Alors que les élèves de 3e, 4e et 5e secondaires rentrent en classe à temps plein à compter d’aujourd’hui, le ministre de l’Éducation assure que la situation dans les écoles est « sous haute surveillance », reconnaissant à mots couverts que la situation dans les écoles demeure précaire.
En entrevue à LCN lundi matin, Jean-François Roberge a défendu la décision de ramener les élèves du deuxième cycle du secondaire à temps plein à l’école, malgré le début imminent d’une troisième vague de coronavirus portée par des variants plus contagieux et plus virulents.
Retour échelonné à la CSEM
La démographe Simona Bignami, auteure d’une étude sur le rôle de la transmission dans les écoles dans la propagation de la COVID-19 à Montréal à l’automne dernier, ne cache pas son inquiétude.
Selon elle, il aurait été plus prudent de repousser ou d’échelonner le retour en présentiel comme l’a fait la Commission Scolaire English Montreal (CSEM) qui a pris la décision la semaine dernière d’opter pour un retour progressif des élèves en commençant par les élèves de secondaire 3.
« Nous travaillerons avec diligence afin que le retour des élèves de 4e et 5e secondaire se fasse en toute sécurité », avait indiqué le directeur général par intérim de la CSEM, Russell Copeman le 25 mars.
On ne rapporte à l’heure actuelle aucun cas à l’école secondaire L.I.N.K.S., seul établissement de niveau secondaire de la CSEM, situé dans Ahuntsic-Cartierville.
Situation dans les écoles : encore des zones de flou
Un cas a par contre été confirmé dimanche à l’école primaire John Caboto Academy, rapportait COVID Écoles Québec.
John Caboto Academy pic.twitter.com/lZ3u9FmBMM
— Covid Ecoles Quebec (@CovidEcoles) March 28, 2021
Le porte-parole de la CSEM, Michael Cohen, refuse de confirmer cette information et se contente d’indiquer qu’à CSEM le « taux est assez faible » dans ses écoles.
Le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) confirme pour sa part une autre information rapportée par COVID Écoles Québec, à savoir que trois cas ont été déclarés à l’école voisine, Saint-Simon-Apôtre. Il refuse cependant de confirmer s’il s’agit d’une éclosion.
« C’est la Santé publique qui détermine s’il y a éclosion ou non », indique le porte-parole du CSSDM, Alain Perron.
Contacté par le JDV, la Direction régionale de la santé publique (DRSP) de Montréal répond qu’elle ne peut « commenter les cas spécifiques » pour des raisons de confidentialité.
« C’est vraiment la Commission scolaire qui peut donner tous les détails », fait savoir Éric Forest, conseiller aux relations médias pour la DRSP.
COVID Écoles Québec a également rapporté qu’un cas présumé de variant a été détecté au Collège Mont Saint-Louis dimanche.
***VARIANT Collège Mont Saint-Louis* pic.twitter.com/ViePh6Nt00
— Covid Ecoles Quebec (@CovidEcoles) March 28, 2021
Cette école secondaire privée, située sur le boulevard Henri-Bourassa Est, est le deuxième établissement scolaire à être touché par un cas de variant dans Ahuntsic-Cartierville depuis deux semaines. La version la plus récente de la liste de la Collecte nationale quotidienne du ministère de l’Éducation fait état, en date du 26 mars, de nouveau cas dans ce collège privé qui, selon COVID Écoles Québec, a déjà enregistré au moins 17 cas depuis la rentrée en janvier. Contactée par le JDV, la direction de l’établissement n’avait pas retourné notre appel au moment de publier.
Selon les données de la Collecte nationale, de nouveaux cas se sont déclarés dans au moins une demi-douzaine d’écoles publiques et privées d’Ahuntsic-Cartierville à la fin de la semaine dernière.
Une accélération à prévoir
Cette situation précaire fait craindre le pire à Simona Bignami.
« Tout le monde s’inquiète », souligne-t-elle, en rappelant notamment que le Collège des médecins du Québec et l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) ont pressé le gouvernement du Québec de revenir sur sa décision s’assouplir les mesures sanitaires.
Faisant écho aux syndicats de l’enseignement et à de nombreux experts qui remettent en question la décision de ramener les élèves à plein temps en classe, la démographe souligne que le pari d’exposer davantage d’élèves à la possibilité de contracter et de transmettre le virus en milieu scolaire ne fera qu’accélérer la troisième vague.
« La transmission dans les écoles à Montréal a été un déterminant très important de la deuxième vague, sinon le facteur déclencheur », rappelle la démographe.
Le retour des élèves en présence à plein temps risque donc, selon elle, de contribuer à faire grimper encore plus vite le nombre de cas et, ultimement, le nombre de cas graves.
« C’est une question de dénominateur : si vous augmentez beaucoup le nombre de personnes qui est infecté, même le fait d’avoir une probabilité très faible, par exemple, de développer des conséquences sévères de la COVID va vous donner un effectif plus large de gens qui ont des conséquences sévères, parce qu’il y en plus qui sont à risque », explique la démographe.
Elle rappelle que le discours des autorités publiques voulant que les enfants et les jeunes adultes en santé ne soient pas des groupes vulnérables est « complètement dépassé ». Tant les études cliniques que l’observation sur le terrain suggèrent que les nouveaux variants entraînent davantage de cas sévères, même chez de jeunes adultes en santé qui n’ont pour l’instant toujours pas accès au vaccin.
« Maintenant que la stratégie est de laisser circuler le virus, c’est sûr qu’on va voir toutes sortes de choses », prévient-elle.
Lundi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a reconnu que le Québec était bel et bien entré dans la troisième vague, mais a réitéré que si le gouvernement n’excluait pas de revenir sur les allègements apportés aux mesures sanitaires, il n’envisage pas revenir au mode d’enseignement hybride au secondaire.
« Pour le moment, il n’est pas question de retourner les élèves à la maison », a fait savoir le ministre Dubé sur Twitter.
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