Julie Roy se confie au Journal des voisins sur son premier mandat à titre de conseillère de la Ville du district de Saint-Sulpice. (Photo: Camille Vanderschelden, JDV)

Dans cette nouvelle série de portraits, le Journal des voisins vous invite à la rencontre des élus de notre arrondissement. Qui sont ceux qui construisent Ahuntsic-Cartierville, au sein de la municipalité? Notre journaliste les a rencontrés autour d’un café pour moult confidences.

Le soleil brille dans le district de Saint-Sulpice, laissant passer quelques rayons chauds dans le bistrot La jeune espiègle à Youville. C’est ici qu’arrive Julie Roy à dos de vélo, sans surprise. Venue se confier sur le bilan de ses deux premières années comme conseillère de la Ville, elle ne passe pas inaperçue. Des mains viennent serrer la sienne, tandis que des salutations fusent de part et d’autre.

En 2021, Julie Roy remportait l’élection face au candidat sortant, Hadrien Parizeau, le devançant de 500 voix. Le district de Saint-Sulpice, habité par quelque 35 000 résidents, prenait alors les couleurs de Projet Montréal pour la première fois.

«Il y a beaucoup à faire, pour avoir une ville à échelle humaine. Il y a un énorme potentiel [dans le district de Saint-Sulpice] et moi, je me vois comme une allumeuse de potentiel!» souffle la conseillère de Ville au Journal des voisins (JDV).

Tombée dans la marmite

Originaire de Dunkerque, une ville défavorisée située en France, Julie Roy a grandi dans une famille syndicaliste. Sa mère, professeure dans le système scolaire public, et son père, engagé dans la marine, lui transmettent très tôt des valeurs d’engagement.

À Noël durant sa jeunesse, elle fait du bénévolat au Seamen’s club (un réseau mondial de cafés accueillant les marins) dans sa ville natale. Elle raconte alors être «tombée dans la marmite»: celle de l’engagement et du bénévolat. Si Julie Roy n’envisageait pas encore une entrée en politique à l’époque, ses convictions environnementales la poussent néanmoins à dédier une grande partie de sa vie aux associations.

À son arrivée au Québec, elle s’intègre justement par le bénévolat, notamment pour le Tour de l’île de Vélo Québec. «Donner le coup d’envoi du Tour de l’île cette année [NDLR: à titre d’élue], ça représentait quelque chose! J’ai pu témoigner du chemin que j’ai parcouru», observe Julie Roy.

Discours de Julie Roy, conseillère de la Ville du district de Saint-Sulpice, à la balade-manif à Montréal-Nord, le samedi 13 mai 2023. (Photo: Séverine Le Page, archives JDV)

Un parcours engagé

L’objectif de la Dunkerquoise est resté le même depuis son départ de la Côte d’Opale: travailler en environnement. D’abord engagée à Oxfam-Québec, Julie Roy intègre également Greenpeace et Vélo Québec (à titre de bénévole). Par la suite, elle décroche le poste de responsable de la mobilisation citoyenne à la Fondation David Suzuki.

La conseillère explique que l’idée d’entrer en politique n’était pas encore présente, mais l’urgence climatique, elle, était déjà bien réelle. Elle se questionne alors sur la manière «d’accélérer les changements». «Quand on est un organisme non gouvernemental (ONG), on reste soumis à la volonté politique. L’idée était donc d’agir à la source», explique Julie Roy.

À chaque nouvelle élection, elle observe en effet l’ONG «repartir à zéro» et les relations construites avec les élus, partir en poussière. Julie Roy décide alors de saisir le taureau par les cornes et de se lancer en politique, sous la bannière de Projet Montréal.

Désormais en plein cœur de la vie politique à titre de conseillère de la Ville, Julie Roy siège également comme présidente de la Commission sur l’eau, l’environnement, le développement durable et les grands parcs. Un nouvel accomplissement aligné sur ses valeurs!

Entre rêve et réalité

Questionnée sur les manquements survenus lors de son mandat, elle réagit notamment à la situation du parc Saint-Simon-Apôtre.

Pour rappel, le parc faisait l’objet d’un réaménagement lancé en 2021, pour un contrat d’environ 2,2 millions $. En juin 2023, l’entrepreneur abandonnait carrément le chantier après de nombreux retards. Les jeux d’eau ont été ouverts au parc cette année, bien qu’il reste encore à faire.

«Le parc Saint-Simon-Apôtre, ce n’était pas de l’incompétence, c’était plus technique. Choisir le bon soumissionnaire, donner le contrat, être obligé de travailler avec cette personne… c’est parfois difficile pour le citoyen de s’expliquer ces délais», explique Julie Roy. Elle cite aussi une commande de 500 nouveaux supports à vélo passée en mai par la municipalité qui l’attend toujours.

Si les délais sont longs pour les citoyens comme pour les élus, Julie Roy tempère. «Lorsqu’on regarde en arrière, on voit quand même le travail qui a été effectué», assure-t-elle. Au sein du district de Saint-Sulpice, elle est particulièrement fière de l’école Saint-Isaac-Jogues, qui détient désormais une rue à sens unique et de grandes saillies de trottoir.

Le parc Jean-Martucci, dont le réaménagement a délié les passions, est pour elle une autre réussite. «Je trouve qu’il satisfait maintenant la majorité de la population», appuie-t-elle.

De gauche à droite, Julie Roy, candidate du district de Saint-Sulpice avec ses enfants, Valérie Plante, candidate à la mairie de Montréal, et Emilie Thuillier, candidate à la mairie d’Ahuntsic-Cartierville, au parc Saint-Alphonse le 1er novembre 2021. (Photo: Philippe Rachiele, archives JDV)

S’inspirer du voisin

Julie Roy concède que la majorité obtenue par Projet Montréal au sein d’Ahuntsic-Cartierville permet «d’accélérer certaines choses qui ont un impact sur l’arrondissement». Quant à l’opposition, qu’elle qualifie de «vocale mais minoritaire», la conseillère rappelle que les élus portent l’intérêt de la communauté.

Constituant la seule élue d’Ahuntsic-Cartierville à ne pas résider dans l’arrondissement, Julie Roy parle d’un grand sentiment de culpabilité qui a laissé place à une opportunité. Cette distance lui offre par ailleurs une vie privée plutôt confortable.

«Finalement, c’est presque une force car cela me permet de comparer avec les autres arrondissements et de garder un œil neutre», commente-t-elle, affirmant néanmoins être en permanence sur le terrain à Ahuntsic-Cartierville. «L’urgence climatique ne va pas ralentir, donc autant s’inspirer de toutes les belles initiatives qui existent dans la ville». Elle cite par exemple la place des Fleurs-de-Macadam dans le Plateau-Mont-Royal, qu’elle considère comme étant «très inspirante».

Ce qu’elle rêve de voir à Saint-Sulpice, d’ici la fin de son mandat? Une rue Lajeunesse revitalisée, dans le secteur Youville. «Si, d’ici là, une nouvelle épicerie et une boulangerie ont ouvert, je serais ravie. C’est un quartier qui a envie de vivre localement», sourit Julie Roy, témoignant d’une grande force citoyenne qui lui facilite le travail.

Elle rêve aussi à des changements profonds sur l’auto-solo, avec la mise en place de solutions pour se déplacer partout, à pied ou à vélo.

Le JDV a questionné Julie Roy sur la possibilité d’un deuxième mandat à terme. Elle esquisse un sourire, laissant la question en suspens. «Le temps le dira. La ville est faite de projets, qui sont comme des graines qu’on plante. Celles-ci peuvent fleurir des années plus tard», conclut Julie Roy.

Ce portrait est le premier de la série Un café avec nos élu-e-s du Journal des voisins, qui paraîtra jusqu’à la fin 2023.

 



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Rachel Sigouin
Rachel Sigouin
7 Mois

Préoccupée moi-même par les questions environnementales, j’ai l’habitude de sillonner mon quartier à pied le plus possible. Je suis heureuse que mon vote, aux dernières élections municipales ait contribué à l’élection de Julie Roy, une femme compétente et une femme de conviction.

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