Le personnel de l’école La Dauversière tenait le piquet de grève devant l’établissement scolaire d’Ahuntsic-Cartierville, ce mardi 21 novembre. (Photo: Camille Vanderschelden, JDV)

La grève du Front commun se poursuit de manière généralisée comme annoncé en début de mois par les syndicats. Du 21 au 23 novembre compris, les écoles et cégeps d’Ahuntsic-Cartierville sont à l’arrêt. Les urgences et autres services publics essentiels restent assurés durant cette grève.

À Ahuntsic-Cartierville, ils sont nombreux à avoir bravé le froid aujourd’hui pour assurer les piquets de grève. Écoles, cégeps, hôpitaux ou encore centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD), tous ces établissements publics ont témoigné de rassemblements syndicaux, ce mardi 21 novembre.

En effet, les 21, 22 et 23 novembre, quelque 420 000 travailleurs du secteur public participent à la grève du Front commun syndical. À partir de jeudi, des milliers d’autres enseignants des écoles publiques du Québec entameront à leur tour une grève générale illimitée, si les négociations restent dans l’impasse. Une première en 40 ans!

Les grévistes ont laissé leur empreinte sur le parterre du Collège Ahuntsic, ce mardi 21 novembre 2023. (Photo: Camille Vanderschelden, JDV)

Au cœur des revendications: les salaires, mais aussi les conditions de travail et la précarité d’emploi. «On a des travailleurs qui doivent faire appel aux banques alimentaires pour combler leurs fins de mois! Je rappelle que ce sont des travailleurs qui sont payés par l’État. Ce n’est pas normal que quelqu’un qui travaille pour le gouvernement doive ultimement aller à la banque alimentaire pour nourrir sa famille», s’offusque Gabriel Gagnon-Masse, secrétaire général du syndicat des travailleuses et travailleurs du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal-CSN.

Précarité et réussite scolaire

Le Collège Ahuntsic fait partie des établissements qui sont à l’arrêt pour trois jours. Ce mardi 21 novembre, le personnel scolaire et le personnel de soutien sont venus manifester pour défendre leurs revendications.

«Les gens ont tendance à l’ignorer, mais 40 % des enseignants des cégeps sont dans une situation précaire, sans sécurité d’emploi. Cela touche aussi les autres catégories de personnel; beaucoup d’employés de soutien ont des postes temporaires», souligne Elsa Myotte, présidente du syndicat du personnel enseignant du Collège Ahuntsic (SPECA).

Bernard St-Louis et Elsa Myotte, membres du syndicat du personnel enseignant du Collège Ahuntsic (SPECA), devant le Collège Ahuntsic, le 21 novembre 2023. (Photo: Camille Vanderschelden, JDV)

Les effectifs d’élèves dans les classes aux cégeps représentent un enjeu moindre que dans les écoles primaires et secondaires. Toutefois les grévistes revendiquent de meilleures conditions de travail et une meilleure gestion des étudiants aux besoins particuliers.

Nombre d’étudiants n’auraient pas les ressources nécessaires à l’heure actuelle pour mener à bien leur expérience collégiale. Des élèves, diplômés du secondaire avec des notes passables, se retrouvent alors au cégep avec de plus grands besoins en matière d’accompagnement. Or, si les ressources manquent, ces élèves ne peuvent recevoir le soutien nécessaire à l’amélioration de leur performance scolaire.

«Toujours plus de travail»

Du côté de Bordeaux-Cartierville, l’école La Dauversière n’échappe pas non plus à la grève des travailleurs. Ici, les effectifs de classe ont largement augmenté ces dernières années, entraînant un surmenage des équipes. «On a toujours plus de travail et sans personnel de soutien, l’école ne tient pas debout», rappelle Chantal Grenier, secrétaire d’école à La Dauversière.

Chantal Grenier, secrétaire d’école, et Catherine Poisson, technicienne en documentation, à l’école La Dauversière, témoignent d’un manque de personnel. (Photo: Camille Vanderschelden, JDV)

Jusqu’en 2021, l’école La Dauversière ne disposait que de deux secrétaires d’école. Une troisième secrétaire a alors finalement été engagée cette année-là. De plus, un poste de technicienne en éducation spécialisée reste à pourvoir depuis une semaine, à la suite du départ d’une employée.

«Voilà 16 ans que je travaille ici et 25 ans à la Commission scolaire. Lorsque je suis entrée en poste à La Dauversière, nous avions 450 élèves. Aujourd’hui, on en dénombre 750. Par contre, les équipes scolaires ont gardé le même effectif!» commente Lorena Sarria, secrétaire d’école.

Les conditions de travail du service public actuelles sont largement critiquées par le collectif des syndicats du Front commun. En cause: de nombreux départs face aux manques. «On assiste à de nombreux arrêts de travail. Les surveillants d’élèves finissent par être plus techniciens en éducation spécialisée que surveillants. Tout déborde!» s’offusque Catherine Poisson, technicienne en documentation à l’école La Dauversière.

Gabriel Gagnon-Masse, secrétaire général du syndicat des travailleuses et travailleurs du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal-CSN, et Sabrina Caty, représentante nationale de l’APTS pour le même CIUSSS. (Photo: Camille Vanderschelden, JDV)

Épuisement

Les démissions concernent également le secteur de la santé, notamment au CHSLD Notre-Dame-de-la-Merci. «Nous voulons des conditions de travail qui puissent attirer le monde à venir travailler dans le secteur public. Notre objectif est d’offrir les meilleurs soins possibles, on a donc besoin de tous les joueurs possibles. Beaucoup quittent actuellement le milieu, à cause des conditions de travail ou d’un salaire insuffisant», explique Sabrina Caty, vice-présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).

Soumis au service essentiel, plusieurs secteurs n’ont pas pu rejoindre les piquets de grève, comme les travailleurs du service d’urgence. Le reste des équipes dispose d’un pourcentage de grève allant de 50 % à 100 % pour l’APTS, et de 40 % à 100 % pour la CSN.

Toutefois, si les négociations avec le gouvernement n’aboutissent pas à un compromis, Sabrina Caty rappelle que les membres des syndicats «ont le mandat pour partir en grève générale illimitée» à partir de jeudi.

«Les syndicats sont tout à fait disponibles pour mener des discussions; c’est du côté du gouvernement qu’on trouve peu de disponibilité. Il nous a demandé de prioriser nos demandes; on le fait, mais on n’a pas d’écoute pour nos revendications!» déplore Sabrina Caty.

Un conciliateur

Ce lundi 20 novembre, le gouvernement Legault a nommé un conciliateur pour tenter de démêler les négociations. Cet acteur neutre est supposé analyser la situation, mais aussi entendre chaque parti et ses revendications. Il constituerait une solution au dialogue sans issue, mené depuis plusieurs mois entre le Front commun et le gouvernement.

Le personnel enseignant et le personnel de soutien ont bravé le froid ce mardi 21 novembre, pour assurer la grève générale du Front commun. (Photo: Camille Vanderschelden, JDV)

Pour Gabriel Gagnon-Masse, secrétaire général au syndicat des travailleuses et travailleurs du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, le gouvernement devrait d’abord commencer par donner les bonnes informations.

«Ils nous offrent 14 % d’augmentation salariale, à leur dire. Or, dans les faits, c’est plutôt 10,3 % avec des bonus. Mais un bonus, ça ne va pas dans nos fonds de pension», commente-t-il, affirmant que les syndicats ont besoin d’offres «suffisantes» de la part du gouvernement Legault.

Partout à Ahuntsic-Cartierville, sur les piquets de grève, le mot se passe que la grève de novembre 2023 semble toucher tout le monde. Les automobilistes y vont de leurs klaxons pour démontrer leur soutien, bien plus qu’en 2021.

Les négociations, elles, sont toujours en cours. Une grève générale illimitée pourrait se profiler dès le 23 novembre si aucun compromis n’est trouvé entre les deux parties. Affaire à suivre.

Grévistes devant l’école Saint-André-Apôtre, le mardi 21 novembre 2023. (Photo: Philippe Rachiele, JDV)



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