Des morceaux de la statue d’Ahuntsic devant l’église de la Visitation ont été détruits. (Photo : courtoisie, Jocelyn Duff)

La statue d’Ahuntsic, installée devant l’église de la Visitation depuis plus d’un siècle, a subi de graves actes de vandalisme. Une destruction à coup de masse ou de marteau a démoli une partie de l’œuvre.

La main droite a été coupée alors que la lance, la houppette et les doigts de la main gauche ont été cassés. On voit aussi des coups portés au visage.

C’est Jocelyn Duff, architecte et membre de la Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville (SHAC) qui a attiré l’attention du public au sujet de cet événement en publiant notamment des photos de la statue dégradée.

C’est la deuxième fois que la statue d’Ahuntsic est attaquée. Elle avait été restaurée en 2009, grâce à un don privé de deux paroissiennes.

(Photo courtoisie, Jocelyn Duff)
(Photo courtoisie, Jocelyn Duff)

« Le statu quo, sans vouloir faire un mauvais jeu de mots, n’est pas acceptable », a souligné M. Duff

Pour lui, cette détérioration est un acte symbolique violent qu’il faut mettre dans son contexte.

« La statue du père Nicolas Viel n’a pas été touchée », a-t-il signalé.

Même s’il refuse d’aller sur le chemin des spéculations, il invite les autorités et le public à la réflexion.

« Ce n’est pas une dégradation avec de la peinture qu’on pourrait facilement nettoyer. C’est un acte de destruction », a-t-il fait remarquer.

En publiant ses photos sur sa page Facebook et celle de la Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville, il a pu noter beaucoup de réactions d’incompréhension.

(Photo courtoisie, Jocelyn Duff)
(Photo courtoisie, Jocelyn Duff)

Problématiques

La statue d’Ahuntsic, le jeune Français qui avait vécu avec les Hurons et qui accompagnait le père Nicolas Viel, a été vandalisée lors de la crise d’Oka en 1990. Il aurait fallu donc plus de 19 ans pour la voir réhabilitée.

« On en appelle à la sensibilisation des gens du quartier. Nous devons être fiers de cette représentation des liens du quartier avec les peuples autochtones », a indiqué un des marguilliers du conseil de fabrique de la paroisse, Patrick Goulet.

Même s’il reconnaît que le contexte historique lié à Ahuntsic est plus complexe que la simple représentation d’un autochtone qui aurait donné son nom au quartier.

« Notre lieu de résidence a un nom autochtone. Il faut utiliser ces représentations comme des outils didactiques pour expliquer l’histoire », a-t-il convenu.

De son côté, le conseiller en histoire, lui-même Huron-Wendat, Médérick Sioui, a déclaré au JDV:

« À première vue je ne considèrerais pas Ahuntsic comme une figure représentative du peuple Huron-Wendat, mais le fait qu’il ait été vandalisé une première fois pourrait supposer un acte haineux. »

Les deux statues, celle d’Ahuntsic et de Nicolas Viel, posaient déjà un problème à cause des inscriptions sur leurs socles qui avancent que le père Viel et son compagnon ont été tués par « les méchants Hurons ». Une version largement remise en question par des historiens.

« Il faut faire attention à ce qui a été écrit. Ce genre d’incident [la noyade] pouvait être exploité par les autres peuples pour tirer profit des échanges et des relations avec les Français à l’époque », a avisé M. Sioui.

Il renvoie à ce sujet la thèse avancée par Bruce G. Trigger dans son livre Les Enfants d’Aataentsic: L’Histoire du Peuple Huron qui tente de donner la version de l’événement vue de l’angle des autochtones.

« Nous ne sommes pas d’accord avec le texte [sur le socle des statues]. Il faudrait contextualiser tout cela », a relevé pour sa part le marguillier Patrick Goulet.

Toutefois, la décision dépend du Conseil du patrimoine culturel du Québec.

Combien de temps devrait-on attendre cette fois avant de restaurer la statue d’Ahuntsic? Quand verra-t-on une initiative concernant les plaques explicatives?

Il est certain que la fabrique n’a pas les moyens de réparer la statue et a les mains liées concernant les inscriptions.

« Peut-être qu’il serait utile de cacher les statues pour les préserver en attendant des solutions définitives », a suggéré pour sa part M. Goulet.

Une action difficile à mettre en œuvre. Elles sont fixées dans du béton armé.



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