Durham ou Dessaulles? (Photos : Philippe Rachiele, JDV)

Récemment, est apparu à l’angle avenue Durham et boulevard Henri-Bourassa, un panneau portant l’indication Henriette Dessaulles, du nom de l’illustre femme de lettres et pionnière en journalisme au Québec. Journaldesvoisins.com a voulu savoir si c’était l’arrondissement qui avait rebaptisé cette avenue, si c’était l’oeuvre du comité de toponymie récemment créé, et surtout quelle est la signification de cette démarche.

Après vérification auprès des services concernés, journaldesvoisins.com appris que ce n’est pas l’arrondissement qui a posé ce panneau.

« Notre équipe vérifie auprès de la Ville si nous pouvons le retirer », indique la porte-parole Émilie Miskdjan.

Rappelons que l’avenue Durham fait l’objet d’une controverse autour de la personne du comte de Durham. D’aucuns contestent le fait d’honorer la mémoire de cet aristocrate anglais, nommé en 1838, gouverneur général des colonies britanniques en Amérique du Nord.  

Sa mission principale était de mettre fin aux tensions entre francophones et anglophones au Canada depuis les Rébellions de 1837.

Le 28 juin 1838, ce gouverneur ordonne l’exil aux Bermudes de plusieurs patriotes emprisonnés à la suite des Rébellions. Le 9 octobre suivant, il démissionne et retourne en Angleterre. Son séjour au Canada a duré à peine cinq mois.

Qui est Henriette Dessaulles (1860 – 1946)?

L’apparition de ce nouveau panneau qui « rebaptise » l’avenue Durham remet donc au goût du jour cette controverse autour de la personne de Durham connu notamment pour le rapport qu’il avait présenté au Parlement britannique où il suggère l’assimilation des Canadiens-français. 

« Un peuple sans littérature et sans histoire », selon lui, et que les anglophones pourraient assujettir facilement.

On comprend donc pourquoi des résidants du quartier appellent de leurs vœux le changement de dénomination. Une demande en ce sens avait été adressée à l’arrondissement en 2013 par un citoyen, Éloi Mayano-Vinet, et attend toujours une suite favorable. 

Et bien entendu, pour ceux et celles qui veulent débarrasser le quartier du lourd héritage lié au nom dudit comte, le nom de Henriette Dessaulles est tout indiqué, notamment dans le contexte social actuel.

Cette femme de lettres, pionnière du journalisme au Quebec, surtout connue pour son esprit libre et son opposition au type d’éducation qu’on réservait aux jeunes filles à l’époque.  Filleule de Louis-Joseph Papineau et cousine d’Henri Bourassa, Henriette Dessaules revendiquait pour les filles la même liberté dont jouissent les garçons. Ses écrits dont certains sous de pseudonymes masculins, contenaient les premières pulsations du grand mouvement de libération qui continue.

Lui rendre hommage ne serait que justice.

Quand vous passerez non loin, jetez un coup d’oeil en l’air: le panneau a peut-être déjà été enlevé… À suivre.



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