Fatiha Bouhadad est infirmière clinicienne. Elle a choisi de prodiguer les soins à domicile après avoir travaillé cinq ans en milieu hospitalier.
«Je suis au CIUSSS depuis 2017. Je suis passée par l’Hôpital Jean-Talon et le CHSLD Saint-Laurent. J’ai eu une bonne expérience avec les personnes âgées», souligne-t-elle.
Quand l’occasion s’est présentée d’aller travailler aux domiciles des patients, elle a sauté le pas. Ce qui l’a motivée d’abord: l’autonomie en tant que professionnelle. Depuis, elle écume les rues et les routes du centre d’Ahuntsic et peut passer ainsi 30 minutes ou une heure et demie avec un patient.
«Je peux voir dans la même journée une personne âgée, un bébé ou un enfant. C’est un apprentissage permanent et j’évolue beaucoup dans ce domaine. Dans les soins à domicile, on touche à tout; cela prend beaucoup de recherche, de connaissances», dit-elle avec le sourire.
Elle doit aussi faire face au défi de l’adaptation en permanence, dans des conditions de travail différentes, d’une maison à l’autre. «À l’hôpital, les patients viennent nous voir dans notre environnement. Nous sommes prêts à les recevoir. On a une équipe avec nous. En soins à domicile, le patient est dans le confort de sa résidence et c’est à nous de personnaliser les soins», relève-t-elle.
Variation en soins
Avec le développement de la médecine ambulatoire, Mme Bouhadad ne soigne pas seulement des personnes âgées en perte d’autonomie. «On a de plus en plus de chirurgies d’un jour. Le patient peut sortir le jour même de son intervention. L’infirmière ira le voir pour changer un pansement ou pour évaluer son état général. Elle peut être appelée à référer en physiothérapie à domicile, si nécessaire», décrit Mme Bouhadad.
Des patients par milliers
Selon les données du ministère de la Santé, plus de 12 000 usagers sont suivis à domicile sur le territoire du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal. De ceux-ci, on en compte environ 4000 à Ahuntsic et 3500 à Bordeaux-Cartierville.
Fatiha Bouhadad fait partie du millier de professionnels de la santé affectés à temps complet aux soins à domicile sur le territoire du CIUSSS. Ils, et surtout elles, sont loin de suffire à la tâche. Au moins 700 personnes sont sur la liste de demandes en attente pour recevoir des soins à domicile.
Les cas sont variés et comprennent, par exemple, un traitement d’antibiotiques en intraveineuse. «On commence à l’hôpital et au lieu d’y rester sept jours, le patient retourne chez lui et c’est l’infirmière qui se déplace pour donner le médicament.»
La chimiothérapie commencée en milieu hospitalier est également suivie au domicile du malade par l’infirmière. «Le patient part avec une pompe de chimio. Elle peut rester trois jours avec lui, puis je vais la retirer, m’assurer que tout va bien», décrit-elle.
Bien entendu, Mme Bouhadad a également des patients qu’on dirait «classiques».
«Ce sont des personnes âgées avec des pertes cognitives, ou des maladies chroniques. On a aussi de jeunes enfants avec des handicaps, mentaux, moteurs ou psychiques, et des malades en soins palliatifs qui décident de mourir chez eux», énumère-t-elle.
Il lui arrive de prodiguer des soins à des personnes isolées qui ont peur d’aller au CLSC. «Cela peut être lié à la santé mentale; par exemple, des personnes qui ont la phobie de sortir.»
Plus qu’une infirmière?
Facette collatérale de son travail, l’infirmière peut devenir le lien essentiel entre un patient et la société.
«Les personnes isolées, on les garde à l’œil. Elles n’ont personne. S’il y a une tempête de neige ou une canicule, on va leur téléphoner ou bien on va se déplacer pour les voir», observe-t-elle. Elle a ainsi sa liste de patients à appeler dans les moments difficiles, même si elle est avant tout une infirmière.
Bien entendu, quand elle entre chez un malade, elle évalue les conditions dans lesquelles il vit et peut signaler sa situation pour d’autres intervenants.
«Je vais voir s’il a des proches aidants, de la famille, de l’entourage. Je vérifie si son environnement est sécuritaire aussi», indique-t-elle. Au besoin, elle se déplace en urgence au domicile d’un patient qui a fait une chute.
Comme elle gère son temps et ses déplacements, Mme Bouhadad doit donc prioriser ses tâches. «D’abord mes patients. Lors d’une journée où je suis un peu dépassée, je peux repousser au lendemain certaines tâches administratives», confie-t-elle.
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