Le journal La Presse rapportait récemment le cri du cœur de nombreux comités de parents qui s’inquiètent de la surexposition des élèves aux écrans en classe. Un enseignant dénonçait même le fait que certains élèves voient trois films le vendredi et que certains avaient regardé «Les Boys en éducation physique au lieu de bouger»!
On s’étonne de ces pratiques, alors qu’on ne compte pourtant plus les études qui nous mettent en garde à propos des dangers des écrans sur le développement intellectuel et émotionnel des enfants.
Dans La fabrique du crétin digital (Éditions du Seuil, 2019), Michel Desmurget, docteur en neurosciences, avait réussi à faire une synthèse convaincante de ces études. Dans Faites-les lire!, son nouvel essai qui vient de paraître au Seuil, il offre aux parents un antidote aux écrans: le livre. Sa démonstration, étayée par de nombreuses données, est convaincante.
Le chercheur ne tarit pas d’éloges pour ce qu’il appelle «la lecture pour le plaisir» faite en dehors de l’école. Il s’inquiète de «l’assèchement» du nombre d’heures consacrées à la lecture au profit des écrans dans les quarante dernières années.
Cette diminution a des effets graves sur la formation scolaire des élèves: ceux qui lisent moins dans leurs temps libres ont de moins bons résultats scolaires et moins de chances de décrocher un diplôme universitaire.
Pouvoir de la lecture
M. Desmurget estime aussi qu’il n’y a pas mieux que le livre pour former des citoyens libres et éclairés. Il s’inquiète de constater que le livre est de plus en plus réservé à une élite: notre société commence ainsi à ressembler à celle du Meilleur des mondes (le roman d’Aldous Huxley) où les Alpha détiennent le pouvoir et les outils de la connaissance, et où les Gamma sont des exécutants serviles, de simples rouages de l’économie de marché, abreuvés aux écrans et aux divertissements.
Michel Desmurget destine son ouvrage aux parents pour leur montrer les grands avantages de la lecture à la maison. Le nombre d’heures que l’enfant consacre à la lecture à l’école est en effet insuffisant pour permettre à celui-ci de devenir un lecteur compétent.
Au contraire de ce qu’on peut penser, lire n’est pas naturel et cela s’acquiert comme on apprend à patiner et à jouer du violon.
Le chercheur encourage donc les parents à prendre un bon vieux livre format papier (la lecture sur écran génère plus de distractions) et à lire à haute voix à leurs enfants. Il les exhorte de continuer à le faire même lorsque ceux-ci, au sortir de la première année du primaire, savent décoder les mots, car décoder ne veut pas dire comprendre: le parent joue un rôle essentiel pour expliquer le sens des mots, pour synthétiser de l’information et pour interroger l’enfant sur sa compréhension.
Les avantages pour l’enfant seront considérables: «Depuis l’émergence du langage, estime Michel Desmurget, l’humanité n’a rien inventé de mieux que la lecture pour structurer la pensée, organiser le développement du cerveau et civiliser notre rapport au monde; le livre construit littéralement l’enfant dans sa triple composante intellectuelle, émotionnelle et sociale.»
On ne saurait mieux dire!
NDLR: si vous voulez vous procurer des livres gratuits, pensez à faire le tour des croque-livres du quartier!
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