Ligne verte Millen. Jacques Lebleu et Angélique
Jacques Lebleu en compagnie d’Angélique Sanchez de l’organisme Solon. (Photo: Amine Esseghir, JDV)

La Ligne verte Millen serait une sorte de parc linéaire sur la rue Millen, entre les rues Sauvé et Fleury. Ce n’est encore qu’une idée, mais elle séduit, tandis que ses instigateurs collectionnent les prix. Pour la réaliser il faudrait convaincre les élus, notamment de la Ville, et la marche est particulièrement haute.

À la station Youville, cet espace de rassemblement citoyen du quartier du même nom, Jacques Lebleu, membre de Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville (MEAC), essaie de retenir, face au vent, la grande carte qu’il déploie dans un kiosque, sur laquelle il a dessiné son projet.

Il mène, avec les autres membres du MEAC et avec l’aide de l’organisme Solon, une campagne d’information tous azimuts pour que les citoyens sachent qu’ils pourraient être ceux par qui la décision de réaliser ce projet ambitieux arrive.

Des prix d’estime

Le projet de la Ligne verte Millen a décroché trois récompenses. Il s’agit du prix citoyen, du prix coup de cœur du public et du prix de la transition décerné par Solon. C’était lors du concours CASES (Convertir, Aménager, Substituer et faire Évoluer le Stationnement) en 2022. L’idée proposée par Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville (MEAC) a remporté l’équivalent de 12 000 dollars.

La Ligne verte Millen est parmi les 666 idées de citoyens que les services de la Ville-centre étudient. Un petit nombre sera proposé au vote en octobre pour être réalisé grâce au budget participatif de la Ville de Montréal.

L’administration Plante a prévu 30 millions $ pour réaliser les propositions retenues.

Rien ne dit que la Ligne verte Millen sera candidate. Mais si elle l’est, il faudrait qu’un maximum de gens soient au courant pour qu’ils puissent voter.

Verdir la rue

Les responsables du projet exposeront du 5 au 11 septembre leur concept au chalet d’accueil du Parcours Gouin. Avant cela, ils seront le 31 août au Village Scalabrini et le 9 septembre, à la Foire des possibles, au parc Marcelin-Wilson.

L’idée est de retrancher deux voies sur les six de la rue Millen et de les réaménager en un parc en longueur de 4000 mètres carrés. On imagine une place publique verdoyante qui servirait de classe en plein air, avec des voitures électriques, des vélos et des remorques partagées à disposition. Des bornes de recharge rapide, des espaces de jardinage urbain. Tout cela installé au milieu de deux miniforêts sur une rue qui mène au parc Ahuntsic.

L’artère est très large parce qu’elle devait faire de la place au tramway entre 1894 et 1959. Le nom choisi est justement un rappel de cette histoire.

Aujourd’hui, avec six voies pour les autos, dont deux pour le stationnement de chaque bord, c’est carrément une route à grande circulation en milieu urbain alors qu’elle n’est bordée que de multiplex et de l’école Fernand-Seguin.

«On espère se rendre au budget participatif [de la Ville] et que le projet avance. Mais si on n’y arrive pas, on veut que l’idée existe. Qu’elle ait sa propre vie», relève M. Lebleu.

Dans la perspective de la réalisation de la Ligne verte Millen, M. Lebleu et ses camarades militent pour quelque chose de beaucoup plus large.

«On veut défendre fortement l’idée que les citoyens ont leur mot à dire dans les aménagements d’arrondissement», confie-t-il.

Quelle perspective?

En dehors du budget participatif, l’idée restera sur le papier, car il est très difficile de voir le projet réalisé avec les fonds de l’arrondissement.

La mairesse d’Ahuntsic-Cartierville, même si elle semble avoir de la sympathie pour le projet, rappelle que «les ressources vraiment limitées, autant humaines que financières», ne permettent pas de refaire la géométrie d’une rue.

«Enlever de l’asphalte, planter à la place ou déplacer des terre-pleins, c’est quand on refait la géométrie de la rue. Cela a lieu quand on a besoin d’ouvrir la rue, quand on refait les infrastructures souterraines», explique-t-elle. Pour la rue Millen, il n’y a rien de tel qui est prévu à plus ou moins brève échéance.

Cependant, imaginer des perspectives de ce genre pourrait servir ailleurs ou plus tard.

«J’ai dit aux gens qui travaillent sur ce projet que c’est toujours intéressant de développer des visions. Cela peut être utilisé pour une autre rue ou bien cette rue-là, mais dans les prochaines années, quand il y aura accès à un programme ou à d’autres choses», convient Mme Thuillier.

Sinon, elle plaide pour l’acceptabilité sociale. Convaincre les riverains est essentiel.

Une approche que partage M. Lebleu. Toutefois, il aimerait que cela dépasse les frontières de la rue visée.

«Pour l’acceptabilité sociale, nous sommes d’accord. Mais nous ne voulons pas que cela se limite aux résidents d’un seul bloc», prévient-il.

Pour lui, la Ligne verte Millen s’inscrit dans quelque chose de beaucoup plus large.

«On la voit comme un maillon d’une trame verte qui permettrait un couloir de la biodiversité, mais aussi d’allier plusieurs autres projets citoyens», soutient-il.

Il évoque l’arboretum, le jardin communautaire du parc Ahuntsic, l’écoquartier Louvain Est et le prolongement du corridor sous la ligne d’Hydro-Québec.



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Pierre Lachapelle
Pierre Lachapelle
8 Mois

Le projet de verdir la rue Millen, qui est une mer d’asphalte et donc une machine à amplifier la chaleur urbaine, est une bonne idée. C’est une bonne idée qui presse, afin d’améliorer la qualité de la vie, pas seulement sur Millen, mais pour tout le voisinage autour. Cela étant dit, ne tournons pas autour du pot pendant 10 ans. Madame la mairesse Émilie Thuillier relie la faisabilité de ce projet de verdissement au calendrier de travaux, qui viendraient un jour ou l’autre rénover le réseau sousterrain d’aqueduc et d’égoûts. Une question: en cette année 2023, est-ce que les citoyennes et les citoyens peuvent savoir, de la bouche des ingénieurs compétents de l’arrondissement et des services centraux de notre Ville, quand viendra le temps d’ouvrir la rue Millen et de faire ces grands travaux ? Quel est le plus récent diagnostic du sous-sol de la rue Millen ? Si on nous dit: « Pas avant 15 années, voir 20 années », je demande aux idéatrices et idéateurs de ce projet nécessaire, n’y a t-il pas une option plus légère de verdissement, qui permettrait de combler le délai, l’attente du jour d’une rénovation totale de la rue Millen. M Antonio Guteres, secrétaire général de l’ONU a déclaré cet été, que nous entrions dans l’ère de l’ébulition mondiale. Qu’avons – nous à nous regarder dans le blanc des yeux pendant que notre maison commune brûle ? C’est maintenant qu’il faut agir.

Jacques Lebleu
Répondre à  Pierre Lachapelle

Bonjour M. Lachapelle, merci pour votre commentaire.

Le MEAC a fait une proposition dans le cadre du budget participatif de la ville de Montréal. Si l’idée est soumise au vote et recueille le soutien populaire, elle sera adaptée par la ville. Il est donc tout à fait envisageable qu’elle puisse réaliser une option plus légère de verdissement à courte échéance (en termes municipaux). Nous souhaitons cependant qu’il y ait une part de déminéralisation du sol, pas seulement des aménagements hors-sol. Ceux-ci finissent généralement par disparaitre au profit du pavage qui est ainsi préservé.

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