin de déterminer l’impact réel sur le stationnement, Journaldesvoisins.com a effectué des vidéos des divers tronçons implantés cette année. Vous trouverez au bas de cet article les vidéos filmés durant la pandémie de la COVID-19, alors que les citoyens étaient normalement tous chez eux et le stationnement utilisé au maximum par les résidants.
Préparation
L’arrondissement effectuera des travaux de planage et de revêtement (enlèvement d’une couche d’asphalte, puis pose d’une nouvelle) en juillet et août sur plusieurs phases.
Le projet prévoit l’installation de bollards permanents pour isoler la piste cyclable de la circulation motorisée. La piste sera fonctionnelle en hiver et déneigée. Au fur et à mesure que la Ville va procéder à la modernisation des infrastructures en fin de vie utile (remplacement des conduites d’égout, d’aqueduc, réfection de la chaussée), les bollards seront remplacés par un muret de béton.
Sur Prieur, la surface du trafic motorisé passera de 73% à 46%, celle du vélo de 3% à 30% et celle des piétons restera inchangée à 24%.
Sur Sauriol, le trafic motorisé passera de 77% à 46% alors que le vélo passera de 0% à 31%, la part des piétons demeurant à 23%.
Les tronçons visés sont ceux de la rue Sauriol, entre les avenues Péloquin et Papineau, et quatre tronçons de la rue Prieur, entre l’avenue Meilleur et Papineau. Les travaux coûteront 1,8 million cette année et ont été approuvés au conseil d’arrondissement du 11 mai.
Attendues depuis longtemps
« On a réalisé ce projet pour s’assurer que toutes les personnes qui ne sont pas à l’aise de faire du vélo sur ces rues puissent le faire en toute sécurité, car ces nouveaux axes cyclables desservent dix écoles, dont huit primaires », explique Émilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement de Ahuntsic-Cartierville.
Mme Thuillier mentionne que les autorités considèrent le vélo comme le meilleur moyen de se déplacer sur de courtes distances en ville.
Or, l’arrondissement manque d’axes est-ouest « utilitaires », soit des liens qui permettent d’utiliser la bicyclette comme moyen de transport pour le travail, les études ou le magasinage, pas juste le loisir.
La seule autre piste cyclable est-ouest dans l’arrondissement est celle du boulevard Gouin, qui est davantage tournée vers les loisirs. Et l’emprunter quand on circule plus au sud constitue un détour irréaliste pour les cyclistes.
« Il y a plein de petites familles qui circulent sur ces rues, notamment vers les écoles, reprend la mairesse. Ils pédalent souvent entre les voitures. C’est très inquiétant pour leur sécurité. En délimitant clairement la place du trafic cycliste et motorisé, on facilite les déplacements de tout le monde. »
Mme Thuillier révèle que l’arrondissement a reçu une lettre des parents de la CSDM du secteur, qui demandaient une telle infrastructure. L’arrondissement a consulté la population et envoyé un dépliant explicatif à 15 000 portes de l’arrondissement, avant d’opter pour la mouture actuelle du projet.
Enfin!
« Ça fait cinq ans qu’on les demandait, ces pistes, commente Frédéric Bataille de l’organisme de transport actif Ahuncycle. Nos demandes remontent au temps de l’ancienne administration, avant celle de Projet Montréal. Pour nous, c’est une excellente initiative quand on tient compte de la présence d’écoles dans ce secteur. »
M. Bataille considère que ces rues ne sont pas sécuritaires pour la pratique du vélo, car le trafic motorisé peut y être très intense par moments.
« Avec les nouvelles pistes, plus de gens vont faire du vélo pour notamment étudier, travailler ou magasiner, dit-il. Et plus les gens commencent jeunes à pédaler, plus ils feront du vélo un mode de transport privilégié une fois adulte. Plusieurs spécialistes du transport urbain ont affirmé que de telles pistes étaient nécessaires pour le transport utilitaire, et qu’elles devaient être isolées du trafic motorisé, reprend-il. Les bandes cyclables peintes sur la chaussée ne suffisent pas. Surtout quand on tient compte de l’emportiérage [NDLR : Porte d’auto qui s’ouvre et qui heurte les cyclistes]. »
Pas le meilleur concept
« Nous nous réjouissons que l’arrondissement passe enfin à l’action, mais nous sommes très déçus du concept final de pistes bidirectionnelles, commente Suzanne Lareau, PDG de Vélo Québec. Au Québec, on s’en va de moins en moins vers ce type de pistes pour privilégier les pistes unidirectionnelle[NDLR : de chaque côté de la rue], aménagées de chaque côté de la rue, qui sont jugées plus sécuritaires aux intersections. »
Mme Lareau estime que les pistes bidirectionnelles sont plus avantageuses lorsqu’elles traversent des espaces verts ou des secteurs avec peu d’intersections. C’est tout le contraire avec les rues Prieur et Sauriol, où automobilistes, cyclistes et piétons devront redoubler de vigilance lorsqu’ils traverseront les intersections.
La PDG de Vélo Québec se réjouit toutefois du fait que les rues soient transformées en sens unique et qu’il n’y aura pas de stationnement en bordure de piste cyclable.
« Avec des pistes unidirectionnelles, nous aurions dû éliminer complètement le stationnement des deux côtés de la rue. Nous avons consulté la population, qui souhaitait maintenir du stationnement sur ces rues, et nous avons opté pour un compromis » , répond la mairesse Thuillier.
Les prochaines pistes
« La prochaine étape, c’est l’instauration d’une piste cyclable sur Henri-Bourassa, affirme Frédéric Bataille. Ce boulevard est une quasi-autoroute à huit voies, qui traverse plusieurs zones résidentielles, commerciales et scolaires très denses, et qui dessert le secteur du métro. Depuis l’arrivée de la pandémie de Covid-19, la popularité du vélo explose. Ça démontre qu’on a un besoin urgent de nouvelles pistes cyclables de type utilitaire. Si une partie de la population adopte le vélo comme moyen de transport privilégié après la pandémie, ce sera une bonne nouvelle. »
La piste demandée sur Henri-Bourassa ferait partie du Réseau Express Vélo (REV) cher à l’administration de la mairesse Valérie Plante, dont les premiers tronçons sont implantés cet été vers le centre-ville de Montréal. Dans Ahuntsic-Cartierville, le REV comptera un axe nord-sud autour des rues Berri, Lajeunesse et Saint-Denis.
« L’axe Henri-Bourassa n’est pas encore à l’étude, révèle Mme Thuillier. La ville-centre a déposé son plan qui comprend plusieurs projets de tracés. Ce sont pour le moment des intentions qui peuvent être retravaillées. Mais l’axe Henri-Bourassa n’est pas dans les priorités pour le moment. »
Les vidéos du JDV : évaluation de l’impact sur le stationnement
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De chaque côté des rues, il y a des pancartes de NON STATIONNEMENT de la ville. Il roulait tellement vite qu’il ne les a pas vues!