Un couple en plumage d’hiver. – Photo: J. Poitras  – (House Sparrow)  (Passer domesticus)

Allons, avouez-le! Vous avez cru pouvoir y échapper, hein? Après tout, il y a de nombreuses espèces plus attirantes, n’est-ce pas? Eh bien non! Voici le petit mal- aimé de notre faune aviaire, le Moineau domestique.

Mais consolez-vous; il s’agit d’une importation privée. Pas aussi « bourge¹ » qu’un grand cru français, mais une importation privée tout de même.

Quelques dizaines d’individus, amenés d’Angleterre, auraient été relâchés au Central Park de New-York vers 1850. La légende veut qu’un amateur de Shakespeare aurait voulu retrouver dans son environnement immédiat toutes les espèces d’oiseaux citées dans l’une ou l’autre des œuvres de ce grand écrivain.

Quoi qu’il en soit, cet oiseau qui a une longue association avec les humains, s’est rapidement répandu sur le territoire de l’Amérique du Nord.

Description

Le Moineau domestique est de 16 cm de longueur et de forme plutôt trapue. C’est un bon exemple de dimorphisme sexuel.

Un mâle en été. – photo: J. Poitras

Le mâle possède une tête couronnée de gris, une nuque marron, des joues grises, un masque, une gorge et un plastron noirs.

Son dos et ses ailes sont d’un brun-marron striés de noir, son croupion et sa queue sont gris, la poitrine est de couleur gris pâle, et il arbore une barre blanche sur l’aile. Le bec du mâle est gris foncé et une petite tache blanche est apparente à l’arrière de l’œil.

C’est la coloration de la tête et du dos qui lui ont valu son nom de moineau, (petit moine); le gris faisant penser à la tonsure des moines et le brun-marron rappelant la bure portée par ces derniers.

La femelle est plus terne; sa coloration générale est le brun clair avec pour autres détails, des stries noirâtres sur le dos et les ailes, un sourcil chamois, et une barre blanche sur l’aile. Le bec est brun-jaune.

Une femelle en été. – Photo: J.Poitras

En hiver, les couleurs du mâle sont moins prononcées.

Comportement

Le Moineau domestique est grégaire en toute saison. Il peut parfois se joindre à d’autres espèces surtout lorsqu’il s’alimente. Par contre, son comportement agressif est cause de nombreuses querelles tant avec ceux de son espèce, que ceux des autres. Le groupe peut suivre un ennemi potentiel en criant et sautant d’une branche à l’autre d’un arbre ou d’un buisson proche.

On l’entend pépier à toute heure du jour. Son cri ressemble à un « tchripp tchripp » court répété fréquemment. Il peut aussi prononcer un « tchir-tchir-rruup » pour marquer un comportement agressif.

Un groupe s’alimentant à un endroit peut s’envoler soudainement sans raison apparente laissant les individus des autres espèces perplexes sur les causes de cet effroi.

Au sol, il avance en sautillant sur ses deux pattes, et très rarement en faisant des pas.

Une espèce grégaire. – Photo: J. Poitras

Il n’est pas territorial, même en nidification alors qu’il se contente d’éloigner les autres oiseaux des abords proches du nid.

Nidification

Le nid du Moineau est de forme sphérique avec une ouverture latérale. Il est fabriqué d’herbes sèches, de plumes, et de tout autre matériau trouvé à proximité tels que ficelle ou bouts de papier.

Comme dit plus haut, il affectionne les milieux habités par l’homme et de ce fait se sert abondamment des structures de bâtiments. Corniches, avant-toits, granges, nichoirs, partout où il y a une anfractuosité ou une petite ouverture notre volatile y trouvera son compte.

Il peut aussi nicher dans un conifère et parfois même dans un feuillu; son nid se trouvera alors à une hauteur de trois à dix mètres. La femelle y pond environ cinq œufs beiges tachetés de brun. Le Moineau domestique étant grégaire, un grand conifère peut abriter jusqu’à une douzaine de nids si les ressources alimentaires à proximité sont abondantes.

L’incubation dure une dizaine de jours et après éclosion, les deux parents s’occupent des oisillons au nid pendant deux semaines. Après avoir quitté le nid, les petits seront encore dépendants des soins parentaux un peu moins de 10 jours.

La période de nidification débute au début d’avril ou même à la fin de mars selon les conditions climatiques. Cette nidification hâtive permet une deuxième, et parfois, une troisième couvée pour un même couple. Il est à noter que le Moineau est généralement monogame.

Alimentation 

Les adultes sont granivores bien qu’ils ne fassent pas la fine bouche en présence d’un insecte dodu. J’en ai déjà vu un pourchasser un papillon en essayant d’adapter son vol avec celui saccadé de sa proie.

Vers la fin de l’été, on les voit se déplacer en bandes dans les champs de culture fourragère ou de graminées alimentaires. Tous ceux qui ont déjà installé une mangeoire dans un milieu urbain ou péri-urbain, vous diront qu’une troupe de moineaux a vite fait de l’adopter. Et quand la réserve de graines s’amenuise sous leurs assauts répétés. Le bloc de suif fait très bien l’affaire.

Les jeunes nourris par leurs parents ont un régime alimentaire composé à plus de 50% d’insectes.

Territoire et répartition 

Le Moineau domestique est originaire d’Eurasie où il couvre un grand territoire. Il a été implanté avec succès, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud, en Amérique du Nord, en Amérique Centrale, et dans la portion méridionale de l’Amérique du Sud.

Au Canada, son aire de répartition s’étend de la frontière avec les États-Unis, jusqu’à la limite des arbres au nord. La densité de sa population varie d’une région à l’autre en fonction de la colonisation d’un territoire donné par les humains. Les grandes villes lui sont particulièrement favorables. Les étendues désertiques, où sa nourriture de prédilection est rare, ne comptent que peu d’individus. De même, les grandes forêts qui sont peu habitées par les hommes, le sont encore moins par les moineaux.

Au Québec, la vallée du Saint-Laurent, l’Outaouais, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, et l’Abitibi-Témiscamingue, territoires bien occupés par les humains, sont les régions où la densité de Moineaux domestiques est la plus forte.

On en retrouve aussi aux Iles-de-la-Madeleine, et sur la Côte-Nord.

Tendances 

Depuis son introduction, à la fin du XIXe siècle, le Moineau domestique a d’abord connu une forte progression de sa population, aidé en cela par la présence de nombreux chevaux. En effet, les graines échappées par terre lorsque l’on nourrissait ces bêtes de trait et de promenade, ainsi que la présence de grains non digérés dans leur crottin ont fait la joie de ces « nouveaux arrivants ».

Par après, avec la généralisation de l’automobile et le changement dans les pratiques agricoles, on a noté un certain déclin. Déjà notée lors de la parution du premier Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional, cette tendance au déclin a été confirmée par la seconde parution de cet ouvrage.

Au risque de me répéter, ma mangeoire n’est pas un critère de référence pour mesurer  le déclin de la population de ce passereau. En effet, à ma mangeoire, il y en a toujours une bande prête à la vider en deux jours.

Espèces similaires 

En Europe, on compte six espèces de moineaux, et trois autres espèces si on ajoute l’Afrique du Nord et le Moyen Orient. Dans le monde entier, il y aurait trente-neuf représentants de cette famille.

En Amérique du Nord, une seule autre espèce a été introduite avec succès; le Moineau friquet. Le dessus de sa tête est d’un brun-marron et il a les joues blanches avec une tache noire au centre. Son plastron est moins large que celui du Moineau domestique. Le reste du corps est assez similaire d’une espèce à l’autre.

Il y en a une population stable dans un territoire qui chevauche l’Illinois, le Missouri, et l’Iowa.

Les Français le surnomment « piaf », à cause de son cri. Il est à l’origine du nom de scène d’une célèbre chanteuse française prénommée Edith, que l’on appelait affectueusement à Paris « La Môme Piaf ».

  1. Diminitif peu flatteur de «bourgeois».

 

 

 



Restez informé

en vous abonnant à notre infolettre


Vous appréciez cette publication du Journal des voisins? Nous avons besoin de vous pour continuer à produire de l’information indépendante de qualité et d’intérêt public. Toute adhésion faite au Journal des voisins donne droit à un reçu fiscal.

Nous recueillons des données pour alimenter nos bases de données. Pour plus d’informations, veuillez vous reporter à notre politique de confidentialité.

Tout commentaire sera le bienvenu et publié sous réserve de modération basée sur la Nétiquette du JDV.

S'abonner
me prévenir de
guest
1 Commentaire
Les plus vieux d'abord
Nouveau d'Abord Avec le plus de votes
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
Jean Pierre Pratte
Jean Pierre Pratte
2 Années

Désolé. mais le monsieur qui trippait sur Shakespeare a plutôt importé l’Étourneau sansonnet. Pour le moineau domestique c’est une autre histoire mais il est aussi importé d’Europe.

Vous pourriez aussi aimer ces articles

Coin communautaire – Semaine du 11 septembre 2023

Atelier d’information sur le logement social : Vous voulez connaître les différents types…

Une résidente d’Ahuntsic chamboule la réglementation sur les poulaillers urbains

Élise Leïzour est parvenue à faire avancer la législation sur les poulaillers…

Jeux de la rue: un tournoi de soccer pour les jeunes

Attention au carton rouge! Les Jeux de la rue sont de retour…

Une marche pour les droits des femmes à Ahuntsic

Le 8 mars est la Journée internationale des droits des femmes. L’occasion…