CAPSolar, une jeune pousse vaillante, choisit d’implanter son usine de production de panneaux solaires ici, au Québec, et plus précisément à Ahuntsic-Cartierville. À l’évidence, son créateur, un ingénieur mécanique, ne manque pas d’audace à l’image d’autres acteurs du secteur technologique.
Cap rue Meilleur, au 9200, local 304. La rue est calme, en ce début mai. Au cœur de ce quartier industriel, quasi désert, se niche une pépite solaire : CAPSolar. Cette jeune entreprise prometteuse, créée en 2020, produit des panneaux solaires flexibles et personnalisés destinés au transport.
Comme toute étoile, elle ne cesse de susciter l’intérêt, voire l’espoir, et ce, depuis sa naissance. Du reste, certains signes ne trompent pas. Le 14 mars dernier, lors de l’inauguration de son unité de production, d’une superficie de 5252 pieds carrés, plusieurs personnalités avaient tenu à être présentes : Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, le député de l’Acadie, André Morin, et la mairesse de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, Emilie Thuillier.
Ambiance de travail décontractée
Au troisième étage de l’édifice, deux employés s’attellent à leur tâche dans un espace ouvert et lumineux de 1680 pieds carrés. Les plafonds hauts accroissent le sentiment de liberté et d’effusion créative. Une table de ping-pong trône au beau milieu de la pièce ensoleillée, entre deux des bureaux.
Un jeune homme élancé arrive, le sourire aux lèvres. Il est accompagné de son acolyte, une femme tout aussi jeune, la directrice générale adjointe de l’entreprise.
Samy Benhamza, 26 ans, créateur et PDG de CAPSolar, montréalais, habite Ahuntsic depuis toujours. Son parcours, sans ambages ni contretemps, l’a directement mené là où il voulait être.
Un parcours tout tracé
Fraîchement diplômé de l’Université Concordia, en ingénierie mécanique, il se lance dans cette aventure audacieuse, mais si évidente à ses yeux. Première étape : un stage en Belgique, à l’Université Libre de Bruxelles, dans le département de recherche ATM (Aéro-thermo-mécanique).
«À l’origine, je m’intéressais davantage aux voitures, se souvient-il. Lorsque j’ai découvert l’énergie solaire, en Belgique, je me suis dit assez vite : “Pourquoi ne pas essayer de mêler les deux ?”»
Son concept, au stade embryonnaire à l’époque, se consolide au cours d’une deuxième étape : un autre stage, effectué en 2019, au sein de l’entreprise Prevost, société de transport collectif.
De l’idée au projet
C’est au cours de cette immersion dans l’industrie que Samy applique son idée.
Il y fait son projet de fin d’études et trouve alors des soutiens de poids : PME Montréal, Futurpreneur et la BDC, auprès desquels il obtient, avec ses deux associés, 210 000 $. «Ensuite, se remémore-t-il, pour recruter des employés, nous avons pu compter sur diverses subventions, celles d’ÉCO Canada, d’Electricity HR et de Venture for Canada.»
Parc Jean-Drapeau
Après plusieurs démarches encourageantes, mais non lucratives, le jeune entrepreneur parvient à décrocher un premier contrat, en juin 2022, avec la Ville de Montréal et la Société du parc Jean-Drapeau. «Le Parc Jean-Drapeau nous a demandé de pallier le manque d’autonomie de ses véhicules de maintenance au moyen de nos panneaux solaires. Nous avons équipé trois de leurs véhicules et avons surveillé leurs performances pendant cinq mois. Le projet a été concluant puisque nous avons augmenté de 12 à 17 % leur autonomie. De plus, la consommation d’énergie a été réduite de 65 % par rapport à sa valeur habituelle.»
Phase de croissance
Le PDG voit grand. Depuis 2023, la petite équipe, qui s’est agrandie, compte désormais 10 salariés, et Samy Benhamza table sur 15 employés supplémentaires «avant la fin de cette année».
«En 2023, nous avons travaillé à un projet avec un industriel automobile japonais sur son site américain, au Texas, raconte-t-il. La technologie mise en place par l’entreprise montréalaise a permis d’améliorer de 40 à 50 % l’autonomie totale du véhicule industriel équipé. Au Texas, l’ensoleillement est tel que l’utilitaire a roulé sans avoir besoin de recharger pendant six mois!»
À l’heure actuelle, CAPSolar négocie avec ce constructeur automobile pour équiper, cette fois, six véhicules supplémentaires et, par la suite, espère équiper les véhicules utilitaires des clients de cet industriel japonais.
2020 et 2021 : 0 $
2022 : 60 000 $
2023 : 90 000 $
Ouverture à l’international
«Nous avons mis en route plusieurs projets, en 2024, car désormais, avec notre ligne de production, nous produirons plus qu’un panneau par jour; nous espérons en concevoir cinq fois plus. Ce qui signifie que nous passerons d’une production de 0,5 MW aujourd’hui à 2,5 MW à la fin 2024.»
«Nous nous sommes rendus [dernièrement] au salon Innovation Zéro pour ouvrir aux acteurs européens nos partenariats financiers, explique Léa Meyer, DG adjointe. Nous nous tournons aussi vers le Moyen-Orient. Nous avons le devoir de développer notre réseau.»
Agilité et qualité
Le secret de la réussite naissante de CAPSolar repose, avant tout, sur la volonté et la vision de son créateur. D’autres facteurs expliquent le parcours sans faute : la procédure qualité mise en place ainsi que l’agilité de l’organisation et des équipes.
Si elle s’adresse à toutes les entreprises désireuses de renforcer l’autonomie de leurs utilitaires mobiles, CAPSolar projette, à plus long terme, d’investir le marché automobile dans son ensemble et, pourquoi pas, celui de la construction?
Lire aussi : «L’installation des panneaux solaires va bon train»
Cet article est tiré du numéro d’été du Journal des voisins (version imprimée) dont le dossier principal est consacré au logement.
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