Cardinal (Blais), Marie-Thérèse Bois de Saraguay
Marie-Thérèse Cardinal Blais sauva le Bois-de-Saraguay. (Photo: courtoisie, Marie Blais)

Il y a un peu plus d’un an, décédait Marie-Thérèse Cardinal. La disparition de cette résidente d’Ahuntsic-Cartierville est passée inaperçue. Pourtant, cette citoyenne engagée a marqué autant la mémoire de ceux qui l’ont connue que le territoire du quartier où elle a résidé très longtemps.

Les funérailles ont eu lieu le 29 octobre 2022 à l’église de la Visitation. Au lieu de fleurs, la famille suggérait plutôt des dons à Moisson Montréal [NDLR: un organisme de bienfaisance distribuant des denrées alimentaires]. Une façon de perpétuer l’engagement social de cette dame.

Marie-Thérèse Cardinal a fondé avec son défunt époux Jean Blais, en 1975, la Société d’horticulture et d’écologie du Nord de Montréal. Elle a présidé longtemps cet organisme dont la mission est de diffuser la connaissance en matière d’horticulture et d’écologie.

Les conférences courues ont forgé le succès de cet organisme, mais on a quasiment oublié que c’est cette modeste sociéqui a mené le combat pour la préservation d’une partie du parc-nature du Bois-de-Saraguay.

Historique

Lorsqu’en 1977 la Ville de Montréal voulut procéder à un changement de zonage pour permettre à Kaufmann and Brothers, un important promoteur immobilier américain, de construire un domaine résidentiel dans 220 acres de la forêt de Saraguay, Marie-Thérèse Cardinal et son mari se sont mobilisés pour empêcher cela.

«Ils avaient vu l’importance de cette spectaculaire forêt qui était finalement comme peut-être Jacques Cartier l’avait vue à l’époque», indique Marie Blais, la fille de Marie-Thérèse Cardinal, en entrevue avec le Journal des voisins (JDV).

C’était une action faite de bénévolat, de sacrifices et d’apprentissage.

«J’ai les documents ici. C’est incroyable. Aucun avocat! Ils n’avaient rien. Pas de stratégie. Mais ils avaient des alliances. À l’époque, les professeurs de l’Université de Montréal et le Jardin botanique étaient leurs alliés. Ils leur fournissaient l’analyse qui les alimentait», raconte Marie Blais.

Convictions

Ces experts leur donnaient les arguments pour aller convaincre les autorités publiques de ne pas changer le zonage.

«Mes parents voulaient un grand parc, comme le Mont-Royal, comme cela se faisait à la fin du dix-neuvième siècle», souligne la fille de Marie-Thérèse Cardinal.

Au bout de deux ans d’efforts, le Comité exécutif de la Ville avait demandé à la Commission des biens culturels de reconnaître le caractère patrimonial de la forêt de Saraguay. Puis, Denis Vaugeois, alors ministre des Affaires culturelles, avait recommandé l’établissement d’un arrondissement naturel dans la forêt de Saraguay.

Le gouvernement du Québec avait ensuite déboursé 10 millions $ pour l’acquisition et l’aménagement d’espaces verts le long de la rivière des Prairies par la Communauté urbaine de Montréal (CUM).

Autres acquis

C’est aussi à la Société d’horticulture et d’écologie du Nord de Montréal que revient la fondation du premier jardin communautaire à Montréal, le Jardin Marcelin-Wilson. La société a également demandé l’élimination du dépôt à neige à la prison de Bordeaux. Puis elle a agi pour sauver le manoir MacDougall et, au début des années 2000, reverdir l’École primaire Louis-Colin.

Marie Blais est en train d’inventorier et de classer les nombreux documents laissés par sa mère, mais également par son père.

«C’est une des premières sociétés d’horticulture et d’écologie de la Ville de Montréal, donc c’est vraiment l’histoire de leur lutte. Je pense que ça serait important que ces archives se retrouvent à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec», indique-t-elle.

Ces archives gardent aussi la mémoire des autres personnes qui ont contribué à cette lutte.

Marie-Thérèse Cardinal Blais a reçu le prix de bénévole de l’année de la Ville de Montréal en 2001. L’Assemblée nationale lui a décerné le Prix du bénévolat en loisir et en sport Dollard-Morin en 2004.



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Pépin, Marie Louise
Pépin, Marie Louise
5 Mois

Le professeur et chercheur André Bouchard de l’UdeM a également contribué à la préservation du Bois-de-Saraguay.
Ces gens étaient des visionnaires.
Merci pour ce bel article !

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