L’arboretum du Parcours Gouin. (Photo : François Robert-Durand, JDV)

Très peu de gens le savent, mais un labyrinthe végétal comprenant des arbres très rares est situé dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. Cet endroit, tout près du parc Maurice-Richard et de l’avenue du Park Stanley, est toutefois peu entretenu et manque cruellement de visibilité.

Inaugurée en 2015, la forêt urbaine IDENT-Cité comprend 27 espèces uniques. Que ce soit le pin blanc du Japon Glauca, l’épinette de Norvège Cupressina ou le sapin de Corée, le labyrinthe sous forme de spirale regorge d’arbres qu’on ne croise certainement pas tous les jours dans les rues de Montréal.

Plus on se rapproche du centre de l’aménagement, plus les plantes sont rares. Les extrémités en comprennent qui sont un peu plus communes, telles que l’érable de Pennsylvanie. Il s’agit d’un bel exemple de biodiversité sur une île où la grande majorité des arbres sont limités à quelques espèces.

 Une situation désolante

Récemment, une lectrice a mentionné au journaldesvoisins.com que l’endroit était défraîchi et mal entretenu. Nous avons donc décidé de faire un tour à l’arboretum et le même constat a été fait.

D’abord, rien n’est planifié afin de mettre l’endroit en valeur. Même s’il est situé tout juste derrière le pavillon d’accueil du Parcours Gouin, rien n’indique la présence de ce mini jardin botanique tout près : aucune pancarte ou autre type de signalisation aux alentours n’indique le chemin vers celui-ci.

Il est caché derrière de grands arbres et aucun sentier ne s’y rend; il n’y a pas d’aménagement pour en faciliter l’accès ou le rendre plus visible. D’ailleurs, plusieurs citoyens rencontrés au parc Maurice-Richard ignoraient l’existence même de l’endroit situé à quelques mètres seulement.

À l’inauguration du « musée d’arbres » en 2015, l’arrondissement devait installer un mobilier urbain, tel que de grosses pierres pour s’asseoir, mais cela ne semble jamais s’être concrétisé.

Malgré son caractère unique, l’espace n’a pas été mentionné dans un récent dépliant distribué par l’arrondissement recensant les nombreuses activités offertes dans Ahuntsic-Cartierville cet été, et ce, malgré l’inclusion du pavillon du Parcours Gouin dans la brochure.

De plus, le labyrinthe est mal entretenu. Le gazon est coupé de manière inégale et certains endroits sont carrément ignorés. Dans certaines parties, le sol a même pris une couleur jaunâtre. Les petites barrières métalliques protégeant les plantes, elles, sont brisées à certains endroits.

Une clôture mal en point dans l’arboretum du Parcours Gouin. (Photo : François Robert-Durand, JDV)

Il est intéressant de noter qu’en 2017, un contrat de plus de 78 000 $ avait été octroyé à une entreprise pour des travaux d’aménagements paysagers, mais ceux-ci étaient spécifiquement pour le contrôle de la renouée japonaise, selon l’arrondissement.

Également appelée renouée du Japon, cette plante envahissante est très difficile à éradiquer.

Du travail à faire

Lorsque le JDV a joint par courriel Alain Paquette, professeur à l’UQAM à l’origine de ce projet, il a partagé nos observations et s’est dit triste de la situation. Il a aussi ajouté :

« Je travaille justement à trouver une solution avec l’arrondissement et ça avance bien – il est d’accord aussi avec cet état de fait, en passant. Vous savez certainement que la main d’œuvre dans le domaine est rare (et travaille souvent mal), alors ce n’est pas facile. »

Le JDV a tenté à maintes reprises d’adresser la parole aux responsables de ce projet à l’arrondissement, mais en vain. Malgré de nombreux délais accordés, seule une réponse par courriel a été acheminée. Marlène Ouellet, chargée de communication pour l’arrondissement, a indiqué ceci à propos de l’absence des aménagements promis en 2015 et de signalisation pour mettre en valeur l’arboretum :

« La mise en évidence de la spirale est très pertinente. Il apparaît que la prise en charge dans le temps de ce projet particulier doit évidemment se poursuivre. » Puis, concernant le manque d’entretien, elle explique qu’il résulte du fait qu’il y a « trop peu de ressources humaines, trop de projets à entretenir ».

Elle termine ainsi :

« La division des parcs de l’arrondissement hérite parfois de projets conçus par la Ville-centre, ou dans d’autres contextes spécifiques (comme la spirale). Il en résulte de nombreux projets dont certains nécessitent un entretien soutenu avec pratiquement les mêmes ressources sur le terrain pour réaliser le travail, en plus de l’entretien quotidien des parcs. »

Vu le manque de coopération de la part des acteurs concernés, il est difficile de connaître ce que le futur réserve à l’arboretum et si des travaux d’aménagements auront bel et bien lieu.

Cela n’empêche toutefois pas les résidants de visiter ce site unique, manquant toutefois un peu d’amour et de mise en valeur.

Arboretum vu du ciel (Photo Google Maps)



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Chistian Paquin
Chistian Paquin
1 Année

Je viens de recevoir cet article fort instructif d’un ami sur facebook. Je passe fréquemment sur la piste cyclable et je ne connaissais pas. J’y vais de ce pas.

Pierre Lachapelle
Pierre Lachapelle
1 Année

« Qui trop embrasse mal étreint.» Votre reportage révèle que les autorités de notre arrondissement s’engagent tout azimut dans une foule de projets, qui touchent les parcs, le verdissement des espaces libres, le reboisement des rues et des parcs, sans mesurer semble t-il tout l’entretien qui doit suivre par la suite, pour assurer la pérennité de ces aménagements. Nos élus et les fonctionnaires ont accueilli ce nouvel arboretum rue Parc Stanley. Savaient-ils que les jardins de l’école secondaire Sophie-Barat (cour avant) constituent aussi une collection variée d’arbres, héritage de la période où ce collège était dirigée et gérée par les Dames du Sacré-Cœur. Période qui a été suivie vers 1960 par le prise en main par la CECM, aujourd’hui le Centre de services scolaires de Montréal. N’aurait-il pas fallu entretenir et consolider cet arboretum avant d’en accueillir un nouveau ?

Grenier Jocelyne
Grenier Jocelyne
1 Année
Répondre à  Pierre Lachapelle

Je crois qu’il serait possible de solliciter des résidents à venir prêter main forte pour un entretien périodique de ces endroits qui manquent d’amour.

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