Depuis le 16 octobre dernier, les commerçants subissant les contrecoups des travaux sur le boulevard Henri-Bourassa peuvent bénéficier de deux programmes d’aide financière pour pallier le manque à gagner.
Grâce à une ordonnance prise au comité exécutif de la Ville, le 16 octobre 2024, les commerçants du secteur «REV/SRB [Réseau express vélo/Service rapide par bus] Henri-Bourassa» ont accès à deux programmes d’aide financière. Il s’agit d’amortir la perte d’achalandage occasionnée par les travaux en cours. Il en va de même pour ceux de la rue De Salaberry, dont le commerce est situé entre les rues Pasteur et De St-Réal, qui ont, eux aussi, droit à ces aides pour les mêmes raisons.
Les deux programmes
Aussi, la première aide consiste en une subvention forfaitaire de 5000$ unique qui ne peut être versée que dès le début du chantier.
Pour obtenir cette aide, «les commerçants n’ont pas besoin de faire la preuve de la perte de bénéfice et la date butoir pour effectuer la demande est le 30 novembre 2025», assure Carlos Costa, commissaire adjoint au développement économique de la Ville de Montréal.
Par ailleurs, le second programme prévoit une aide financière non remboursable pouvant atteindre jusqu’à 40 000$ par exercice financier soumise à plusieurs exigences :
- la démonstration d’une diminution de plus de 5 % du bénéfice brut; «la moyenne des revenus bruts réalisés entre 2022 et 2023 est comparée avec celle de 2024 et 2025», précise le commissaire;
- une activité de vente au détail, de location de produits ou de prestation de services aux consommateurs;
- la date butoir fixée pour la demande est le 30 novembre 2027.
Pas de remboursement requis
Contrairement à ce que pensent certains commerçants du boulevard Henri-Bourassa, dont l’activité pâtit des travaux -débutés le 1er juin dernier et qui s’achèveront le 31 mai 2025-, cette dernière aide n’est pas remboursable. «Il s’agit bien d’une subvention et non d’un prêt comme pendant la période de la COVID», rassure Carlos Costa.
Pourtant, c’est ce dernier point qui a fait reculer, jusqu’à présent, Luis Fernando Salan, le propriétaire de l’Œuforie Matinale. Son activité a démarré en 2020, mais il a souhaité ne bénéficier que de la première aide. Il était convaincu que la seconde était soumise à remboursement.
COVID puis travaux : une addition lourde!
«Nous avons ouvert juste avant la COVID pour, finalement, fermer six semaines après à cause du confinement. [Pour surmonter cette crise], nous avons tout misé sur la vente à emporter et le prêt-à-manger.»
Au moment de l’achat, le restaurateur n’avait pas connaissance des travaux à venir sur cette portion du boulevard Henri-Bourassa.
Luis Fernando Salan connaît bien le secteur. Il a repris l’affaire, car il avait travaillé pendant une dizaine d’années en tant que cuisinier à l’Œuforie matinale avant que l’établissement ne fasse faillite.
Démarrage encourageant
Dans un premier temps, le restaurateur a effectué les rénovations nécessaires juste avant de démarrer son activité. En 2021, après avoir obtenu des aides mensuelles rétroactives à cause de la COVID, en octobre, novembre et décembre, il demeure confiant. En 2023, son restaurant réalise même un chiffre d’affaires plus qu’intéressant, puisque ce dernier s’établit à 600 000 $. Et puis patatras! Il est informé des travaux à venir.
«Nous avons reçu des [dépliants] et certains commerçants et des voisins ont répondu à un sondage. Nous n’avions pas le choix d’accepter cette décision, mais le fait de retirer les places de stationnement devant notre restaurant a vraiment été un mauvais coup pour nous», déplore-t-il tout en acceptant son sort.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, en juin dernier, les travaux ont commencé juste à hauteur de son restaurant au coin de la rue Tanguay et du boulevard Henri-Bourassa.
Baisse de son chiffre d’affaires
«Heureusement que je peux m’appuyer sur des clients fidèles qui sont prêts à laisser leur voiture beaucoup plus loin pour venir à pied. Les habitués sont solidaires. Nous nous aidons mutuellement. L’un de mes clients est venu organiser une soirée de collecte de fonds ici.»
En dépit de cette solidarité provenant du voisinage et des habitués, Luis indique que son chiffre d’affaires a baissé en moyenne de 20 à 25 % depuis juin. Et puis, ses habitués continueront-ils à venir à pied en hiver pour manger ses déjeuners constitués de «patates, œufs frits et bacon»? Le quadragénaire l’espère, même si le doute le saisit de temps à autre.
Fini l’achat de produits locaux!
«Avant les travaux, nos ventes mensuelles atteignaient environ 50 000 $ avant taxe par mois; depuis juin 2024, le chiffre d’affaires peine à atteindre 40 000 $», déclare-t-il.
Depuis, le restaurateur fait ses achats chez Costco pour économiser. Avant, il s’approvisionnait auprès des producteurs locaux. De plus, il a été «contraint de licencier deux de ses employés à temps plein».
C’est la raison pour laquelle la Ville invite les commerçants d’Henri-Bourassa et ceux de la rue De Salaberry à s’inscrire dans cette démarche de subventions. Il est encore temps! Les demandes seront acceptées jusqu’à l’épuisement des fonds disponibles : soit 4,5 M$ pour l’ensemble des secteurs de la ville s’agissant de l’enveloppe forfaitaire de 5000$; et une autre enveloppe de 21,7 M$ à distribuer, au total, pour la seconde subvention pouvant s’élever jusqu’à 40 000$ annuellement pour chaque commerce admissible.
«Notre objectif est de toucher un maximum de commerçants, ceux qui ont besoin de ces aides dans les 19 arrondissements de Montréal, informe Carlos Costa. [Néanmoins], comme il s’agit d’argent public, on ne peut pas ouvrir grand le robinet [sans contrôle ni limites].»
Plus d’informations
– Lire le Guide de demande de subvention.
– Consulter le formulaire de demande pour la subvention pouvant aller jusqu’à 40 000$ annuellement.
– Consulter le formulaire de demande pour la subvention forfaitaire unique d’un montant de 5000$.
Article rédigé avec Clarence Robitaille-Meloche, journaliste stagiaire.
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