Dans cette nouvelle série de portraits, le Journal des voisins vous invite à la rencontre des élus de notre arrondissement. Qui sont ceux qui travaillent à l’amélioration de la qualité de vie à Ahuntsic-Cartierville, au sein de la municipalité? Notre journaliste les a rencontrés autour d’un café pour moult confidences.
C’est au parc des Hirondelles que le Journal des voisins (JDV) rencontre Jérôme Normand, conseiller de la Ville du district du Sault-au-Récollet. Venu se confier sur les apprentissages de ses deux mandats, il offre par ailleurs une véritable leçon d’engagement et de résilience.
En 2017, Jérôme Normand remporte les élections contre Lorraine Pagé, alors conseillère de la Ville du district du Sault-au-Récollet depuis 2013 (sous la bannière du parti Vrai changement pour Montréal). Les pourcentages affichent 49-45, en faveur de celui qui se décrit comme «un inconnu qui débarque».
Cette année qu’il qualifie de «riche en émotion» marque en effet son entrée en politique tandis que l’administration Plante arrive au pouvoir. S’il arrive alors avec un fort bagage en développent durable et en environnement, Jérôme Normand était loin de se douter d’entrer en politique avant 2015.
Graphiste et mécanicien
Jérôme Normand vit sa jeunesse dans l’arrondissement de Rosemont, mais suit sa scolarité à Ahuntsic. D’abord élève à l’école alternative Atelier, il intègre ensuite l’École secondaire Sophie-Barat puis le Collège Ahuntsic. L’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville constitue donc son «quartier d’adoption», où il vit actuellement avec sa compagne et ses enfants.
Graphiste de formation, Jérôme Normand entame un parcours créatif alimenté par sa passion pour la photographie et le dessin. Le monde de la publicité finit d’achever ses ambitions. «Je n’aimais pas trop le fait de mettre mon talent artistique au profit de grandes compagnies. […] Ce que j’espérais être créatif a fini par ne pas l’être», se souvient le conseiller de la Ville.
Voulant revenir à quelque chose de plus manuel, Jérôme Normand se lance alors dans la mécanique automobile. Il part travailler chez un concessionnaire, et si la formation lui plaît beaucoup, le quotidien lui apparaît trop militaire.
C’est finalement par un emploi d’été à la société d’État Recyc-Québec qu’il apprend l’ouverture d’un poste au conseil d’administration d’Environnement JEUnesse (ENJEU). « Là, j’ai découvert qu’on pouvait travailler en environnement. Même au secondaire, j’ignorais que cela était possible», sourit-il.
Changer le monde
D’abord chargé de projets en gestion des matières résiduelles à ENJEU, il prend par la suite la direction de cet organisme sans but lucratif durant dix ans. «Je n’avais pas toutes les compétences à l’époque, mais j’étais convaincu et convaincant», se souvient Jérôme Normand.
En tant que chargé de projets, il coordonne le projet de Cégep vert du Québec, une certification environnementale spécifique aux milieux collégiaux. L’éducation à l’environnement est alors intégrée aux établissements scolaires.
À titre de directeur général d’ENJEU, il participe aussi activement à la réalisation de la Maison du développement durable. Cédé sur la base d’un bail emphytéotique par Hydro-Québec, le bâtiment est le premier au Canada à recevoir la certification LEED Platine en 2011.
Jérôme Normand décrit une époque où la question de l’environnement restait méconnue. Il participe fortement à des activités de mobilisation, avec la volonté de changer le monde. À l’époque, cela passe par amener des recommandations à Québec, à vélo, avec une «belle gang de jeunes, vue comme une gang d’hurluberlus».
«Là, on se projette quinze ans plus tard, le vélo d’hiver est presque acquis… les temps ont changé! C’était le fun, on se battait contre vents et marées», se rappelle-t-il. Cette période témoigne des premières marches pour la Terre, de grandes mobilisations étudiantes et de nombreuses actions se référant au Protocole de Kyoto.
Trouver sa place
Son expérience à ENJEU lui a ainsi permis de «trouver sa place» et de consolider son expertise. Il suit alors un programme court de deuxième cycle en environnement et se spécialise avec une maîtrise en administration des affaires (MBA) pour devenir cadre. Dans le même temps, Emilie Thuillier mène son premier mandat à titre de conseillère de la Ville du district d’Ahuntsic.
Jérôme Normand explique trouver son travail «inspirant» à l’époque. Il se retrouve dans les projets d’urbanisme, d’écologie et de gestion des déplacements actifs ou collectifs. Lors des élections de 2013, il participe à titre de bénévole sans «savoir dans quoi [il] s’embarquait».
En 2017, il se présente finalement à titre de conseiller de la Ville et remporte l’élection contre Lorraine Pagé dans le district du Sault-au-Récollet. Il siège alors sur la Commission sur l’eau, l’environnement et le développement durable de la Ville-centre. En 2021, il a considérablement augmenté ses appuis et remporte un deuxième mandat contre Gaetana Colella d’Ensemble Montréal.
Dans le même temps, il se voit proposer la présidence de la Commission de l’aménagement de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Son premier mandat à titre de conseiller de la Ville lui amène par ailleurs moult autres responsabilités, notamment la gestion des inondations printanières de 2017 et 2019.
La théorie et la pratique
Questionné par le JDV sur le plus grand apprentissage de son parcours en politique, Jérôme Normand évoque la composition avec la critique. Il explique l’exercice complexe de faire la part des choses: «Cette critique abrasive, qui souvent – on va se le dire – est à la limite de l’intimidation ou du harcèlement, c’est usant», tonne le conseiller, rappelant que les gens satisfaits font rarement des commentaires.
«C’est un don de soi incroyable d’être en politique. On veut participer à notre milieu de vie et travailler à l’améliorer. Évidemment, il y a des impacts sur certains quand on prend des décisions, car ce n’était pas la solution qu’ils voulaient voir, même si elle sert la majorité», explique-t-il, assurant que chaque décision du parti est basée sur la science et la santé publique.
La solution? «Ne pas lire les commentaires sur Facebook le soir, avant de se coucher, ni ramener trop de travail la fin de semaine en dehors de ce qui est prévu», sourit l’élu. Il tient aussi à rappeler que certaines décisions sont finalement de la responsabilité du gouvernement provincial, notamment les services sociaux ou les questions d’itinérance.
«Des gens associent les politiques à la corruption parce que c’est ce qu’on a vécu au Québec comme ailleurs durant des années. Ils supposent qu’on est là pour notre bénéfice et non le bien public», ajoute celui qui siège comme président à la Commission sur l’inspecteur général. «Depuis que Projet Montréal est au pouvoir, il n’y a eu aucun scandale de corruption ou d’éthique», rappelle-t-il.
Améliorer le Sault-au-Récollet
Si Jérôme Normand laisse la question d’un troisième mandat en suspens, il travaille activement à mener à bien les projets en cours. Les travaux viennent justement de s’achever au parc des Hirondelles, qui s’est vu redonner un coup de jeunesse comme le JDV vous en faisait état.
Les prochains sur la liste? Le parc du Sault-au-Récollet et le parc Lomer-Gouin, qui devraient voir de nouvelles infrastructures (basées sur les consultations publiques récemment menées dans les parcs).
Une soirée d’information sera aussi menée à l’automne, concernant la réglementation d’urbanisme du quartier patrimonial du Sault-au-Récollet. Les citoyens pourront venir soumettre leur opinion, en vue d’améliorer cette réglementation.
Du côté du Fort Lorette, l’arrondissement est en collaboration avec une commissaire aux relations avec les peuples autochtones. Des consultations sont en cours avec les parties prenantes, dont la communauté de Kanesatake, pour rendre au mieux hommage à l’histoire du lieu dans le respect des toponomies. Pour rappel, le triste Sentier des sauvages avait été rebaptisé Sentier des messagers en 2020, avec l’aide du Centre culturel et linguistique de Kanesatake.
D’autres projets pour le Sault
En outre, l’année 2024 devrait voir naître une association de commerçants sur la rue Fleury Est, à l’est de l’avenue Papineau. Trois rencontres ont été menées avec les commerçants, poussés par l’arrondissement pour se créer une permanence sous la forme d’une Société de développement commercial (SDC) ou d’une Association de commerçants. «On a beaucoup augmenté nos seuils de financement aux SDC pour favoriser le commerce local», tient à préciser Jérôme Normand.
La gestion des matières résiduelles s’implantera également dans les bâtiments de 9 logements et plus, les écoles et les commerces du Sault-au-Récollet dès novembre 2023.
Enfin, la promenade riveraine de la rivière des Prairies reste une priorité pour l’arrondissement. Hydro-Québec a finalement transformé sa solution d’enrochement pêle-mêle en un enrochement à paliers.
Jérôme Normand ajoute que l’arrondissement veut donner un accès aux berges et à l’eau aux résidents: une descente sur l’eau au parc Louis-Hébert est en cours d’élaboration.
Ce portrait est le deuxième de notre série Un café avec nos élus. Retrouvez la première édition, réalisée en compagnie de Julie Roy, conseillère de la Ville du district de Saint-Sulpice, ici.
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