(Photo : Philippe Rachiele, JDV)
Émilie Thuillier (à g.) au marché public solidaire d’Ahuntsic-Cartierville (MAC) de Ville en vert, au métro Sauvé, en juillet dernier. (Photo: courtoisie).

 «Mais maman, c’est qui?», demande Victor, 6 ans, à Émilie Thuillier.  Quand la candidate à la mairie d’Ahuntsic-Cartierville aux élections du 5 novembre, et actuellement conseillère du district d’Ahuntsic, se promène dans l’arrondissement avec son aîné, il ne manque pas de lui demander qui sont les gens qui la saluent le long du chemin et à qui elle répond « Bonjour! ».

«Comme je lui explique, dit Émilie Thuillier, le sourire dans la voix, je ne connais pas tout le monde que je rencontre, mais plusieurs me connaissent et me saluent, ce que je fais aussi.

Conseillère du district d’Ahuntsic depuis 2009, et résidante depuis 2007 de son district, Émilie Thuillier connaît plusieurs de ses commettants et nombreux sont ceux et celles qui la connaissent.

«Je fais de la politique avec les gens pour répondre à leurs besoins, dit-elle. Me présenter à la mairie est un défi, mais dans la continuité logique de ce que j’ai fait au cours des dernières années. »

Consultations

Déjà, en début d’année, même si sa décision de se présenter comme candidate à la mairie n’était pas tout à fait encore prise, Émilie Thuillier y songeait. Elle avait d’abord mis sa famille au parfum, son paternel notamment qui donne un coup de main à l’organisation familiale, son conjoint ayant évidemment été le premier consulté.

Mère de deux jeunes enfants, Mme Thuillier sait compter sur un bon réseau d’entraide. Elle a une famille aidante, et, dit-elle, même avec des activités professionnelles exigeantes, le fait de travailler la plupart du temps non loin de son domicile lui facilite la vie.

«Je ne perds pas de temps dans la circulation et je marche avec mes enfants pour aller à l’école et à la garderie.»

Après ces consultations nécessaires, elle a voulu trouver de futurs collègues qui partagent les mêmes valeurs qu’elle.

«Je me suis d’abord assurée de trouver la bonne personne pour me remplacer dans mon district; ça, c’était ma priorité, insiste-elle. Je voulais vérifier son intérêt (ndlr: Nathalie Goulet). Et je voulais monter une équipe de candidats avec lesquels je travaillerais bien. Je me suis assurée que leurs profils soient différents, qu’ils habitent dans leur district, et qu’ils y connaissent les résidants, qu’ils aient la même flamme que moi, et qu’ils aient envie de servir», ajoute la candidate à la mairie.

Les candidats ont d’ailleurs été présentés il y a quelques mois, sauf celui de Bordeaux-Cartierville.

«On connaîtra le nom du candidat fin août», répond-elle à la question du journaldesvoisins.com

Quant à sa candidature, Mme Thuillier précise qu’elle l’a «testée» au préalable avec les gens de l’arrondissement avant de prendre sa décision. «Des gens que je connais et d’autres que je ne connaissais pas», précise-t-elle.

Elle affirme que la réponse a été tout de suite très favorable, mais qu’elle a attendu avant de faire connaître sa décision.

Motivations

Émilie Thuillier (Photo: jdv archives)

Que voudrait faire la conseillère du district d’Ahuntsic si elle devient mairesse de l’arrondissement ?

«J’ai l’ambition de faire à l’échelle de l’arrondissement ce que j’ai fait dans Ahuntsic et ça me paraît tout à fait atteignable », lance-t-elle, convaincue.

Elle en parle comme d’une ambition collective pour le mieux-être de tous les citoyens. Elle souhaite donner de grandes orientations  et en modifier certaines, notamment au chapitre de l’urbanisme et du transport. Elle veut que l’arrondissement se rapproche de ses partenaires, des acteurs locaux tant économiques, que scolaires, ou communautaires.

«J’aimerais, en tant que mairesse, assurer un leadership sur tout le territoire de l’arrondissement, dit-elle presque en s’excusant, ajoutant à la blague: Je suis géographe de formation!»

Des projets comme ceux qu’elle a menés, ceux de la revitalisation de la rue Fleury Ouest et du parc Tolhurst, notamment, elle en souhaite pour tout l’arrondissement.

«Partout dans l’arrondissement, il y a des demandes en ce sens-là et elles ne sont pas nécessairement répondues, insiste-t-elle.»

À échelle humaine

Pour Émilie Thuillier, les promoteurs immobiliers ont besoin d’être encadrés.

«J’ai été la seule élue à assurer une espèce de vigie sur les projets de condos, dit-elle. Si les promoteurs proposent n’importe quoi et que c’est accepté, ils vont le faire! S’ils savent que l’arrondissement encadre leurs projets, ils vont faire le travail en conséquence. Oui, il faut développer Ahuntsic-Cartierville, insiste-t-elle, mais il faut bien le développer. Il faut s’assurer d’une développement à échelle humaine, avec une vision, et un caractère distinctif», lance-t-elle.

Elle insiste sur le fait qu’avant qu’un projet aille en consultation publique, il faut que les élus aient leur mot à dire. Elle cite en exemple le projet de construction Musto pour lequel elle avait des réserves, dit-elle.

«Mais comme jeune élue autour de 2011, je m’étais fait convaincre qu’il fallait voter en faveur du projet pour qu’ils soit discuté en consultation publique, et qu’après on aviserait… »

Elle a appris à la dure que là n’était pas la bonne manière de procéder, dit-elle.

«Tout ça revient à la décision que j’ai prise de me présenter comme candidate à la mairie. Les gens ont l’impression qu’on fait ce qu’on veut dans notre district. La fonction de maire comporte beaucoup plus de pouvoir que celle d’un simple conseiller, ça a plus de poids.»

Un dossier difficile

Au cours de la dernière année, elle a connu un dossier difficile: celui des travaux sur Gouin Ouest et de la circulation à double-sens sur la rue Tanguay, réputée pour sa tranquillité. Cet achalandage fort inhabituel a créé une vraie commotion dans le secteur. Nombreux sont les résidants qui l’ont interpellée par téléphone, par courriel, et aux réunions du conseil d’arrondissement. Et des résidants fâchés. Mais elle n’a pas été consultée par la Ville-centre, responsable des travaux, dit-elle.

«La Ville-centre a débarqué avec ses gros sabots, sans aucune information aux résidants, du jour au lendemain, laisse-t-elle tomber, la lassitude et un brin de colère dans la voix. Je ne vous dis pas le nombre d’heures que j’ai passé et que je passe là-dessus. Je ne me plains pas de travailler, ajoute-t-elle, mais je pourrais passer ce temps-là sur d’autres dossiers. »

Elle fait valoir que c’est elle qui a demandé que la circulation soit détournée sur L’Acadie, mise devant le fait accompli; que des panneaux de 30km/h soient ajoutés sur Tanguay. Elle assure qu’elle demande à chaque semaine que la police du PDQ soit présente pour donner des contraventions aux automobilistes qui carburent à la vitesse; et qu’elle a fait une demande pour qu’il y ait présence policière dans le secteur régulièrement pour surveiller la circulation, ce qu’on appelle, dit-elle, la «commercialisation» car il faut payer, mais que la Ville-centre a refusé prétextant que ce n’était pas dans le mandat général de la police.

Aléas de la vie politique

Si la politique comporte des aléas et qu’elle a connus quelques moments difficiles depuis neuf ans, elle ajoute:

«Après, ça nous rend plus forts!».

Si elle est élue mairesse d’Ahuntsic-Cartierville, elle voit son rôle comme celui d’une femme d’équipe. Et si ces collègues de Projet Montréal ne sont pas élus, ou seulement quelques-uns le sont, comment voit-elle son rôle dans une telle équipe?

«Ce sera beaucoup moins difficile qu’actuellement, dit-elle convaincue. À Montréal, je suis l’élue qui a le plus travaillé avec les élus des autres partis. J’ai été  vice-présidente du comité exécutif. Je suis présidente de la Commission d’examen des contrats et ce travail est fait en collaboration avec des collègues de tous les partis. Je suis respectée des élus des autres partis et habituée à travailler avec eux», souligne-t-elle.

Elles énumère, en terminant, quelques-unes de ses aspirations comme candidate à la mairie.

« Je veux apporter des projets, il n’y en a pas en ce moment dans l’arrondissement. C’est aux élus et aux citoyens d’apporter des projets. Avoir des projets, c’est aussi une façon de motiver les employés de l’arrondissement», précise-t-elle. Je ne me présente pas contre quelqu’un, mais pour l’arrondissement, dit-elle, et je veux aller à la mairie pour faire avancer les choses ici, et non voir atterrir dans l’arrondissement des décisions qui ont été prises ailleurs, notamment à la Ville-centre», conclut-elle.

NDLR: Il y a actuellement deux candidatures déclarées à la mairie de l’arrondissement pour novembre prochain : Harout Chitilian, conseiller de Bordeaux-Cartierville, qui en a fait l’annonce il y a quelques semaines; et Émilie Thuillier, conseillère d’Ahuntsic, qui a annoncé sa candidature en juin dernier,  Pour mieux connaître les deux candidats actuels, leurs aspirations, et ce qu’ils souhaitent pour l’arrondissement, journaldesvoisins.com a fait une entrevue avec chacun d’eux. Vous pouvez lire l’entrevue réalisée avec Mme Thuillier plus haut. Vous pouvez lire l’entrevue réalisée avec M. Chitilian la semaine dernière en cliquant ici. 



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