La population d’Ahuntsic, entre autres, retient son souffle dans l’épineux dossier du prolongement de l’autoroute 19 (l’A-19), au nord de l’A-440 à Laval, et ses conséquences sur la circulation de transit à la sortie du pont Papineau.
C’est que le gouvernement Québec pourrait finalement faire son nid en avril sur un débat qui perdure depuis des décennies; les maires et groupes d’intérêt de la couronne Nord favorisent la continuité de l’autoroute au nord de la 440 à Laval (de préférence jusqu’à l’A-640) avec une voie réservée alors que les partisans du transport en commun, de l’environnement et de la sécurité de la population (comme ici dans Ahuntsic) souhaitent tout simplement un boulevard urbain.
Alors que le PQ et la CAQ sont favorables au projet autoroutier (la lutte entre les deux sera farouche à l’élection provinciale du 1er octobre dans plusieurs circonscriptions du nord de Laval), le gouvernement libéral au pouvoir souffle présentement le chaud et le froid.
Ce qui est important de retenir, c’est que le gouvernement lancera en avril sa politique de la mobilité durable et participera à un forum sur le transport organisé par le maire de Laval, Marc Demers, et ses acolytes des municipalités des Basses-Laurentides et de Lanaudière.
À l’approche de l’élection, le monde politique de la rive-nord de Montréal se bat bec et ongles pour améliorer les déplacements de 800 000 personnes, quand même dix pour cent de la population, comme se plaît à le rappeler le maire Demers.
Fortin-boulevard urbain
Le nouveau ministre des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports, André Fortin, sera présent au forum lavallois. Mais il a déjà fait savoir qu’il voyait d’un bon œil le prolongement de l’A-19 en boulevard urbain (le gouvernement sauverait une dépense de 600 millions$).
Cette position est privilégiée par les acteurs politiques d’Ahuntsic-Cartierville, dont Marie Montpetit, la députée libérale de Crémazie (Maurice-Richard) et Émilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville.
En outre, cette position est également appuyée par bon nombre de groupes d’intérêt qui ont la sécurité à cœur et qui ne veulent surtout pas d’une hausse du nombre de véhicules à la sortie du pont Papineau, côté montréalais.
Couillard ambigü
Le premier ministre Philippe Couillard n’a pas vendu la mèche, mais il a insisté pour dire que son plan ratissera large.
« Il faut régler ce problème de congestion routière de façon intelligente, a indiqué il y a quelque jours M. Couillard, avec une nette dominance de transport collectif, mais des fois il est bon également de faire des segments routiers pour améliorer les choses », a-t-il ajouté.
Appelé à être plus précis, il a avancé (pour améliorer la situation) le prolongement de l’autoroute 19, mais aussi la venue dans quelques années du Réseau express métropolitain (REM) sans oublier des connexions bonifiées en matière de transport collectif.
Mobilisation Ahuntsic
Interrogée sur la «menace» qui plane, soit celle de devoir composer avec une prolongation d’autoroute qui amplifierait, selon certains, la circulation automobile sur la 19 et par conséquent sur l’avenue Papineau, avec des débordements dans les rues résidentielles du secteur Ahuntsic-Est (Sault-au-Récollet), la mairesse de l’arrondissement a rappelé ses engagements en entrevue au journaldesvoisins.com.
« Nous allons travailler justement cette année sur le Plan de déplacements, un exercice que l’on fait aux 10 ans, a dit la mairesse nouvellement en poste. Déjà, nous avons signifié qu’il ne fallait pas plus de voitures sur l’A-19. Or, un tel projet d’autoroute (au nord de l‘A-440) ne rencontrerait pas les objectifs que la population souhaite », a-t-elle averti.
Projet Montréal, alors dans l’opposition, de même que des groupes de pression ayant tenu une manifestation en septembre dernier, ont toujours dit que le prolongement de l’A-19, entre Laval et Bois-des-Filion, augmenterait la circulation sur l’avenue Papineau, qui est déjà « lourdement congestionnée, contribuant ainsi à augmenter les risques de collisions impliquant des piétons, à diminuer la qualité de l’air et à nuire au commerce ».
« Nous croyons qu’une autre solution est possible dans le dossier de l’A-19 et nous tendons la main à nos concitoyens de la rive nord pour élaborer une solution bénéfique pour tous », avait lancé Raphaëlle Dancette, du Comité Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville.
L’automne dernier, le groupe s’était déplacé au bureau de la députée provinciale de Crémazie afin de remettre une pétition en faveur d’un boulevard urbain, pétition signée par plus de 10 800 personnes et avait organisé la mobilisation citoyenne tôt le matin du 21 septembre pour sensibiliser les automobilistes qui transitent de la rive-nord vers le quartier Ahuntsic et plus au sud.
Marie Montpetit appuie toujours un boulevard urbain
Mais rappelons que Mme Montpetit a toujours fait pression auprès de ses collègues pour «vendre» le boulevard urbain.
« Mme Montpetit s’est fait un devoir, depuis le début de son mandat, a expliqué Jonathan Boursier, attaché politique dans la circonscription, de sensibiliser le ministère des Transports aux enjeux que pourrait poser le projet de parachèvement de l’autoroute 19 pour notre quartier. D’ailleurs, en septembre dernier, Laurent Lessard, alors ministre des Transports, répondait par écrit à une missive de Mme Montpetit à ce propos indiquant qu’il privilégiait l’option d’un boulevard urbain. Suite à la nomination de son collègue André Fortin au poste de ministre des Transports, Mme Montpetit s’est empressée de lui exprimer les préoccupations de plusieurs acteurs et citoyens du quartier sur ce projet. Ce message a été entendu. Effectivement, M. Fortin, en réponse à une question à l’Assemblée nationale le 19 octobre dernier, a affirmé ceci: » Je comprends qu’il faut le voir [le dossier du parachèvement de l’autoroute 19] sous l’angle d’un boulevard urbain, Mme la Présidente, et c’est ce qu’on va faire […] « .»
Le bureau de Mme Montpetit soutient, en conclusion, que les préoccupations des citoyens d’Ahuntsic quant au projet de parachèvement de l’A-19 ont été entendues et prises en compte.
Mais la Coalition encore au créneau
Enfin, La Coalition pour le parachèvement de l’autoroute 19 avec voies réservées au transport collectif vient de nouveau d’intervenir dans le débat, alors qu’aura lieu dans quelques semaines le dévoilement du prochain budget 2018-2019 du gouvernement Couillard.
Elle souhaite que le Plan québécois des infrastructures accompagnant le budget indique clairement que le projet de l’A-19 passe de l’étape de l’«Étude» à celle de la «Planification», comme l’avait promis M. Couillard selon cette Coalition.
Rappelons que le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), dans son rapport de mars 2015, avait recommandé qu’une analyse comparative plus approfondie soit requise entre scénarios d’autoroute à deux voies et scénarios de boulevards urbains.
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