église de la Visitation
La statue de Nicolas Viel, en face de l’église de la Visitation. (Photo: François Robert-Durand, archives JDV)

Le petit panneau d’interprétation qui permet aux promeneurs d’en savoir plus sur l’église de la Visitation de la Bienheureuse-Vierge-Marie, la plus ancienne de l’île de Montréal, est truffé d’erreurs factuelles. Depuis quatre ans, tant la paroisse que la Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville tentent de corriger la chose devant les instances municipales.

«Il y a des erreurs de datation et elles sont de bonne foi, convient Patrick Goulet, coordonnateur entretien et services à la paroisse la Visitation et membre de la Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville (SHAC). Souvent, quelqu’un a fait une erreur il y a une centaine d’années, l’écrit, et on la recopie sans vérifier aux sources.»

M. Goulet est allé «plaider» devant les élus le 5 juin, jour du conseil d’arrondissement, demandant à ce que l’on corrige le texte interprétatif si utile.

C’est d’abord la date de la construction qui est fausse. L’édifice a été achevé en 1751.

«Il est marqué 1752. Cette année fait référence à la consécration de l’église de la Visitation, lorsqu’elle a été payée. L’évêque de Québec était venu consacrer l’église lors d’une cérémonie purement liturgique. Cela n’a aucun rapport avec la construction. Cela aurait pu survenir même 50 ans plus tard», explique M. Goulet.

Les principales dates de l’église de la Visitation

1751, année de la construction.

1851, année de l’agrandissement et ajout des deux clochers.

1868, année de l’achèvement de la partie supérieure des clochers.

1939, année de la construction de la salle paroissiale.

Les sculpteurs qui ont travaillé sur l’église de la Visitation: Louis-Amable Quévillon, David Fleury David et Philippe Liébert.

La date exacte est portée par trois pierres visibles sur les murs de l’église de la Visitation. Une sur la façade, une autre à l’arrière et une dernière sur le cadran solaire.

«Ce sont trois rappels de cette année importante et on a fêté souvent les anniversaires. Mais on fête aussi la date de la consécration d’une église. Cela fait plein d’occasions de fêter», observe-t-il.

Il admet que ce n’est pas une grosse différence, mais l’église célébrera en 2026 son 275e anniversaire de construction et non de consécration.

Cadran solaire église de la Visitation.
Cadran solaire église de la Visitation. (Photo: Philippe Rachiele, JDV)
Une histoire faussée

La seconde erreur est liée à l’agrandissement qui est mentionné entre 1850 et 1852.

«En fait, c’est en 1851. C’était pour les 100 ans de l’église de la Visitation», assure M. Goulet. Cette année est importante parce que le bâtiment religieux disposait alors de ses deux clochers.

«Au moment de l’agrandissement, les clochers arrêtaient au niveau de la pierre. La partie métallisée au-dessus, c’est un chantier d’environ quatre ans. L’année exacte est 1868 et non pas de 1868 à 1870. C’est des années de paiements en retard qui ont été faits ensuite», précise-t-il.

La salle paroissiale est datée de 1964, ce qui est faux.

«Cette année-là c’est plutôt l’aménagement intérieur qui est fait, et un petit déambulatoire, un petit corridor extérieur, est aménagé. La salle remonte à 1939. C’est là que se trouvait le siège de la première Caisse populaire du Sault-au-Récollet, en 1945. C’est quand même assez majeur comme différence», relève M. Goulet.

La dernière erreur et non des moindres, c’est les noms des artisans. M. Goulet souhaite qu’on reconnaisse leur travail en citant convenablement leurs patronymes.

«On parle de Louis Quévillon et de David Fleury David. Alors qu’il y en a trois. Leurs vrais noms c’est Louis-Amable Quévillon, David Fleury David et Philippe Liébert [qui n’est pas cité]. Louis Quévillon, c’est une autre personne. Donc on pourrait corriger et mettre ce trio de sculpteurs qui a travaillé ici à l’église de la Visitation.»

Toutes les inscriptions?

M. Goulet espère que les corrections seront vite apportées alors qu’elles sont demandées depuis quatre ans. Jérôme Normand, conseiller de Ville du Sault-au-Récollet, a promis de suivre le dossier avec la direction de l’aménagement du territoire de l’arrondissement.

Cette histoire de panneau explicatif n’est pas sans rappeler la question des inscriptions gravées sous les statues de Nicolas Viel et d’Ahuntsic dans le jardin devant l’église de la Visitation. Elles sont recouvertes depuis deux ans en attendant une solution définitive.

«C’est un sujet sensible. Depuis que les textes sont protégés et recouverts, on n’en entend plus parler. Je ne veux pas dire que c’est tombé dans l’oubli, mais les esprits s’étaient échauffés quelque peu et maintenant je dirais que c’est redevenu tranquille», note-t-il.

M. Goulet admet que cela ne peut pas constituer une solution à moyen terme et qu’il faudra bien y réfléchir sérieusement à un moment.

«Cela vaut la peine d’en faire un élément qui réunit. C’est un beau mariage interculturel entre les autochtones et la culture européenne. Donc je pense que c’est un atout dans un quartier multiculturel comme le nôtre. Ce serait certainement un beau symbole de rassemblement et non pas un symbole de colonialisme et de division.»

Il prône une réécriture des inscriptions et une explication du vocabulaire ancien et du processus historique derrière cette histoire.



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André Gravel
André Gravel
10 Mois

Quand elle est révisée, corrigée et enrichie l’histoire devient de plus en plus la nôtre. Merci à Patrick Goulet.

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