(Photo : Philippe Rachiele, JDV)

L’arrondissement procédera sous peu à la réfection de l’avenue Grande-Allée entre les rues Fleury et Prieur. Un travail qui nécessite cependant l’abattage d’un tiers des arbres de ce tronçon, un exercice souvent incompris, mais pourtant réfléchi pour l’arrondissement. Les responsables de l’arrondissement ont tenu à expliquer les raisons qui ont motivé cette décision d’enlever des arbres matures, ce qui semble aller à l’encontre de sa politique sur la canopée. 

L’arrondissement a entrepris un travail de réfection de l’avenue Grande-Allée entre les rues prieur et Fleury. La chaussée et les bordures seront notamment refaites ainsi que les entrées de service d’eau en plomb. Rien d’inhabituel si ce n’est l’abattage d’un tiers des arbres du secteur. Le tronçon en question comptait, il y a peu, 82 arbres, certains matures, d’autres nouvellement arrivés. On y compte de multiples essences d’arbres, allant de l’érable de Norvège au frêne. Au final, il n’en restera que 56. L’arrondissement souligne toutefois que cette mesure, drastique, est réfléchie et nécessaire. Cette opération d’une ampleur exceptionnelle  répond au besoin de la situation, selon l’arrondissement.

«Il y a eu des abattages annuellement, là c’est juste que c’est plus concentré un peu parce que les travaux se font sur cette rue-ci», souligne Pierre Francoeur, agent technique général en horticulture et arboriculture à l’arrondissement.

Des arbres dangereux

Les arbres les plus vieux de l’arrondissement ont été plantés dans une période qui tourne autour des années 50-60 et certains de ceux-ci sont maintenus sous «respirateur artificiel». Pour M. Francoeur, dans l’arrondissement, on est conservateur, ce qui incite à garder les arbres le plus longtemps possible et avec le temps,ces arbres sont devenus fragiles.

Les responsables des travaux prennent notamment pour exemple un arbre maintenant coupé, car malade et en fin de vie.  Ce dernier présentait notamment une importante «cicatrice» sur toute sa longueur. Des dégâts causés, entre autres, par le déneigement étaient visibles à sa base. 

Selon Sylvie Bélair, agente technique en horticulture et arboriculture à l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, ce dernier était aussi infecté par une carie de racine.

« Une carie est un champignon qui va se développer au niveau de la racine et qui influence la stabilité de l’arbre», précise Mme Bélair.

Dans le cas présent, l’arrondissement souligne qu’une analyse de risque a été faite sur les arbres pour évaluer s’il était prudent de les garder durant les travaux. Les horticulteurs et arboriculteurs de l’arrondissement qui suivent depuis quelque temps la santé des arbres ont déterminé que les arbres identifiés représentaient un risque de chute durant la durée des travaux et qu’ils ne seraient pas en mesure de survivre au stress qui leur sera infligé.

«Les arbres qui sont ici sont sous surveillance depuis 11 ans […] ils ne vont pas tolérer les travaux», souligne Mme Bélair.

Incompréhension

Mme Bélair admet ne pas toujours comprendre la réaction de certains citoyens devant l’abattage des arbres.

Si l’arrondissement procède à l’abattage des arbres dans l’arrondissement et plus précisément dans le secteur de l’avenue Grande-Allée, c’est toujours pour des motifs justifiés. Même s’ils semblent à première vue en bonne santé, certains peuvent cacher des problèmes importants et ce n’est jamais de gaieté de cœur que les responsables prennent cette décision.

«Quand on décide de mettre un arbre à l’abattage, c’est qu’il est vraiment dû», insiste Mme Bélair.

Les travaux de réfection de l’avenue Grande-Allée devront se poursuivre jusqu’à l’automne. Chaque côté de l’avenue sera traité, l’un après l’autre. Dès que les travaux seront terminés, les arbres devraient être replantés, d’ici le printemps suivant si tout se passe bien.

«Normalement quand on plante […] on préfère les planter au printemps de façon à ce qu’ils aient une saison de croissance avant de passer l’hiver», souligne M. Francœur.

Pour le moment,  l’arrondissement plante près de 1000 arbres par année, un nombre bien au-dessus de sa capacité réelle qui est normalement de 330 arbres.

Des citoyens récalcitrants

En dehors de toutes les considérations techniques, les employés municipaux voient leur travail compliqué par le refus de certains citoyens.

En effet, pour des raisons diverses, certains résidants de l’arrondissement n’hésitent pas à empêcher la replantation d’un arbre.

Que ce soit pour le simple fait d’avoir un arbre sur leur terrain ou parce qu’ils n’apprécient pas l’essence d’arbre planté, des résidants détruisent parfois la pousse qui vient tout juste d’être plantée par les employés municipaux.

Ces citoyens réfractaires aux arbres utilisent du sel, de l’eau de Javel, ou arrachent simplement le plant. Il est même arrivé que la police soit appelée en renfort pour protéger les employés municipaux qui se chargent du reverdissement.

Pourtant, comme le dit Pierre Francoeur, en ville, sans arbres, ce serait invivable.



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