Voiture de police des enquêtes en collisions. (Photo : Philippe Rachiele, archives JDV)

Une citoyenne d’Ahuntsic qui a été récemment frappée par un VUS incite toute personne impliquée dans un accident de la circulation à le déclarer sur le champ à la police, peu importe le niveau de gravité. Elle a relaté les faits au Journaldesvoisins.com (JDV).

Vendredi 20 janvier, 17 h 45, angle Saint-Hubert et Henri-Bourassa, Juliette (ce n’est pas son vrai prénom car elle désire garder l’anonymat) veut traverser l’intersection du côté ouest. Elle réalise, après plusieurs tentatives, que le bouton d’appel du feu piéton ne fonctionne pas. Après plusieurs cycles, elle finit par traverser au feu vert. Elle se fait frapper par un véhicule utilitaire sport (VUS) qui effectue un virage.

Du milieu de la chaussée, elle est projetée au sol, à plat ventre, jusqu’au terre-plein. Le conducteur ne l’a pas vue, car il suivait un autre véhicule. Sous le choc, il immobilise son VUS et porte secours à la piétonne, qui se relève rapidement, de peur que d’autres véhicules lui passent sur le corps. Une chauffeuse d’autobus est témoin de la scène.

Sur le coup, elle n’a mal qu’au pouce et au coude. Elle décide de ne pas convoquer ou attendre les policiers. Le chauffeur, un jeune homme très courtois, la reconduit chez elle et lui laisse ses coordonnées. Quelques jours plus tard, elle téléphone au poste 27, où une policière lui suggère de venir en personne raconter son histoire. Ce qu’elle décline à ce moment-là.

Avant-hier, le 1er février, la policière la rappelle et se déplace à son domicile pour rédiger son rapport. Entretemps, Juliette souffre de courbatures et devra subir des traitements de physiothérapie. Mais comme elle a contacté la police plus de 48 heures après les faits, elle craint que la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) refuse de l’indemniser.

Vérification faite auprès de la SAAQ, il n’est pas nécessaire d’avoir un rapport d’événement policier au moment de faire une demande d’indemnisation. Une preuve de rendez-vous médical, de transport en ambulance ou un constat à l’amiable, par exemple, serait suffisant.

Par ailleurs, une personne a jusqu’à trois ans après un accident pour faire sa demande, car, souvent, les problèmes médicaux surviennent des jours, des semaines et même des mois après l’événement. Un rapport de police peut aussi être acheminé à la SAAQ plusieurs jours ou semaines après l’accident.

Ne pas déranger

« Sur le coup, avec l’adrénaline, on se dit qu’on n’est pas blessé gravement et qu’on ne veut pas monopoliser les policiers, pour qu’ils se concentrent sur des urgences plus graves, affirme Juliette. C’est une erreur. Il faut que les policiers fassent leur rapport, peu importe la gravité, pour que les statistiques soient à jour et représentatives de la réalité. »

Un chauffeur de taxi lui a d’ailleurs confié, trois jours après l’événement, que son beau-père aurait été frappé au même endroit. Et qu’il a souffert de problèmes neurologiques graves des mois plus tard.

Le conducteur impliqué dans l’accident a aussi volontairement contacté la policière, qui a également parlé à Nathalie Goulet, la conseillère du district d’Ahuntsic. Car Juliette a contacté l’élue quelques heures après l’accident. Les deux femmes se sont parlé à la fin janvier.

Jointe par le JDV, Mme Goulet a confirmé avoir demandé à la Ville de Montréal (l’arrondissement n’est pas responsable des feux de circulation) de vérifier le bouton d’appel de cette intersection. Elle nous a déclaré que ce problème n’avait jamais été signalé avant l’accident du 20 janvier. 

D’autre part, cette intersection fait partie du plan de l’administration Plante pour sécuriser 250 intersections montréalaises jugées dangereuses. Mme Goulet n’était toutefois pas au courant des mesures envisagées ou d’une échéance concernant celle-là.

Des statistiques fiables

Juliette se préoccupe de la validité des statistiques policières. « Si plusieurs des personnes impliquées dans des accidents moins graves, comme moi, ne déclarent rien aux policiers, ça pourrait affecter les chiffres », dit-elle. Ce genre de statistique est importante, car elle influence les décideurs quand vient le temps d’implanter des mesures d’apaisement de la circulation.

« Les statistiques d’accidents de la circulation impliquant des blessés ou des décès tiennent la route, même s’il ne faut pas les considérer comme parfaites, commente Rémi Boivin, professeur à l’École de criminologie de l’Université de Montréal. Plusieurs intervenants sont impliqués dans les accidents avec dommages corporels, comme la SAAQ ou les assureurs privés. Je ne crois pas qu’il y ait de gros écarts entre les chiffres et la réalité. »

Au cours des trois premiers trimestres de 2021 et 2022 (de janvier à septembre), les postes de police de quartier (PDQ) 10 et 27, qui couvrent le territoire d’Ahuntsic-Cartierville, ont enregistré 1 décès, 5 blessés graves et 58 blessés légers liés à des accidents de la circulation.

Le professeur Boivin reconnaît toutefois que même s’il y a peu d’accidents dans la réalité, il demeure des endroits peu sécuritaires sur le territoire, où les citoyens peuvent entretenir un sentiment d’insécurité. « Évidemment, la police dépend des signalements du public », ajoute-t-il.



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Rigot Michelle
Rigot Michelle
1 Année

Sage conseil de Juliette. Tellement pertinent. Bravo.

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