Bruant à couronne blanche adulte (Photo : Jean Poitras)

Notre chroniqueur ornithologue nous présente le Bruant à couronne blanche (White-crowned Sparrow – Zonotrichia leucophrys).

Lors des migrations printanières et automnales, il arrive parfois de croiser ce gros bruant dont les rayures blanches et noires de la tête attirent immédiatement les regards. Voici le Bruant à couronne blanche.

C’est la tête qui fait la caractéristique principale de cet oiseau. Ainsi, une large bande blanche, la couronne, trône sur le dessus du crâne, suivie de part et d’autre par deux bandes noires, deux bandes blanches et deux autres bandes noires, plus petites que les premières.

Un fort bec rosé, des joues grises, et une gorge blanchâtre complètent cette tête.

La poitrine et le ventre sont uniformément gris avec une touche de brun sur les flancs. Le dos présente des rayures brunes sur fond grisâtre et les ailes brunes sont accentuées de deux bandes alaires blanches. La queue quant à elle est d’un brun grisâtre, et les pattes sont rosées, mais en plus foncé que le bec.

Mâles et femelles sont du même coloris. Les juvéniles, par contre, ont sur la tête des bandes grises à la place des blanches, et brunes à la place des noires. Ils ont aussi les joues brunes plutôt que grises.

Ce bruant mesure environ 18 cm, ce qui est un peu plus grand que son cousin, le Bruant à gorge blanche. Il est aussi sensiblement plus grand que le Bruant chanteur (d’environ 15 cm), que l’on observe plus fréquemment dans le sud du Québec.

Habitat et comportement

Le Bruant à couronne blanche affectionne les buissons et broussailles de la toundra et la taïga subarctique. Les endroits dégagés, comme les clairières et les brûlis ou les boisés clairsemés, lui conviennent fort bien. Il se retrouve aussi dans les arbustes et arbres de petite taille, à flanc de montagne, comme dans les Rocheuses, pourvu que l’emplacement soit dégagé.

Le mâle arrive sur le territoire de nidification avant les femelles. Il se met aussitôt à chanter; son chant est un peu semblable à celui du Bruant à gorge blanche. Bien qu’au début, il patrouille dans son territoire pour en chasser les autres mâles, une fois la nidification en cours, il manifeste peu d’agressivité envers ses congénères voisins.

Nidification

La femelle s’occupe de la construction du nid. Celui-ci est constitué d’herbes, de brindilles, de lichens et de mousses, matériaux abondants dans le type de territoire où ce bruant niche. Généralement situé au sol, il est dissimulé dans une grosse touffe d’herbe, sous un buisson, ou à la base d’un arbre rabougri. L’endroit choisi est abrité du vent, mais souvent orienté pour profiter d’un maximum d’ensoleillement, vu la température plutôt fraîche de son aire de nidification. 

La ponte est généralement de quatre œufs, que la femelle incube seule pendant une douzaine de jours. On a noté qu’elle retourne quotidiennement ses œufs et aussi ses oisillons, du moins pendant leurs premiers jours d’existence.

Le mâle s’occupe de l’alimentation de la femelle et des petits au nid : insectes, graines et petits fruits sont au menu. Étant donné la courte saison chaude des contrées subarctiques, la croissance des oisillons est rapide et ils sont prêts à quitter le nid à peine dix jours après l’éclosion. Ils continuent d’être nourris par leurs parents jusqu’à l’âge approximatif de 30 jours. Il n’y a qu’une couvée par an pour les couples qui nichent plus au nord, mais on a constaté que les populations de l’ouest peuvent parfois en avoir deux.

Bruants juvéniles d’automne (Photo : Jean Poitras)

Territoire et migration

Le Bruant à couronne blanche niche à Terre-Neuve, dans le nord du Québec, de l’Ontario, des provinces centrales, en Colombie-Britannique, au Yukon, au Nunavut, en Alaska et dans les Rocheuses jusqu’en Californie.

Dans la région couverte par les deux éditions de L’Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional, on a seulement trouvé des sites de nidification en Minganie et en Basse-Côte-Nord.

Il passe par le sud du Québec en mai et quitte son territoire de nidification à la fin août ou au début de septembre. C’est seulement à ces deux périodes qu’on a la chance de l’observer… à moins de se payer une escapade estivale en Jamésie ou au Nunavik. Autrement, il passe l’hiver dans la partie sud des États-Unis et au nord du Mexique.

Population et tendance

Comme il niche dans des régions moins faciles d’accès, peu d’études exhaustives ont été menées sur l’abondance de la population du Bruant à couronne blanche au Canada. Selon les données disponibles sur son territoire d’hivernage, il serait assez commun. Son aire au Québec serait stable : les mêmes sites ayant été répertoriés, à peu de différences près, lors des deux campagnes menant à la compilation de L’Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional.

Les experts distinguent quelques sous-espèces qui ne diffèrent que très peu en plumage l’une de l’autre.

Lors de vos randonnées cet automne, si vous voyez un groupe de bruants affairés à picorer au sol, portez attention; il se pourrait que parmi ceux-ci se trouvent quelques têtes couronnées!

Cet article a été publié dans la version imprimée du Journal des voisins (Mag papier) de septembre 2022 à la page 32.

 

 



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