L’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville est un pionnier en matière de recyclage du verre à Montréal, mais à quel prix? Avec 460 tonnes de verre à recycler dans les deux conteneurs de l’arrondissement, les bénéfices environnementaux liés à cette initiative sont indéniables. Les informations quant aux impacts économiques, eux, sont plus diffuses pour le moment. Il est donc prématuré d’en tirer un portrait complet.
Chose certaine: même en vendant son verre, l’arrondissement dépense plus d’argent qu’il n’en reçoit pour accomplir ce projet. Du moins, selon les données disponibles.
Est-ce un aveu d’échec pour autant? Pas du tout, selon le conseiller du district du Sault-au-Récollet, Jérôme Normand. Il affirme que le projet n’a jamais été conçu de manière à ce que l’arrondissement en tire des bénéfices financiers nets et rapides.
« Le principe même du budget participatif (ndlr: une enveloppe budgétaire pour des projets décidés par la population) est de tenter des projets qu’on ne tenterait pas autrement. La population veut nous voir le mettre en place, en tirer des leçons, puis ça représente parfois des dépenses supplémentaires. »
Rappelons que le projet est destiné à exister jusqu’à l’élargissement de la consigne du verre prévu par le gouvernement du Québec.
Lors du budget participatif qui a vu naître le projet à la fin de l’année 2019, une enveloppe de 150 000 $ a été accordée par la Ville-centre à l’arrondissement pour toute la durée du projet. Il était initialement prévu jusqu’à décembre 2021.
Même s’il est reconduit jusqu’en décembre 2022, aucun montant supplémentaire n’a été alloué. Jusqu’à maintenant, le projet a coûté 85 000$.
2M Ressources
L’arrondissement vend son verre récupéré à la compagnie 2M Ressources, située à Saint-Jean-sur-Richelieu. Il vend le verre 10$ la tonne. Ainsi, depuis le début du projet, Ahuntsic-Cartierville a récolté environ 4600$.
(Source: Ville de Montréal)
À 10$ la tonne vendue, est-ce à dire que l’arrondissement subventionne 2M Ressources? Le porte-parole de Verrecycle, Jacques L’Écuyer, rappelle que le verre est peu dispendieux.
«Il ne faut pas donner l’impression que les gens sont assis sur une mine d’or. Le verre n’est pas une mine d’or. C’est tout de même une matière première qui peut être valorisée.»
Des remboursements?
Certaines compensations de la Ville-centre sont à venir. Il est néanmoins trop tôt pour savoir quels seront les montants exacts. En effet, bien que le projet de récupération du verre est sous la responsabilité de l’arrondissement, le tri est fait par la Ville-centre.
«C’est le service d’environnement de la Ville de Montréal qui gère toute cette entente de compensation par rapport à toute la collecte sélective sur le territoire. (…) Comme on vient de finir la première année complète de fonctionnement en 2021, on a pas encore les détails de quelle portion est attribuée au projet comme tel», selon le conseiller Normand.
Voir le projet dans sa globalité
Jacques l’Écuyer rappelle que, globalement, la récupération du verre coûte deux à trois fois moins cher lorsque celui-ci est trié à la source, soit par le dépôt volontaire. Donc, bien que nous n’ayons accès qu’aux dépenses pour le moment, le dépôt volontaire du verre demeure, selon lui, une mesure extrêmement économique.
Certes, les efforts des résidants d’Ahuntsic-Cartierville ne se traduisent pas en économies directes, mais M. L’Écuyer est persuadé que cela demeure avantageux.
«On oppose souvent économie et écologie. Dans ce cas-ci, les deux vont ensemble.»
Et que restera-t-il de cette initiative lorsque Québec élargira la consigne du verre? Le conseiller de Sault-au-Récollet, Jérôme Normand, espère que le projet actuel servira de référence à d’autres administrations dans le futur.
«On privilégie l’idée de tirer les leçons de notre projet. On aura ça en banque. Ça servira au Service de l’environnement (ndlr: de la Ville de Montréal) qui, lui aussi, suit de très près le projet».
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