Des membres du Chemin Neuf de la Résidence Ignace-Bourget (Source: Site Web du Chemin Neuf)

L’organisme Chemin Neuf, qui gère la résidence Ignace-Bourget et administre désormais des églises dans Ahuntsic, se défend d’être une secte, malgré les inquiétudes citoyennes.

Plusieurs citoyens de l’arrondissement nous ont contactés ces dernières semaines, inquiètes au sujet de la communauté du Chemin Neuf. Certains étaient même fort engagés de près ou de loin au sein des institutions religieuses locales et y occupaient quelques postes électifs. Ils dénoncent une dérive sectaire. Aucun n’a voulu s’exprimer publiquement, par crainte de représailles ou pour préserver leur anonymat.

« Je ne suis pas convaincu que c’est une secte religieuse, a expliqué l’un d’entre eux. Je ne suis pas convaincu non plus qu’il n’y a pas de dérive sectaire. Je me demande si la résidence Ignace-Bourget est une véritable résidence étudiante ou un outil de prosélytisme et d’endoctrinement. »

Un autre comprend que la résidence impose une sorte « d’esprit de recueillement » proche de la retraite fermée, mais il n’est pas convaincu du véritable mandat de la résidence. Journaldevoisins.com a publié un article sur le sujet en août dernier.

Un autre de nos lecteurs  dénonce le mode de fonctionnement du Chemin Neuf, et notamment le fait que cette communauté assume désormais la direction de trois paroisses : La Visitation, Saint-Martyrs-Canadiens et Saint-Antoine-Marie-Claret.

« À la suite de cette prise de contrôle, certains membres de la fabrique ont dû démissionner de leur poste après de nombreuses années d’implication, nous écrit un lecteur. C’est très troublant. »

Rappelons qu’en France, l’organisme gouvernemental Milivudes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), qui prévient, informe et coordonne la répression entourant la question des sectes religieuses, a servi un avertissement de prudence au sujet du Chemin Neuf dans son rapport 2018-2020.

Milivudes reçoit quelque 2000 signalements de dérives sectaires par année. Selon l’organisme, une telle dérive se distingue par :

« Un dévoiement de la liberté de pensée, d’opinion ou de religion qui porte atteinte à l’ordre public, aux lois ou aux règlements, aux droits fondamentaux, à la sécurité ou à l’intégrité des personnes. Elle se caractérise par la mise en œuvre, par un groupe organisé ou par un individu isolé, quelle que soit sa nature ou son activité, de pressions ou de techniques ayant pour but de créer, de maintenir ou d’exploiter chez une personne un état de sujétion psychologique ou physique, la privant d’une partie de son libre arbitre, avec des conséquences dommageables pour cette personne, son entourage ou pour la société. »

Toutefois, aucune source contactée dans le cadre de ce texte n’affirme que le Chemin Neuf cadre définitivement avec cette description.

Pas une secte?

À la fin de l’été, Journaldesvoisins.com a interviewé les dirigeants du Chemin Neuf, le père Jean-Hubert Thieffry, qui se décrit comme l’aumônier du mouvement au Canada et responsable de l’unité pastorale du Sault-au-Récollet (qui englobe les trois paroisses mentionnées précédemment), et Mme Hélène Guilbault, qui est responsable, depuis septembre, de la résidence Ignace-Bourget et de la communauté pour le Québec et le Canada.

« Certaines personnes nous accusent de dérive sectaire, reprend M. Thieffry. Je reconnais que ce phénomène existe dans la société, mais ce n’est absolument pas le cas chez nous. Ça ne reflète pas ce que notre réalité. Nous sommes transparents dans la manière de vivre notre cheminement spirituel. »

Début septembre, Mme Guilbault a d’ailleurs fait parvenir une lettre ouverte au Journaldesvoisins.com , qui dresse un portrait rassurant du Chemin Neuf.

« Notre mode de fonctionnement ne suscite aucune méfiance des autorités religieuses; notre collaboration est franche et loyale, explique M. Thieffry, qui déplore l’étiquette de secte religieuse associée à notre article d’août dernier. Nous ne sommes pas une secte et nous n’avons rien à cacher. Les gens peuvent venir nous voir et poser toutes les questions qu’ils veulent sur notre mode de fonctionnement. En fait, nous espérons collaborer pleinement avec toutes les instances et groupes du quartier, dans une relation de confiance. »

Mme Guilbault explique que le Chemin Neuf n’est pas locataire de la résidence Ignace-Bourget.

« C’est un accommodat. On s’occupe de la gestion et on assume les charges. L’Archidiocèse nous a confié la mission d’animer la résidence. »

Les dirigeants du Chemin Neuf affirment que la résidence est déficitaire, et qu’ils doivent joindre les deux bouts en organisant des événements. Les critiques ne sont pas convaincus que la résidence est déficitaire, notamment parce que la propriété jouit d’avantages fiscaux.

« À la résidence, nous accueillons des étudiants étrangers qui veulent poursuivre leurs études à Montréal, mais pas tout seuls, poursuit M. Thieffry. Nos résidents veulent vivre avec d’autres, apprendre à connaître leurs cultures. Une dizaine de nationalités s’y côtoient. On les accompagne avec leurs questionnements spirituels. Il y a une ouverture à l’autre, car nous hébergeons des catholiques, des protestants, des agnostiques et même un musulman. »

Interrogé sur la « prise de contrôle » des trois paroisses, les dirigeants du Chemin Neuf répondent qu’ils ont été sollicités par l’Archidiocèse de Montréal, comme d’autres institutions religieuses de l’arrondissement, qui constatait qu’il ne restait plus que deux responsables paroissiaux, alors que la loi oblige que six marguilliers soient présents pour animer le conseil de fabrique.

Des citoyens dénoncent le fait que certains des nouveaux marguilliers n’habitent pas dans la paroisse. Journaldesvoisins.com a vérifié et l’Église catholique permet cette situation s’il est impossible de recruter des marguilliers dans la communauté. En fin de compte, l’Archidiocèse a confié la responsabilité paroissiale au Chemin Neuf :

« Nous ne l’avons pas cherché, on a simplement répondu à une demande qui nous a été faite, car les marguilliers quittaient les uns après les autres », explique M. Thieffry.

À propos des soupçons de « démission forcée », ce dernier répond que l’arrivée des nouveaux marguilliers a précipité de nouveaux modes de fonctionnement :

« Ceux qui étaient là semblaient moins à l’aise de travailler en équipe, défend M. Thieffry. Ils n’ont pas été contraints à quitter leurs fonctions. Ils étaient compétents et dévoués et nous trouvons dommage qu’ils soient partis. Ceux qui critiquent la situation ne sont pas impliqués de manière organique dans la paroisse », poursuit-il.

 



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