Le Sentier «Tetewaianón:ni Iakoiánaka’weh» en langue mohawk, ou Sentier des Messagers. (Photo: archives jdv)

C’est aujourd’hui 15 juin que se conclut cette saga au Conseil municipal de Montréal. Ce qui avait commencé par une suggestion (2013), puis par une simple lettre (2015) à la Direction de l’urbanisme de la Ville-centre, écrite par le citoyen Pierre E. Lachapelle, se sera terminé par plusieurs consultations auprès des communautés autochtones et mohawk, et après trois suggestions, un quatrième toponyme en langue mohawk aura finalement été retenu, presque sept ans plus tard.

Sentier «Tetewaianón:ni Iakoiánaka’weh»

Le passage piétonnier situé entre le Collège Mont Saint-Louis et le cimetière, et entre la rue Camille-Paquet et le  boulevard Henri-Bourassa, changera donc de nom pressenti pour la quatrième fois en cinq ans. Le «Chemin des Sauvages» comme l’appelaient familièrement les anciens du Sault-au-Récollet, deviendra officiellement le Sentier «Tetewaianón:ni Iakoiánaka’weh» («Sentier des Messagers»), après avoir failli s’appeler le Chemin des Hurons,  le «Sentier des Amérindiens», puis le «Sentier des Autochtones».

2013, puis 2015

Mais commençons depuis le tout début. Déjà en novembre 2013, l’ex-conseiller d’Ahuntsic (1986-1994), Pierre E. Lachapelle, s’intéressait à la question et suggérait à la nouvelle élue, Lorraine Pagé, qu’il serait peut-être temps de nommer officiellement ce passage. M. Lachapelle n’avait pas suggéré de nom à l’époque, mais plutôt la formation d’un comité aviseur duquel pourrait faire partie l’anthropologue Serge Bouchard.

Par la suite, en octobre 2015, M. Lachapelle fait parvenir une lettre à la chef de la Division du Patrimoine de la Ville-centre, Nathalie Martin, en suggérant cette fois un nom.

Dans sa démarche qui remonte donc à environ sept ans, M. Lachapelle, faisait valoir le fait que le passage piétonnier entre le Mont-Saint-Louis et le cimetière catholique du Sault-au-Récollet avait une portée historique, car il était celui qu’utilisaient les autochtones qui habitaient le Fort Lorette dans les années 1600. M. Lachapelle proposait donc le nom le «Chemin des Hurons».

«Je suggère, écrivait M. Lachapelle, qu’il est temps de combler ce vide et de souligner notre fraternité et notre reconnaissance envers les peuples autochtones, qui ont occupé le territoire de ce pays, bien avant l’arrivée des Européens. (…) J’ignore si d’autres nations amérindiennes composaient la population de la mission du Sault-au-Récollet. Si tel était le cas, l’appellation «Chemin des Amérindiens» pourrait être une alternative», proposait-il encore.

Automne 2016

Appuyée par la conseillère de ville du district du Sault-au-Récollet de l’époque, Lorraine Pagé, la proposition de M. Lachapelle chemine et à l’automne 2016, il apprend que le Comité de toponymie de la Ville a accepté sa proposition de renommer le chemin, et que le nom retenu sera plutôt celui de sa deuxième suggestion, en substituant «Sentier» à «Chemin», soit le «Sentier des Amérindiens».

Année 2017

Mais le temps passe, et rien n’est annoncé ou affiché officiellement.

Puis arrive l’année 2017, année dite de la Réconciliation autochtone.

On apprend que le sentier sera finalement rebaptisé «Sentier des Autochtones» en hommage aux populations autochtones qui l’empruntaient jadis pour se rendre à la Ville-centre, après consultations auprès des populations autochtones.

Dans l’intervalle, en août 2017, des riverains impatients avaient eux-mêmes rebaptisé le chemin avec une affichette de leur cru. Mais comme on le sait, ce n’est pas ce nom qui aura été retenu au final.

Puis, automne 2017, il y a élections et changement de garde au niveau municipal local. Le conseiller Jérôme Normand devient conseiller du district du Sault-au-Récollet et est saisi de nouveau du dossier.

Printemps 2019

Près de deux ans plus tard, soit au printemps dernier, on apprend que la Ville aurait fait appel cette fois à la communauté mohawk de Kanesetake pour avoir des suggestions quant à la mise en valeur et la nouvelle appellation du « Sentier des autochtones ».

Appellation finale suggérée

Il y a quelques jours, la mairesse Émilie Thuillier a annoncé l’adoption du nouveau toponyme du « sentier Tetewaianón:ni Iakoiánaka’weh », en langue mohawk, soit le «Sentier des Messagers».

Ce toponyme a été approuvé par le comité de toponymie autochtone de la Ville de Montréal et par le comité exécutif de la Ville de Montréal également, à sa séance du 10 juin. Le changement sera entériné aujourd’hui par le conseil municipal.

Consultation plus large

Le communiqué de presse expédié aux médias il y a quelques jours explique que, en cohérence avec les positions de la Ville de Montréal en faveur de la réconciliation avec les peuples autochtones, et en respect de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, un comité de travail a été mis en place pour identifier un nom qui mette en valeur l’histoire autochtone de ce sentier ainsi que les langues autochtones.

Ce comité a rassemblé les Chefs Victor Bonspille et Bruce Montour, de Kanehsatà:ke, la directrice du Centre linguistique et culturel de Kanehsatà:ke, Hilda Nicholas, la Commissaire aux relations avec les Peuples autochtones, Marie-Ève Bordeleau, ainsi que des représentants de la Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville (SHAC) et de l’arrondissement.

« Avec ce toponyme, nous honorons nos ancêtres qui ont utilisé ces sentiers pendant des siècles, a souligné Victor Bonspille, chef responsable de la culture à Kanehsata:ke. Ces sentiers étaient nos lignes de vie, pour la communication et le commerce, entre nos communautés sœurs, l’île de Montréal et au-delà. Ce toponyme ramène sur l’île nos langues, là où elles ont été parlées, et le sont toujours. Je remercie mon collègue chef Bruce Montour, ainsi qu’Hilda Nicholas, directrice du centre culturel et de langue de Kanehsata:ke et Minnie Nelson, aînée et traductrice, pour la proposition du nom. »

Plaque explicative et fichier audio à venir

Le sentier en question accueillera une plaque explicative qui sera installée sur les lieux dans les prochaines semaines.

Le communiqué de la Ville rappelle que le sentier en question est situé à proximité du site archéologique et patrimonial de Fort-Lorette, qui correspond à l’emplacement d’une des premières missions administrées par les prêtres sulpiciens autour de laquelle s’installèrent de nombreux membres des Premières Nations entre 1696 à 1721, comme l’attestent les récits et la présence de plusieurs maisons longues sur les documents d’époque.

Les personnes intéressées à connaître la prononciation du « sentier Tetewaianón:ni Iakoiánaka’weh » pourront trouver éventuellement un fichier audio sur le site de la Ville de Montréal. Au moment de la publication de cet article, ce fichier n’était pas disponible.

 



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Ronald Charbonneau
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