Le chiffre qui coiffe ce texte est évidemment le titre d’un célèbre roman de Georges Orwell. Il désigne aussi une année importante pour le cyclisme à Montréal.
L’administration Drapeau-Lamarre, réagissant à des années d’actions militantes de groupes comme Le Monde à bicyclette et au travail de lobbyisme de Vélo-Québec, lançait la construction de la première piste cyclable pour la pratique utilitaire du vélo à Montréal.
C’est dans notre arrondissement que les travaux pour créer un axe de circulation sécuritaire du nord au sud de l’île commencèrent. Le segment Gouin-Crémazie, sur l’avenue Christophe-Colomb, est en effet le premier tronçon à avoir été aménagé. Du boulevard Henri-Bourassa à la rue Sauvé, le mail central est enlevé et une piste bidirectionnelle est aménagée du côté ouest de la chaussée.
Malgré son succès pendant des décennies, cette piste demeure un couloir isolé plutôt que la colonne vertébrale d’un véritable réseau cyclable. La conception du cyclisme comme activité récréative demeure depuis longtemps ancrée profondément au sein des administrations municipales.
On aime pédaler!
L’augmentation de popularité du vélo à Montréal, comme mode de transport personnel depuis une dizaine d’années, est néanmoins évidente. Le plus remarquable est l’extension de la pratique du vélo en hiver.
L’apparition du Réseau express vélo (REV), dont l’axe 1 emprunte les rues Berri et Lajeunesse dans notre arrondissement, apporte enfin un élément réellement structurant au réseau local. Cela contribue largement au succès des pistes sur les rues Sauriol et Prieur. La qualité des aménagements des pistes unidirectionnelles du REV met dorénavant plus crûment en lumière les déficiences importantes au niveau de la sécurité de la piste de l’avenue Christophe-Colomb.
Tous les usagers de l’avenue Christophe-Colomb, qu’ils soient piétons, cyclistes ou automobilistes, connaissent les trop fréquentes interactions périlleuses à plusieurs intersections, notamment Henri-Bourassa, Sauvé, de Louvain, Legendre, Émile-Journault et surtout Crémazie.
En voulant isoler les cyclistes de la circulation, les planificateurs des années 1980 en ont trop fait dans certains secteurs. Les cyclistes croisent ainsi au dernier instant la circulation automobile aux intersections entre de Louvain et Émile-Journault. Cela les rend peu visibles et provoque un effet de surprise désagréable lorsqu’ils apparaissent dans le champ de vision des automobilistes.
L’élément le plus stressant pour tous les types d’utilisateurs est la pratique du virage vers l’ouest par les automobilistes qui arrivent du sud. Le peu de temps laissé pour exécuter ce virage à la fin des cycles des feux de circulation induit des manœuvres précipitées et risquées. Il en résulte de violentes collisions. Si dans le cas des automobilistes les dommages sont souvent des blessures, ces interactions peuvent être mortelles pour les piétons et cyclistes.
L’effet COVID
L’instauration rapide des Voies actives sécuritaires (VAS) temporaires, à l’été 2020, durant la pandémie, nous a donné un magnifique aperçu des avantages d’un réseau avec des pistes unidirectionnelles de chaque côté de la chaussée.
Parmi toutes les VAS qui ont été mises en place cet été-là, les aménagements sur Christophe-Colomb ont été parmi les plus populaires. Cela en démontrait la réelle nécessité. Une manifestation de plusieurs centaines de cyclistes à l’appel d’Ahuncycle avait d’ailleurs demandé leur maintien.
Les piétons et cyclistes de l’arrondissement seront heureux de voir se concrétiser dès cette année le réaménagement de l’avenue Christophe-Colomb avec des pistes unidirectionnelles de chaque côté de la chaussée.
Il est à espérer que les aménagements y seront à la hauteur de ceux du REV. Les intersections doivent devenir plus sécuritaires pour tous. Il faut donc que les interactions y soient prévisibles, que la visibilité des piétons et cyclistes soit favorisée et que les cycles des feux de circulation soient soigneusement planifiés.
Espérons aussi qu’une bonne place sera faite à la végétalisation et à la perméabilisation des sols là où c’est possible, notamment entre Émile-Journault et Crémazie du côté ouest.
Une inquiétude demeure: que le transport collectif soit le grand négligé de ce projet. L’avenue Christophe-Colomb a également besoin d’un circuit d’autobus continu à bonne fréquence, comme solution de rechange à l’automobile.
Ce texte a été publié dans la version imprimée du Journal des voisins, le Mag papier d’avril-mai 2023, à la page 39. L’auteur de cette chronique Vert… un avenir possible, Jacques Lebleu, est photographe, artiste visuel, militant écologiste et membre de la Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville.
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