Camion SNAC
Le SNAC possède son propre camion frigo pour faciliter ses opérations. (Photo : Archives, JDV)

C’est un des organismes phares du milieu communautaire à Ahuntsic. Il assure une aide indispensable aux gens dans un besoin essentiel : se nourrir convenablement. Il fête ses trente ans en octobre et cela en est presque triste.

« C’est dommage quelque part, parce que c’est le signe que les gens ont encore besoin d’aide alimentaire. En fait beaucoup plus maintenant que dans le passé. Mais bon, nous sommes là pour les aider », lâche la directrice du Service de nutrition et d’action communautaire (SNAC), Chantal Comtois.

Elle connaît l’organisme depuis 2001 quand elle a commencé à y travailler. Elle le dirige depuis 2011.

Depuis quelques années, elle observait une stabilisation de la demande. De 1100 à 1200 ménages sollicitaient ses services chaque année. Depuis la pandémie, cela a pratiquement doublé.

« La première année de la COVID, cela a augmenté à 2500. On s’était ajusté. Il n’y a pas eu de problème. Aujourd’hui, cela a baissé un petit peu, mais on a quand même aidé l’année passée 2212 ménages », indique-t-elle.

SNAC COVID
Opération de distribution du SNAC durant la COVID. (Photo : courtoisie, SNAC).

Le SNAC est d’abord une banque de dépannage alimentaire. Une épicerie de dernier recours quand on a du mal à garnir son frigo.

Au fil des années, Mme Comtois a observé un changement important dans la population desservie. Avant c’était une majorité de gens défavorisés sur plusieurs plans. Des personnes sur l’aide sociale, parfois avec de graves incapacités à travailler. À certains moments, c’était des immigrants ou des personnes mal prises financièrement provisoirement. Ils bénéficiaient d’une aide ponctuelle. Ce n’est plus tout à fait cette réalité.

« Maintenant, ce sont 50 % de gens sur l’aide sociale. Cela ne veut pas dire qu’on en a moins. On a à peu près toujours le même nombre, mais ce sont les autres qui ont augmenté », relève-t-elle.

Mal pris

Ces autres qu’évoque Mme Comtois, ce sont les personnes âgées d’abord. Beaucoup ont découvert le SNAC au moment de la pandémie parce que des intervenants sociaux appelaient les aînés pour éviter qu’ils ne s’isolent trop.

« C’est le nombre le plus important, en hausse. Ils représentent plus de 22 % de notre clientèle, quand même. En fait, j’ai réalisé – j’étais un peu naïve – que les régimes de pension ne sont pas indexés sur le coût de la vie. Donc quand tu as des inflations de 9 % comme se termine l’année, eh bien eux autres, c’est un 9 % de pouvoir d’achat en moins qu’ils récoltent. »

Et puis il y a les travailleurs. Ces gens rémunérés au salaire minimum ou des personnes qui ont des emplois à temps partiel. Ils représentent 14 % des bénéficiaires.

« Ils n’y arrivent plus à cause de l’inflation. Avant, ils ne venaient pas, même si leurs revenus étaient en bas de du seuil de pauvreté. Ils se disaient, on est capable de se débrouiller. On va pas au SNAC. Là, ils n’y arrivent plus parce que tout a trop augmenté », explique la directrice de l’organisme.

Le SNAC dispose de quatre points de distribution pour couvrir Ahuntsic. Il possède deux camions pour faire les livraisons ou chercher ses propres commandes. Il s’organise pour répondre le plus efficacement aux besoins de base des gens qui le sollicitent, mais au-delà, sa directrice veut absolument qu’il joue un rôle de guichet, une porte d’entrée pour trouver des solutions.

Apprendre à pêcher

« Le SNAC, c’est le service de nutrition et d’action communautaire et je tiens particulièrement à l’action communautaire. C’est encourager les gens. On va essayer de les aider à sortir justement de la pauvreté », assure Mme Comtois.

Elle aime répéter l’adage prêté à Confucius : « Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson. »

Et pour apprendre à trouver sa propre truite, le SNAC s’est organisé pour présenter aux gens qui viennent dans ses locaux l’information sur les services disponibles dans le quartier.

Une salle d’attente a été ouverte pour assurer la confidentialité et la discrétion pour les bénéficiaires quand ils se déplacent sur rendez-vous. Un moment propice pour engager des discussions et des dialogues.

« J’ai pris la peine de louer cette salle pour respecter justement la dignité. Les gens ne sont pas à la vue de tout le monde, et ils ne sont pas livrés aux intempéries », souligne-t-elle.

Une façon efficace pour nouer un dialogue direct avec des gens qui peut-être ignorent que des moyens existent pour s’en sortir. Le SNAC a même permis à d’autres organismes de venir faire leur réclame chez lui.

« Il y en a qui avaient des places de disponibles pour la préemployabilité. On leur a dit, venez! Pendant que les gens attendent, vous pouvez faire en sorte que votre gars explique les services que vous offrez. »

Après trente ans d’existence, le SNAC qui ne voit pas le nombre de ses bénéficiaires baisser veut surtout améliorer ses services et éloigner le secours alimentaire de la simple charité. Il veut offrir un répit à des gens pris dans la tempête et leur permettre de mieux repartir.



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