chantier socio-écologique à l'Espace des Possibles
Le lancement du chantier socioécologique à l’Espace des possibles, rue Lajeunesse, le 2 novembre dernier. (Photo : François Robert-Durand, JDV)

Collectivité ZéN (zéro émission nette), c’est une façon de rassembler les forces vives locales pour imaginer, voire construire, des communautés futures carboneutres. La Collectivité ZéN d’Ahuntsic, lancée officiellement le 2 novembre, est un projet de société proposé aux générations futures. 

«Soutenu par Solidarité AhuntsicSolonVille en vert et Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville (MEAC), ce chantier a évolué au cours de la dernière année, pour se rattacher aux Collectivités ZeN (Zéro émission Nette) du Front commun pour la transition (FCTÉ). L’objectif est de faire du quartier un environnement carboneutre ancré dans la justice sociale et de participer à un mouvement auquel participent d’autres chantiers», annonçait le communiqué de la Collectivité ZéN, en invitant les citoyens de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville le 2 novembre.

La réunion qui s’est tenue à l’Espace des possibles a fait salle comble. Haroun Bouazzi, le nouveau député solidaire de la circonscription provinciale de Maurice-Richard, et la conseillère du district Saint-Sulpice, étaient parmi les personnes invitées.

Quentin Lehmann, le Monsieur ZéN du quartier, explique la démarche du chantier socioécologique. Dans cette optique, les exigences écologiques vont de pair avec les aspects sociaux.

Lehmann collectivité ZéN
Quentin Lehmann est chargé de projet pour le Chantier de transition socioécologique d’Ahuntsic-Cartierville. (Photo : courtoisie Jacques Lebleu)

Journaldesvoisins.com : Collectivité ZéN, qu’est-ce que c’est, dans les mots de tous les jours?

Quentin Lehmann : Le chantier de transition écologique a été mis en place localement il y a un an. Le but est que l’ensemble des acteurs du quartier ainsi que les citoyens et citoyennes apprennent à travailler ensemble et fassent des projets collaboratifs, dans le but de pousser une transition socioécologique.

Cela veut dire que nous voulons passer d’un point A, qui est la situation actuelle d’urgence, de crise climatique, vers le point B et changer d’image, de mentalité socialement, écologiquement, de manière locale et de manière globale par extension. On veut un quartier qui est certes vert, mais qui a aussi une vision sociale différente où il y a de l’entraide, une plus grande démocratie et où les gens travaillent ensemble.

Quel serait un exemple concret de cette démarche?

Ce que les gens peuvent faire? Partager leur voiture, leur vélo ou leurs outils pour réparer les choses. Le but est de changer la façon de vivre dans le quartier.
La collectivité ZéN s’inscrit dans une démarche nationale. Il y en a partout à travers le Québec. Ce sont d’autres chantiers qui font la même chose. Le but est de le faire ensemble, mais chacun à son image.

C’est ambitieux! Par quoi commencerez-vous?

La première étape sera de dresser un portrait du quartier sur le plan social et écologique. C’est déjà commencé. À quoi ressemblons-nous en ce moment à Ahuntsic? Comment nous nous voyons, comment nous voit-on de l’extérieur? À partir de ce profil-là, nous allons essayer de définir à peu près ce qu’on veut être plus tard, dans quelle direction nous voulons aller. Comment on pense aller plus loin. Puis, finalement, définir notre démarche pour construire ensemble. Mais ce sera selon l’expérience de chacun des porteurs et porteuses qui sont dans les organismes.

Vous avez parlé d’organismes, mais ce que je comprends aussi, c’est que c’est aussi ouvert aux citoyens.

L’idée c’est d’avoir des activités citoyennes. On va demander aux gens, c’est quoi leur quartier? Où est-ce qu’ils veulent être? Ce n’est pas juste les organismes qui peuvent le définir. Ce sont ceux qui habitent le quartier.

Quand vous le dites comme ça, on comprend que vous devez canaliser les énergies pour qu’elles puissent créer quelque chose. C’est un travail qui va prendre du temps, n’est-ce pas?

C’est un travail sur plusieurs années, ne serait-ce que pour définir ce que nous sommes et où est-ce qu’on veut aller et comment y aller. C’est ça qui est le fun, avec l’idée d’une collectivité ZéN, parce que dans le même temps il y a des chaires de recherche, des universités qui travaillent pour soutenir des scénarios. Essayer de comprendre dans quel quartier nous sommes, où voulons-nous aller, cela permet de travailler avec des chercheurs et chercheuses dans le domaine. Donc nous avons l’expérience des porteurs et porteuses de projets et des organismes, et on a aussi la théorie de l’université et des champs de recherche qui permettent de construire ensemble cette démarche.

Il faudra parler avec ces chercheurs et chercheuses. Il faudra les mettre en contact avec les gens d’Ahuntsic.

C’est ma tâche. Il y a le front commun [des organismes] qui est là pour donner des moyens, pour soutenir de manière logistique, et employer une personne, qui est moi, afin de mettre en contact justement ce qui se fait dans les recherches, ce qui se fait dans les autres coins du Québec. Comment chercher des modèles, des exemples intéressants qu’on pourrait aller voir. Par exemple en Gaspésie il existe un événement pour la même démarche aujourd’hui même. On en compte quatre qui ont commencé il y a un an. Et quatre autres vont commencer dans un an encore.

Donc il y a des gens qui ont déjà du kilométrage, qui peuvent venir raconter ce qu’ils ont fait et comment ils ont évolué? Il y a aussi un aspect de mobilisation. Comment allez-vous faire pour attirer du monde à Ahuntsic?

C’est un des gros aspects du chantier, c’est d’aller chercher justement les gens qui vont parler. Actuellement, il y a des personnes marginalisées, des personnes plus vulnérables. Elles ne se sentent pas nécessairement reconnues même si les organismes vont les chercher. Il faudra aller chercher leurs voix et leurs pensées dans un contexte où elles sont à l’aise de s’exprimer.
C’est quelque chose aussi qui est fait aussi auprès des Premières Nations aussi. Il n’y en a pas qui habitent dans le quartier, mais tout de même, ça fait partie de la démarche.

chantier socio-écologique à l'Espace des Possibles
Le lancement du chantier socioécologique à l’Espace des possibles, rue Lajeunesse, le 2 novembre dernier. (Photo : François Robert-Durand, JDV)

Des gens sont déjà mobilisés, déjà engagés; je pense aux membres du comité citoyen Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville (MEAC) et de l’organisme Ahuncycle, qu’on entend et qui ont des idées. Ont-ils une place avec vous dans la collectivité ZéN?

Des démarches seront faites au préalable. On veut essayer d’imaginer comment nous allons fonctionner avec les organismes, avec les personnes engagées. Mais ce sera fondamental d’aller chercher tout ce monde-là. Cependant, on ne peut pas juste leur dire, vous devez être là. Votre parole est importante et vous avez un pouvoir d’action.

L’idée est d’aller à la rencontre des personnes et leur dire, voici une démarche qui existe, mais comment est-ce que vous vous inscrivez dedans? Quels problèmes rencontrez-vous dans votre quotidien? On ne fait que nommer le problème aussi, on cherche son rapport avec l’environnement et comment il est relié au social. Changer l’environnement, c’est changer aussi le modèle social pour qu’il soit plus inclusif et réellement démocratique, dans lequel chacun peut donner sa voix. Plein de gens ont déjà des idées, ont déjà des réflexions à avancer et sont intéressants à entendre.

Vous vous organisez pour proposer des initiatives et, dans le même temps, vous n’êtes pas au pouvoir. Vous n’avez pas en main les manettes pour concrétiser les choses. Comment allez-vous faire pour convaincre les instances dirigeantes, les paliers de gouvernement?

Sur le plan des outils pour faire changer les choses, donc les manettes comme vous dites, oui, c’est sûr qu’il y a des élus, par contre ils représentent la population. Si la population veut des changements, il faudra l’écouter. La démarche aussi se fait main dans la main avec le municipal, avec l’arrondissement. Nous avons déjà leur oreille.



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Combustion non fossile
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2 Années

Bravo ! Merci pour cet article , merci pour ces paroles Quentin et merci de faire ce que vous faites. Moi ça m’inspire.

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