Alors que le déconfinement est sur toutes les lèvres, les députées de l’Assemblée nationale dans le nord de Montréal lancent un vibrant appel à la solidarité des Québécois afin qu’ils s’engagent dans le réseau de la santé, dont les équipes sont à bout de souffle après un mois et demi de lutte à la COVID-19.
La députée de Maurice-Richard, Marie Montpetit, qui voit plusieurs CHSLD de sa circonscription en sérieuses difficultés, souhaite de tout cœur que des gens d’Ahuntsic et Montréal-Nord participent en ces temps difficiles, alors que les établissements manquent de bras.
La maladie à coronavirus attaque et hante résidants et employés; un bon nombre de travailleurs et travailleuses sont épuisés et certains découragés face à l’ennemi invisible.
Mais ceux et celles qui résident dans les «milieux de vie» ont toujours besoin de soins, d’aide pour s’alimenter ou boire, ou encore prendre une simple marche dans le corridor.
Vendredi, le premier ministre François Legault avait lancé un appel à tous, en invitant cette fois des volontaires, même sans qualifications, à s’inscrire sur le site jecontribue.ca.
Dans la même veine, Marie Montpetit, aussi souhaite que bon nombre de résidants d’ici répondent afin de participer au combat. Et dans la partie nord-ouest de Montréal, la députée de la circonscription voisine (à l’ouest du boulevard St-Laurent), Christine St-Pierre fait de même en insistant ces derniers jours sur l’aide qu’attend la Congrégation des Sœurs de Sainte-Croix.
CHSLD débordés
Deux CHSLD situés dans la circonscription autrefois appelée Crémazie, et presque côte à côte, sont durement touchés par les attaques de la COVID-19. En ce week-end (25-26 avril), Laurendeau a tristement repris la tête de l’établissement le plus touché au Québec (tous types d’établissements confondus).
Quelque 177 cas, représentant 59% pour cent des 300 lits du centre. Mais la hausse est de quelques cas seulement comparativement à jeudi.
À Berthiaume-Du Tremblay, on est passé de 58 à 72 en quelques jours et maintenant le tiers des patients sont touchés. Il y a aussi une vingtaine de décès, que l’on suspecte ou lié à la COVID-19.
C’est là que la députée Marie Montpetit a passé une bonne partie de la semaine, où le nombre de cas a doublé en une semaine.
« Je vais prêter main-forte aux équipes d’infirmières et préposés en place, nourrir les résidants, les hydrater, aider le personnel dans le tout le travail qu’il y a à faire », a précisé Mme Montpetit, bien protégée, et qui ne tarit pas d’éloges à l’endroit de ceux et celles qui travaillent sur les étages.
La députée reconnait que c’est un «choc» quand on se pointe pour faire ce travail une première fois, comme l’a souligné son collègue député Enrico Ciccone, pourtant reconnu pour avoir été «un dur à cuire» quand il jouait avec le Canadien de Montréal.
« Oui, affirme Mme Montpetit, mais c’est un travail extrêmement gratifiant, avoir le privilège de nourrir les ainés; faut avoir une bienveillance hors du commun, agir avec douceur…Faut aussi avoir une grande patience pour aider, laver, nourrir les résidants, dont plusieurs ont plus de 90 ans, et qui sont peut-être dans les derniers mois de leur vie. Mais c’est une relation privilégiée, de côtoyer ces résidants », nous dira celle qui a été adjointe du ministre de la Santé et des services sociaux, Gaétan Barrette, dans le gouvernement précédent.
La députée, réélue en octobre 2018, a affirmé avoir multiplié les interventions auprès du cabinet de la ministre de la Santé pour s’assurer que le matériel de protection pour les employés arrive à destination.
Interrogée la journée où on soulignait le Jour de la Terre, Mme Montpetit, a reconnu que la crise que l’on vit nous fera réfléchir pour des changements dans l’avenir.
« L’environnement, c’est sûr, va en faire partie, c’est une belle occasion pour discuter du climat, des énergies renouvelables, du télétravail… », a estimé la députée qui est aussi porte-parole de l’Opposition officielle en Environnement et Développement durable.
St-Pierre et Sœurs de Sainte-Croix
Un peu à l’ouest d’Ahuntsic-Cartierville, la Congrégation des Sœurs de Sainte-Croix a aussi un besoin urgent de personnel (une dizaine de préposés et une dizaine d’infirmières pour des quarts de travail de soir et de nuit) alors que dans leurs résidences, la moyenne d’âge des 120 religieuses à la retraite est de 90 ans.
Il y a présentement une dizaine de cas à la COVID, a confirmé Sœur Claire Lanthier à journaldesvoisins.com.
Mais sept membres de la congrégation, située sur Côte-Vertu, un peu à l’ouest de l’autoroute 15, sont décédées, dont certaines présumément à cause de la COVID-19.
Autre problème, le manque de trousses de dépistage alors que, selon Sœur Lanthier, une ex-enseignante maintenant animatrice, il faudrait tester toutes les sœurs.
« Il faudrait aussi faire plus de dépistage. Trente tests, c’est insuffisant. On devait avoir d’autres trousses du CIUSSS (NIM) samedi mais on ne les pas eues. Il faut maintenant passer par le politique, nos députées. Nous avons même dû appeler au bureau de Mélanie Joly (députée fédérale d’Ahuntsic-Cartierville) pour pouvoir en recevoir », a relaté sœur Lanthier.
La députée d’Acadie, Christine St-Pierre, est intervenue aussi pour obtenir de l’aide. Encore ce week-end, elle pressait le gouvernement québécois de faire montre de flexibilité afin que des étudiants soient envoyés au front rapidement, notamment pour les Sœurs de Sainte-Croix.
« Nous avons dans ce secteur deux cégeps (Vanier et St-Laurent) qui offrent le programme de techniques infirmières. J’ai demandé à ce que des étudiantes soient déployées. L’un des directeurs m’a dit, très malheureux, que le ministère refusait de les envoyer sur le terrain tant qu’elles n’avaient pas terminé leur session. J’ai demandé à ce qu’elles soient envoyées pendant le week-end. Ça nous est interdit, m’a-t-il répondu! SVP Québec, revenez sur cette décision », a insisté l’ex-journaliste de Radio-Canada qui est aussi intervenue au CHSLD Notre-Dame-de-la-Merci pour offrir des tablettes Ipad afin que les résidants puissent communiquer avec leurs proches.
Mais toute porte à croire que les renforts étudiants et autres s’en viennent, si l’on se fie à l’infolettre envoyée vendredi par Frédéric Abergel, le président-directeur général du CIUSSS du NIM.
« (…) 290 personnes arrivent ces jours-ci pour prêter main-forte aux équipes du réseau. Ces personnes, a dit M. Abergel, proviennent de l’extérieur du réseau de la santé et des services sociaux. Elles ont été embauchées grâce à la liste « Je Contribue » et vont entrer en action. En outre, nous poursuivons nos démarches auprès du réseau de l’éducation : 115 personnes ont déjà été présélectionnées. Il s’agit d’enseignants en soins infirmiers, d’étudiants en médecine, de stagiaires. Nous mettons tout en œuvre pour mener ces ententes à terme au plus pressant, afin que ces personnes puissent également vous rejoindre sur le terrain », a-t-il soutenu.
Plusieurs citoyens ont offert leur aide, mais la Congrégation a besoin de personnes avec expérience. Plusieurs employés (il y en a un plus de 100), sont en confinement pour 14 jours ou malades.
La Congrégation des Sœurs de Sainte-Croix est présente dans Saint-Laurent depuis le milieu du 19e siècle. Plusieurs des Sœurs ont épaulé les défavorisés dans plusieurs pays notamment au Bangladesh, en Haïti et au Mali. Aujourd’hui, ce sont elles qui lancent un appel à l’aide…
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