Bordeaux, Tanguay, Terrain école
Terrain acheté par le promoteur immobilier Musto dans l’axe du dôme de Bordeaux-Cartierville (Photo: archives jdv)
prison
La prison de Bordeaux (Photo: Mélanie Meloche-Holubowski)

La célèbre prison de Bordeaux, située au nord de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, en a plein les bras avec bon nombre de ses détenus qui n’hésitent pas à «défier l’autorité»; en conséquence, les prisonniers, comme on les appelait autrefois, se retrouvent ainsi au «trou», pour des périodes allant d’un jour à un mois.

Selon Alexandra Paré, chef d’équipe au Service des relations de presse du ministère de la Sécurité publique, en général, au Québec, la tendance est pourtant à la baisse pour la réclusion.

Mais Bordeaux, officiellement appelée l’Établissement de détention de Montréal, est en première place pour la mise en confinement:  2911 pour l’année financière 2015-2016, alors qu’il y en avait près de deux fois moins trois ans plus tôt.

Avant qu’un détenu turbulent ne soit expédié au «trou», un comité de discipline  se penche sur son dossier.

Selon les données obtenues par le quotidien La Presse via la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics, la sanction disciplinaire a été imposée à 6789 reprises en 2015-2016 dans les quatre centres de détention de Montréal et Laval.

Il s’agit d’une hausse de 21 % en un an, mais c’est Bordeaux qui enregistre les hausses les plus spectaculaires.

Mme Paré nous a d’abord expliqué que la réclusion visant un détenu est une sanction parmi d’autres, à l’intérieur d’un établissement.

«Plusieurs facteurs peuvent expliquer la hausse du nombre de sanctions disciplinaires, dont la mise en confinement, d’expliquer la porte-parole du ministère. De manière générale, le nombre de personnes incarcérées, la proportion de personnes prévenues, présentant des problématiques multiples (impulsivité, problèmes de santé mentale, toxicomanie, affiliation au crime organisé, manquements disciplinaires répétés, etc.) ou purgeant leur peine d’incarcération de façon intermittente sont parmi les facteurs qui influent sur le nombre de manquements disciplinaires », a-t-elle ajouté.

Cigarettes interdites

Les médias en avaient parlé il y a quelques années, des détenus fumeurs ont très mal pris la nouvelle politique d’interdiction de fumer dans les lieux de détention. Il s’en était suivi une hausse importante touchant la discipline. Et ça continue.

«L’implantation graduelle de l’interdiction de fumer dans les établissements de détention entre juin 2013 et avril 2014, a poursuivi Mme Paré, semble également avoir entraîné une augmentation des manquements constatés et des sanctions disciplinaires imposées, particulièrement dans les mois suivant l’entrée en vigueur. Bien qu’une certaine tolérance ait été exercée en période transitoire, l’interdiction de possession de tabac et d’article de fumeur a occasionné une augmentation du nombre d’objets non autorisés en détention».

D’ailleurs, encore récemment (et régulièrement), des produits du tabac ont été saisis par des gardiens sur le terrain de la vieille institution centenaire du nord de Montréal, expédiés depuis l’extérieur de l’enceinte, notamment par drones.

Bordeaux-gros mandat

Autre fait à noter, Bordeaux accueille en son sein environ 40% des détenus du Québec (plus gros au Québec) et a un mandat particulier comme plus important centre de détention.

«Il a une vocation suprarégionale, a insisté Mme Paré, appelé à soutenir les autres établissements de détention aux alentours en accueillant des personnes incarcérées présentant notamment des besoins particuliers en matière sécuritaire, comportementale ou de soins de santé physique ou mentale », a-t-elle ajouté.

Le détenu en isolement se retrouve avec aucun effet qui lui est propre et ce, pendant presque 24 heures.

L’unité spéciale abrite un simple lit et une toilette. Le détenu n’a pas droit à des repas chauds et une caméra épie ses gestes.

Avenir de Bordeaux

Plusieurs s’interrogent sur l’avenir de la vieille institution depuis la fermeture surprise de la prison pour femmes Tanguay située à un jet de pierre (les analyses sont toujours en cours au sujet de l’avenir de ce bâtiment).

Il faut dire que l’Établissement de détention de Montréal est fort bien localisé, sur un immense territoire qui a une importante valeur foncière. Et l’ensemble a une architecture particulière.

Au sud, un promoteur immobilier doit construire des centaines d’unités de logement, mais présentement, le territoire privé est désert (après que les bâtiments du ministère des transportent eurent été rasés) en attendant le signal des autorités de l’arrondissement pour aller de l’avant avec le projet.

Mais il n’est pas question de toucher à Bordeaux, qui a aussi été rendue célèbre entre autres par la pendaison de Wilbert Coffin en 1956, un prospecteur gaspésien reconnu coupable d’avoir tué des touristes américains dans les années 1950 (certains ont avancé que le premier ministre Duplessis avait ordonné à sa police de dénicher coûte que coûte un coupable), et l’évasion «spectaculaire» de Lucien Rivard, un gangster vedette (mort il y a quelques années dans son condo de Laval), qui avait pu, grâce à la complicité de gardiens corrompus, pendre la poudre d’escampette.

«L’établissement joue un rôle majeur au sein du réseau correctionnel québécois, a dit la porte-parole, en raison de sa situation géographique, de sa grande capacité et de sa vocation suprarégionale. Des travaux de réfection et d’aménagement ont eu lieu au cours de la dernière décennie, comme la rénovation de l’aile A, et le ministère préconise de poursuivre les travaux de rénovation globale », a-t-elle conclu.

 

 

 



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