Les premiers Ukrainiens fuyant la guerre sont arrivés chez nous. Obtiendront-ils tous les services, notamment les cours de français, pour mieux s’intégrer à la société québécoise? La réponse est : oui.

Plusieurs résidants d’Ahuntsic-Cartierville d’origine ukrainienne s’inquiètent de leurs proches, qui ont choisi de demeurer ou sont retenus dans leur pays d’origine. Par contre, plus de deux millions d’Ukrainiens avaient fui leur pays à la mi-mars. Plusieurs milliers d’entre eux sont attendus ici. Au 15 mars, plus de 7000 étaient déjà arrivés au Canada, selon Radio-Canada. Alors que l’aide s’organise, comment ceux qui aboutiront dans Ahuntsic-Cartierville seront-ils accueillis?

L’immigration est une compétence partagée entre le gouvernement fédéral et québécois. Québec sélectionne lui-même ses immigrants en fonction de ses propres critères, selon une entente signée en 1991 par les gouvernements de Brian Mulroney et de Robert Bourassa.

Mais cette entente ne couvre pas les réfugiés, une juridiction fédérale exclusive. Et, considérant les traités signés par le Canada, Ottawa ne peut refuser l’asile d’une personne qui se dit réfugiée. Or, la guerre complique l’accueil des Ukrainiens qui fuient leur pays. Vont-ils retourner en Ukraine après les hostilités ou rester ici pour de bon? Pour faciliter leur accueil, Ottawa a créé un statut spécial, l’Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine, qui leur permet de travailler et d’étudier chez nous.

Comment seront accueillis ceux qui vont s’installer à Montréal, notamment dans Ahuntsic-Cartierville? En fait, Québec les prend en charge directement à leur arrivée à l’aéroport et leur offre divers services : hébergement temporaire, aide à la recherche d’un logement permanent, aide financière d’urgence, inscription des enfants à l’école, couverture de l’assurance maladie, aide à l’emploi… Québec a annoncé que cette aide sera offerte par plusieurs agences gouvernementales, en collaboration avec les organismes du milieu.

Francisation

Les Ukrainiens auront notamment un coup de pouce pour s’intégrer à la vie collective par des cours sur la société québécoise et un appui à leurs démarches formelles d’immigration.

Normalement, pour avoir droit à des cours de francisation, une personne doit avoir un statut de réfugié ou de résident permanent. Mais Immigration Québec a confirmé au Journal des Voisins que les Ukrainiens auraient droit à des cours de français rémunérés, jusqu’à 200$ par semaine par personne.

Mais cette aide est conditionnelle : ils ne peuvent recevoir d’aide financière de dernier recours, une prestation de l’assurance-emploi ou de la CNESST, une mesure de soutien à la main-d’œuvre ou une aide du Régime québécois d’assurance parentale.

Ils pourront toutefois obtenir un coup de pouce financier pour les transports, pour se rendre à leurs cours. L’aide est calculée en fonction des tarifs du transport en commun. La demande d’aide se fait à l’inscription des cours.

Les Ukrainiens ont également droit à une aide financière pour la garde de leurs enfants pendant leurs cours de français, jusqu’à 25$ par enfant. Si les deux parents suivent des cours, le couple n’a droit qu’à une seule allocation de 25$. Cette aide couvre également les personnes handicapées.

Pas encore installés?

Au Centre d’appui aux communautés immigrantes (CACI) de Cartierville, on nous a signalé que l’organisme n’avait pas encore reçu de demande d’aide provenant de réfugiés ukrainiens. Mais le CACI avait reçu beaucoup d’appels, notamment pour la francisation. On nous a confirmé qu’on s’attendait à recevoir de nombreuses demandes à ce chapitre au cours des prochaines semaines.

Au Carrefour d’aide aux nouveaux arrivants(CANA) d’Ahuntsic, on s’attend à accueillir quelques dizaines de réfugiés ukrainiens, dont des familles, au cours des prochaines semaines. Ceux qui sont déjà arrivés se comptent sur les doigts d’une seule main…

« On a des échanges avec le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal sur une base régulière, au sujet des mesures d’accueil et des services que nous leur fournirons, explique Isabelle Saine, directrice générale du CANA. On se prépare. »

Priée de commenter l’accueil de réfugiés ukrainiens dans sa circonscription d’Ahuntsic-Cartierville, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly n’a pas encore fait suite à nos demandes d’entrevues.

Si Cartierville est reconnu comme un des plus importants quartiers d’accueil pour les immigrants récents dans la métropole, depuis près d’un siècle, Rosemont est le quartier de Montréal où les Ukrainiens sont les plus présents et les plus organisés.

En 2016, les Ukrainiens d’origine représentaient 3,8% de la population canadienne. Les premiers Ukrainiens à s’installer au pays étaient des agriculteurs installés dans l’Ouest canadien, dès les années 1890. Pendant la Première Guerre mondiale, des milliers d’immigrants ukrainiens qui n’avaient pas été naturalisés ont été déclarés ennemis du pays et internés dans des camps, notamment en Abitibi. Après la Deuxième Guerre mondiale, beaucoup d’immigrants ukrainiens s’installent dans le nord de l’Ontario et au Québec, pour travailler dans les mines et l’agriculture. Un des monuments les plus célèbres de Val-d’Or est son église orthodoxe russe de Saint-Georges, où a longtemps officié un prêtre… ukrainien, le père David Shevchenko. Rouyn-Noranda et Val-d’Or ont chacune leur église ukrainienne.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’immigration ukrainienne est surtout urbaine et concentrée à Toronto et Montréal. Le Canada abrite la deuxième population d’origine ukrainienne au monde après la Russie, avec 1,4 million de Canadiens aux racines ukrainiennes. La vice-première ministre et ministre des Finances du cabinet Trudeau, Chrystia Freeland, dont les ancêtres maternels ukrainiens ont immigré ici dans les années 1950, est persona non grata en Russie depuis 2014 en raison de ses positions critiques envers le régime de Vladimir Poutine.

 



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