Les bernaches sont les reines des pistes cyclables ! (Photo: Marie-Hélène Paradis, JDV)

Les bernaches sont, pour les uns, des nuisances et, pour les autres, des oiseaux qu’il faut protéger. Artémis Faune a, depuis 2021, le mandat d’évaluer la situation et de mettre en place des solutions passives et actives dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville.

Les bernaches sont présentes dans tous les parcs de l’arrondissement, mais les parcs de la Merci, Raimbault, Ahuntsic et Maurice-Richard détiennent une priorité de gestion forte et font l’objet d’une surveillance accrue.

En 2021, Artémis Faune a dénombré les bernaches sur le territoire de l’arrondissement et a étudié le comportement de celles-ci dans les parcs visés par la ville, «l’objectif étant de constater les nuisances qu’elles peuvent causer, comme des accumulations de fiente au sol (chaque oiseau produit environ 1 kg de fiente par jour), les enjeux de sécurité pour les cyclistes et la diminution de la biodiversité. L’entreprise a pu ensuite recommander des actions précises pour chacun des parcs de l’arrondissement, définir des priorités de gestion et cibler les parcs les plus atteints», nous dit Marie-Ève Castonguay, propriétaire et directrice générale d’Artémis Faune.

La vie des bernaches

De gauche à droite: Coralie et Zimba, Priscilla et Sepia repoussent les bernaches au parc de la Merci. (Photo: Marie-Hélène Paradis, JDV)

«Chaque année, les couples reviennent au même endroit pour nicher, et ils peuvent donner naissance jusqu’à 12 petits», explique Marie-Ève Castonguay.

Dans nos parcs, la pelouse protéinée et riche en azote est une nourriture de choix. Vers l’automne, les bernaches se dirigent vers les champs pour manger maïs et soya. Elles ont des cycles de besoins nutritifs variés selon la saison, mais vont toujours vers le plus facile et le plus payant.

Les bernaches sont grégaires, elles aiment la compagnie, mais elles protègent aussi leur famille. En période de nidification, même si elles n’ont pas peur de nous, elles peuvent attaquer, voire mordre si on s’approche trop. Les plumes gonflées, le torse bombé, les sifflements sont des signes évidents d’agressivité.

Les causes de leur présence dans les parcs

Plusieurs raisons expliquent leur présence dans les espaces verts en ville. Le premier est l’aménagement des berges et des parcs. «Nous avons créé des habitats parfaits pour elles, en dégageant les berges pour avoir une vue sur les plans d’eau. Le manque de prédateurs, de coyotes et de renards favorise aussi la croissance de leur nombre, en plus de l’interdiction de chasse dans les milieux urbains», précise Marie-Ève Castonguay.

Les solutions

«Il n’existe pas de solution miracle, c’est du contrôle à long terme. Nous utilisons différentes méthodes pour les éloigner des parcs et évaluer ce qui est efficace dans un terrain donné. Nous pouvons, toutefois, dire que la première chose à faire est de réaménager les berges pour limiter l’accès direct. Par exemple, au parc de la Merci, les abords de la rivière étaient dénudés, la végétation était coupée très court. Maintenant, la végétation a poussé et les oiseaux sont moins portés à venir dans le parc, car ils n’ont pas la vue directement sur la nourriture, sur la pelouse. Ils ne voient pas s’il y a un prédateur, ils restent donc craintifs. Il est certain qu’ils vont trouver une autre entrée, mais ce sera plus long pour avoir accès. C’est ce que nous appelons faire de la gestion différenciée. La végétalisation des berges a été mise en œuvre au parc de la Merci et au parc Maurice-Richard. En attendant que la végétation soit efficace, nous avons installé des filets d’exclusion, temporaires sur quelques années.»

Les chiens

Le dossard de Sépia est identifié avec le logo d’Artémis Faune (Photo: Marie-Hélène Paradis, JDV)

À Ahuntsic, depuis trois ans, la gestion active se fait avec des chiens entraînés à courir après les oiseaux de façon sécuritaire. «Nous voulons seulement effaroucher les bernaches. En aucun cas, les chiens ne touchent les oiseaux. Notre objectif n’est pas de les blesser, mais de recréer la peur d’un prédateur. Le coyote étant leur principal prédateur, nous utilisons les canidés pour vraiment aider à mettre de la pression. Il faut être là plusieurs jours par semaine pour mieux les contrôler. Il ne faut pas oublier qu’il y a deux ou trois ans, nous pouvions dénombrer au parc de la Merci jusqu’à 350 bernaches sur le terrain; cela représentait un vrai problème de sécurité pour les cyclistes. Nous pouvons dire qu’elles sont souvent les reines de la piste cyclable.»

Quelquefois, les techniciens en gestion de la faune utilisent un petit bateau téléguidé pour les repousser. «Les bernaches ne sont pas “stupides”, elles se tiennent cachées en attendant que le chien s’en aille et elles remontent. Aussi, nous nous servons des bateaux pour les pousser plus loin.»

Le nourrissage

Le nourrissage est interdit dans les parcs à tous les animaux. Dans les grandes villes et dans notre arrondissement, particulièrement dans le parc Ahuntsic, cela devient problématique. Nous avons vu des gens vider des sacs de pain ou de restes de nourriture pour les offrir aux oiseaux. En plus d’être mauvais pour leur santé, ainsi, les animaux n’ont plus peur de nous et ils changent leur comportement.

Combinaison des méthodes

La clé du succès est d’une part la constance des différentes actions et d’autre part la combinaison des méthodes mises en place. Les efforts de végétalisation des berges plus la gestion différenciée et les méthodes actives sont généralement efficaces.

Cet article est tiré du numéro d’été du Journal des voisins (version imprimée) dont le dossier principal est consacré au logement.



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