(Crédit-photo: Pixabay)

L’engouement pour le travail indépendant est perceptible au Québec depuis les 30 quelques dernières années. Passant de 10 % du total des emplois en 1976 à 13,8 % en 2011, le nombre de travailleurs autonomes connaît une « nette progression », comme l’indique le Centre interuniversitaire de recherche, de liaison et de transfert des savoirs en analyse des organisations (CIRANO).

Dans le quartier Ahuntsic, qui regroupait 2 640 travailleurs autonomes lors du recensement de 2006, la défunte Corporation de développement économique communautaire (CDEC) Ahuntsic-Cartierville offrait un soutien à ceux et celles qui désiraient être du nombre et qui répondaient à certains critères.

En 2017, et depuis quelques années, l’organisme PME-Montréal Centre Ouest a pris la relève de la CDEC.

Comme l’affirmait Line Boulanger, chef d’équipe et conseillère en gestion, formation et suivi à la défunte CDEC Ahuntsic-Cartierville, l’organisme proposait « beaucoup de services gratuits, notamment de l’aide en matière de conseils de gestion, d’élaboration du plan d’affaires, d’évaluation du marché; également des formations, sans compter les activités de réseautage et les possibilités de financement.»

Mesure STA

Julien Côté a bénéficié, après s’être renseigné auprès de la CDEC Ahuntsic-Cartierville, de la mesure de Soutien au travail autonome (STA), une mesure d’employabilité d’Emploi-Québec permettant d’être encadré, conseillé et de recevoir une forme d’allocation salariale hebdomadaire. Cet ancien directeur des ressources humaines a démarré son entreprise de coaching en gestion dans le secteur de l’économie sociale et de l’ac on communautaire il y a deux ans.

Le déclin de l’industrie du vêtement (secteur pour lequel il était employé) a encouragé M. Côté à faire le saut :

« Nous étions 550 employés à l’endroit où je travaillais autrefois. Quand je suis parti , il en restait à peine 80. »

Il explique que l’économie a beaucoup changé ces dernières années. Devenir travailleur autonome n’était donc pas source d’inquiétude pour lui :

« De nos jours, l’insécurité existe partout, même au sein des grandes entreprises. »

L’obtention de la mesure STA lui a même permis de suivre une formation au Service d’aide aux jeunes entrepreneurs (SAJE) et de chercher des clients tout en ayant un revenu assuré pendant un an, à certaines conditions, dont celle de suivre des cours quotidiens pendant plusieurs mois et de soumettre des rapports d’étape examinés en profondeur, le tout sous la houlette d’un conseiller personnel.

Flexibilité et mode de vie

Florence de Pommery a elle aussi été encadrée par le SAJE, qui offre des services-conseils, du coaching et de la formation aux nouveaux entrepreneurs. Encouragée par son entourage, elle s’est lancée en 2001 dans le secteur des objets promotionnels, avec un accent mis sur les tatouages temporaires. La souplesse offerte par le travail autonome lui a servi de motivation :

« Je profite d’une gestion complète de mon temps et ça facilite la conciliation travail-famille. J’ai deux  enfants, dans deux écoles différentes, et je peux me permettre de participer au sein des organisations de parents. »

Pour Sylvie Beaulieu et Geneviève Frenette, deux autres travailleuses autonomes du quartier Ahuntsic, la chance de pouvoir élever leur famille a déterminé leur choix.

« Tout a commencé parce que j’étais maman de quatre enfants. Je me cherchais quelque chose qui m’offrirait une certaine flexibilité », raconte Mme Frenette, agente de voyages externe.

« Ça demande une certaine discipline, ajoute Mme Beaulieu, mais ça me permet de gérer mon horaire. Ce ma n, j’ai même pu accompagner ma fille chez le dentiste! »

Sylvie Beaulieu fait de la rédaction et de la correction d’épreuves depuis plusieurs années, mais elle est consciente que tous ne peuvent opter pour ce mode de vie : « Moi, je pouvais me le permettre, parce que mon mari avait un emploi à temps plein. Il est évident que seule avec des enfants je n’aurais pas pu. Il y a des périodes extrêmement occupées et d’autres plus calmes, mais nous n’avons aucun contrôle là-dessus. »

Inconvénients et avantages

La réalité était tout autre pour Jocelyn Guénette, en 2013. Coiffeur autonome depuis 24 ans, il louait une chaise au Salon Futur Coiffure :

« C’est beaucoup plus payant pour moi, mais, comme travailleur autonome, il faut assurer sa sécurité financière pour l’avenir parce qu’on n’a ni vacances payées, ni fonds de pension. »

Cet inconvénient est toutefois amoindri par la vaste clientèle que favorise la situation géographique d’Ahuntsic.

« Le quartier est à proximité de Laval et de la couronne nord. L’accessibilité devient le plus grand avantage de l’arrondissement », soulignait Line Boulanger.

L’environnement est également important pour Sylvie Beaulieu. Afin de contrer l’isolement, elle apprécie les petits cafés qu’elle fréquente au quotidien. Et c’est encore toujours le cas en 2017 !

« J’utilise beaucoup le quartier pour me motiver. Toujours écrire et rédiger entre quatre murs, ça devient difficile. Avoir du monde autour de moi me stimule », confie-t-elle en parlant de son penchant pour le Café de Da attenant à la bibliothèque Ahuntsic.

LA solution

Florence de Pommery n’a pour sa part aucune difficulté à travailler de la maison. Elle a aménagé un bureau dans sa demeure, car son entreprise pancanadienne exige d’elle beaucoup d’heures de travail sur le Web.

Le quartier devient pour elle un atout lorsqu’il est question de la proximité des infrastructures sportives. Elle aime profiter des terrains de tennis du parc Nicolas-Viel et de la piscine du complexe sportif Claude-Robillard.

« La localisation est idéale pour l’entraînement, et aussi pour les commerçants. Quand je dois faire un achat, je m’absente une demi-heure et je reviens travailler aussi vite. Si j’habitais dans un quartier plus résidentiel, je ne pourrais pas en faire autant. »

Pour Julien, Florence, Sylvie, Geneviève et Jocelyn, le travail indépendant est LA solution. L’autonomie et la liberté d’action dont ils jouissent les poussent à croire que malgré les quelques inconvénients, leurs efforts en valent la peine.

(Article publié dans le magazine papier de février 2013 – avec la collaboration de Christiane Dupont pour les mise à jour en juillet 2017).



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