Construction neuve à proximité de la gare Bois-Franc (Photo : jdv – Philippe Rachiele)

Le chantier du REM inspire les propriétaires d’immeubles. La gentrification est en marche, dit le CLAC.

Le chantier de la gare Bois-Franc du REM et le prolongement éventuel de la ligne orange vers cette gare entraînent déjà la gentrification d’un des quartiers les plus pauvres de la métropole, le sud de Cartierville, selon le Comité logement Ahuntsic-Cartierville (CLAC).

« Le dossier du 11 945, Lachapelle illustre pleinement le phénomène d’embourgeoisement de ce secteur, affirme Yvon Dinel, organisateur communautaire pour le CLAC. J’ai une collègue qui intervient dans la zone RUI et constate les multiples tentatives de rénovictions dans ce secteur. »

Pour M. Dinel, l’immobilier a commencé à chauffer dans le quartier et les propriétaires voient la manne arriver.

Rappelons que la RUI, ou zone de Revitalisation urbaine intégrée, est un territoire d’environ un kilomètre carré qui s’étend du chemin de fer du REM jusqu’à Gouin, et de Lachapelle jusqu’à O’Brien. Environ 11 000 personnes habitent ce secteur densément développé, qui compte une majorité d’immeubles à appartements, dont une bonne part est dans un très mauvais état. Quelques-uns pourraient être qualifiés de taudis.

« De nombreux locataires du secteur ont reçu des avis d’éviction, reprend M. Dinel. Le langage de ces avis est souvent flou ou ne respecte pas la réglementation. Comme les locataires sont souvent des immigrants récents, ils ne connaissent pas leurs droits et craignent de les défendre. Ils quittent souvent les lieux. »

Quelques mois plus tard, le logement sera loué pour plusieurs centaines de dollars de plus, après avoir subi des rénovations souvent cosmétiques.

Journaldesvoisins.com suit le dossier de l’embourgeoisement de ce quartier depuis des années. Ailleurs à Montréal ou en banlieue, l’expansion du métro ou l’arrivée du REM s’est traduit par la construction de nombreux projets de copropriétés ou d’appartements locatifs, souvent hors de portée des locataires actuels. L’effervescence immobilière aux abords de la gare Montmorency de la ligne orange du métro à Laval, ou de la gare du REM du Quartier Dix-30, à Brossard, en sont des exemples spectaculaires.

Le phénomène est amplifié par le fait que les projets de transport en commun se financent désormais en partie par l’imposition aux promoteurs de contributions aux réseaux de transport, lorsqu’ils construisent des immeubles à proximité des gares.

Plus de logement social

Pour la mairesse d’Ahuntsic-Cartierville, Émilie Thuillier, le fait que le REM s’en vient dans le secteur n’empêche nullement le développement de projets de logements sociaux, qui n’ont pas à verser de telles contributions.

« Le REM ne freine donc pas la construction de logements sociaux dans Cartierville, dit-elle. Et nous avons plusieurs exemples, dans l’arrondissement, de conversions d’immeubles vers des logements sociaux, pilotées par des OSBL. Il y en a d’ailleurs un près de la gare Bois-Francs. Et j’espère qu’il y en aura d’autres. »

Le RMM

Mme Thuillier ajoute que pour combattre l’embourgeoisement, l’administration Plante a adopté le Règlement pour une métropole mixte (RMM), en vertu duquel les promoteurs doivent inclure des logements sociaux dans leurs projets, ou contribuer à un projet de logement social à moins de deux kilomètres du leur.

« Le RMM prend tout son sens dans un secteur comme la RUI, où chaque projet privé de construction de logements permet de mousser la proportion de logements sociaux, ajoute la mairesse. On s’est donné comme objectif d’avoir 22% de logements sociaux dans l’arrondissement. Cet objectif s’applique aussi à la RUI. »

Mme Thuillier reconnaît que construire ou convertir des logements sociaux n’est pas simple.

« Les promoteurs ont accès plus facilement à des capitaux pour construire ou rénover des immeubles que des OSBL, dit-elle. Mais les Habitations Nicolas-Viel, qui comptent 45 appartements, ou le projet Olympia, avec 61 appartements, démontrent qu’il est possible de construire des logements sociaux dans l’arrondissement. »

Mme Thuillier avance aussi que l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville s’est doté de moyens afin d’encadrer le développement dans les environs de la gare Bois-Francs, en collaboration avec l’arrondissement de Saint-Laurent, par un règlement particulier d’urbanisme qui aboutira éventuellement à un Plan particulier d’urbanisme (PPU). Ce plan prévoira du logement social dans le secteur.

« Le règlement permettra de préciser où seront les parcs, les écoles, les bâtiments, leur densité et leur hauteur, dit-elle. Des consultations publiques sont prévues. »



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