Des ouvriers travaillaient sur la cheminée du Tropic-Léo il y a plusieurs mois (Photo: jdv P. Rachiele)

Une intervention du Service de l’environnement de la Ville de Montréal est en cours pour amener une épicerie spécialisée en cuisson de poulet sur charbon de bois, sur Fleury ouest, à se conformer aux exigences relativement aux émanations.

Les démarches d’une résidante de la rue Verville, habitant tout près du commerce en question, pourraient finalement aboutir après une lutte de plusieurs années.

Outre des plaintes et le lancement d’une pétition, Diane Thibaudeau avait même transporté son dossier sur la place publique, en intervenant à maintes reprises au sein même du conseil de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville.

À la dernière séance, au début d’avril, la mairesse Émilie Thuillier s’était engagée à pondre «un plan de match» pour tenter de résoudre le problème des émanations, pouvant être décelées aussi loin que sur la rue Port-Royal, plus au sud.

Après une étude et l’envoi d’un avis de «non-conformité», l’établissement  de spécialités africaines se devait de présenter un dossier et surtout un plan concret pour continuer ses opérations de grillades.

« Marché Tropic-Leo devait fournir un plan d’action afin de se conformer aux normes, au plus tard le 26 janvier 2018. Il n’était pas exigé qu’il soit conforme à cette date. Le Service de l’environnement de la Ville a reçu le plan d’action dans les délais »,  a confirmé Gabrielle Fontaine-Giroux, relationniste de la Ville de Montréal, à journaldesvoisins.com.

Mais, a-t-on appris du même souffle, le commerce du quartier Ahuntsic Ouest a fait une seconde proposition d’épurateur, lequel serait «possiblement» plus efficace.

« Cette deuxième proposition a été analysée et la Ville est en communication avec le commerce pour clarifier certains éléments du système et s’assurer de l’efficacité de ce second épurateur », a fait savoir la porte-parole de la municipalité.

Mme Thibaudeau voit de la lumière au bout du tunnel, mais ne crie pas victoire tout de suite.

« Ils (NDLR : les responsables de l’Environnement) n’ont plus le choix maintenant, c’est connu», a ainsi réagi celle qui est souvent seule dans la lutte. « Ils devront faire respecter leurs propres règlements et mises en demeure, ce qui n’a pas été fait par le passé », a-t-elle rappelé, refusant de pavoiser maintenant.

C’est que souvent, les délais sont longs, ce qui incite à la prudence.

Longue saga

À la suite de pressions politiques, dont le dépôt d’une pétition d’une cinquantaine de nom de résidants du secteur, une enquête avait finalement été menée par le Service de l’environnement de Montréal.

Émilie Thuillier, alors conseillère du district Ahuntsic, avait même abordé le dossier avec le responsable montréalais en Environnement  (Réal Ménard sous l’administration de l’ex-maire Denis Coderre, et maintenant Jean-François Parenteau). Une équipe d’experts en environnement avait été dépêchée sur les lieux pour prélever des échantillons des particules sortant de la cheminée de l’épicerie.

Un rapport de 141 pages, essentiellement technique, a été produit l’an dernier par une ingénieure de la division du contrôle des rejets industriels du Service de l’environnement, à l’intention du commerce, dont la  copropriétaire Belo Mabe.

En date du 30 novembre 2017, un avis de «non-conformité» lui a été envoyé à la suite des résultats d’échantillonnage des prélèvements faits entre les 14 et 25 août derniers.

L’une des conclusions du rapport l’invitait à se soumettre d’ici le 26 janvier 2018 à une modification de son système d’épuration afin qu’il soit efficace et conforme aux règlements de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).

Le nombre d’unités d’odeur maximal calculé après dispersion, variait de 1 à 44 unités d’odeur, soit dit l’ingénieure en intervention, bien au-delà de la norme de une (1) unité d’odeur.

Des poursuites sont prévues si le marché ne corrige pas son système.

Toutefois, la missive indique que pour les particules aéroportées, la norme de 40 microgrammes par mètre cube a été respectée lors des deux semaines de tests,  ainsi que la norme relative aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).

Déception malgré le rapport

La résidante du secteur à l’origine de la pétition, Diane Thibaudeau, avait toutefois déploré le fait que les prélèvements d’août dernier ont surtout été effectués en début ou milieu d’après-midi alors que l’affluence pour les commandes sur grill sont plus importantes à l’heure du souper, notamment les vendredi et samedi, après 16 heures.

« C’est comme si on faisait une étude portant sur les liens obésité et diabète et qu’en partant, on éliminait 20% des gens en surpoids. Ça vaut zéro » a soutenu Mme Thibaudeau lors de sa dernière intervention au conseil d’arrondissement.

Mais il y a plus encore. Le rapport ne mentionne nulle part le nombre de poulets sur le grill lors des tests, ce qui est l’élément fondamental de cet échantillonnage.

En réaction, Émilie Thuillier a promis d’assurer un suivi.

« On a déjà fait un premier pas, on a forcé le service de l’Environnement à se doter d’équipement qu’il n’avait pas concernant les échantillons. Nous allons maintenant regarder les conclusions du rapport puis dévoiler un plan de match », a-t-elle promis devant le conseil d’arrondissement.

Visite du commerce

Une visite dans le petit commerce nous a permis de constater qu’après 16 heures, il y a affluence.

On voit une fumée blanche sortir du haut tube d’évacuation du commerce, dépassant de plusieurs mètres le toit de l’édifice.

La copropriétaitre Belo Mabe a invité le journaliste à constater les «faits» à l’extérieur de l’immeuble.

« Est-ce que tu vois un problème ici? Tout est conforme, les gens de la ville sont venus l’an passé. Ils ont transféré des données dans une université et un rapport a été fait », a-t-elle insisté alors que les clients se pressaient dans son commerce pour prendre leur livraison.

En mai 2016, l’inspecteur de la Ville qui s’était pointé au commerce avait déploré ne pas avoir eu toute l’assistance nécessaire pour faire son travail. Et l’an dernier, il a fallu installer une échelle fixe pour monter sur le toit du Tropic-Leo en toute sécurité.

Interrogée par journaldesvoisins.com, Émilie Thuillier, qui a transporté le dossier au plus haut niveau depuis le début, a dit comprendre les récriminations de Mme Thibodeau.

« Je sais que ce n’est pas évident. Nous n’avons pas tous les moyens de vérifier, en termes de conformité. Il y a du travail à faire concernant l’échantillonnage, entre autres. Mais des démarches ont été entreprises et un rapport a été produit par notre Service de l’environnement.  Il y aussi des problèmes aux endroits où par exemple on produit des bagels », a déclaré la mairesse de l’arrondissement.

Un article récent du média Montreal Gazette faisait état de fortes odeurs dans le secteur de la rue Fairmount, dans le Mile-End, où la production de bagels ne fait pas les délices de tout le monde.

Un autre commerce de la rue Fleury, mais sur la Promenade, le GrillNgo, au-dessus de la salle de quilles près de l’avenue Papineau, a aussi eu à faire face à des résidants mécontents des rues Garnier et Fabre.

Plusieurs sont aussi intervenus lors de la dernière séance du conseil de l’arrondissement en 2017 pour dénoncer non seulement les odeurs, mais aussi le bruit et le va-et-vient tard le soir et même la nuit.

Le proprio s’est doté d’un mécanisme plus performant avec des filtres «puissants».

Le conseiller du district Sault-au-Récollet, Jérôme Normand, suit aussi ce dossier du côté de Fleury est.

 



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