Station crémazie
(Photo: François Robert-Durand)

Même si le nombre de nouveaux cas poursuit sa tendance à la baisse dans l’arrondissement, Ahuntsic-Cartierville a franchi cette semaine le cap des 8000 cas et des 450 décès.

Des taux encore élevés

Le nombre de nouveaux cas est repassé sous la barre de 200 cas depuis une semaine, ce qui porte le taux d’incidence hebdomadaire à 143 cas par 100 000 habitants. Il faut remonter au début décembre pour retrouver sous les 150 cas/100 000, seuil qui demeure encore deux fois supérieur à celui qui avait été fixé par le gouvernement du Québec pour passer au palier d’alerte maximale l’automne dernier.

Bien que la transmission ait nettement reculé depuis deux semaines dans l’arrondissement, suivant une tendance établie depuis la mi-janvier, Ahuntsic-Cartierville demeure parmi les arrondissements qui ont enregistré le plus de cas depuis le début février.

Le taux de positivité y était encore supérieur à la moyenne montréalaise qui s’établissait à 6 % dans la semaine du 7 au 13 février, indique la Direction régionale de la santé publique (DRSP). Dans Ahuntsic, le taux de tests positifs était à la baisse à 7 % avec un niveau de dépistage similaire à la semaine précédente, tandis qu’il était en légère hausse dans Bordeaux-Cartierville à 7,2%.

Encore récemment considéré comme un quartier chaud, Bordeaux-Cartierville ne figure plus sur la liste des secteurs ayant les plus haux taux d’incidence à Montréal, contrairement à d’autres secteurs de l’arrondissement qui demeurent des zones plus chaudes que la moyenne montréalaise, comme Saint-Sulpice (26 nouveaux cas, 210 cas/100 000) et Sault-au-Récollet (65 cas, 192 cas/100 000).

La situation scolaire inquiète

À deux semaines de la relâche scolaire, la transmission continue de se répercuter dans les écoles du quartier. Le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) fait état d’un nombre stable de cas cette semaine dans ses écoles d’Ahuntsic-Cartierville par rapport à la semaine dernière. Au total, 50 élèves et 11 membres du personnel sont infectés et 18 classes sont fermées dans sept écoles du quartier, dont six à l’école Évangéline. Le CSSDM précise qu’aucune éclosion n’est déclarée dans les écoles publiques francophones de l’arrondissement.

Les éclosions en milieu scolaire surpassent toutefois en nombre celles dans tous les autres types de milieux sur le territoire du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Nord-de-l’Île-de-Montréal, selon le rapport sur les éclosions actives publié par la DRSP.

« C’est une situation très inquiétante », observe la démographe Simona Bignami qui a fait le point sur la contamination en milieu scolaire avec le JDV plus tôt cette semaine.

S’appuyant sur des recherches européennes et américaines récentes sur la question, la chercheure soutient que pour maintenir les écoles ouvertes de façon sécuritaire dans un contexte de transmission communautaire élevée, il faudrait mettre en place des solutions hybrides et offrir l’option des cours en ligne à tous les élèves qui le souhaitent, rendre le masque obligatoire à tous les niveaux et instaurer des horaires décalés pour minimiser les contacts entre les différents groupes d’élèves.

Elle déplore que ni les centres de services scolaire ni la DRSP de Montréal n’ont l’autonomie d’adopter, en fonction du contexte épidémiologique local, des mesures supplémentaires à celles édictées par la direction nationale de la santé publique.

Comme plusieurs experts, la démographe craint donc qu’avec l’introduction de variants plus contagieux et plus virulents, la transmission communautaire s’accélère, notamment à travers à les écoles. Elle prévient que suivant la tendance observée à l’automne, la courbe des cas pourrait commencer à monter exponentiellement dès le mois prochain.

La prison de Bordeaux : principale éclosion active à Montréal

La progression de l’éclosion à la prison de Bordeaux montre à quel point la situation peut dégénérer rapidement quand les conditions de propagation du virus sont réunies. L’éclosion qui ne comptait qu’une poignée de cas il y a un mois était liée à pas moins de  193 cas en date du 16 février, selon le plus récent rapport de la DRSP.

« Il y a effectivement une éclosion d’envergure en cours à Bordeaux depuis le mois de décembre. La DRSP travaille avec le CIUSSS du Nord et l’établissement afin de freiner la transmission et protéger la santé des personnes incarcérées. Nous surveillons de près la possibilité de cas de variants et sommes en lien étroit avec le Laboratoire de santé publique du Québec à cet effet », fait savoir le docteur David Kaiser, chef médical au service Environnement urbain et saines habitudes de vie de la DRSP de Montréal.

La prison de Bordeaux représente désormais la plus importante éclosion active à Montréal, malgré les mesures de confinement drastique prises pour endiguer la propagation depuis la fin janvier.

« Nous sommes conscients des impacts négatifs de l’isolement cellulaire et travaillons afin de réduire au minimum la durée de l’isolement tout en s’assurant de contrôler le risque de transmission au sein de la population carcérale », assure le docteur Kaiser.

En début de semaine, des personnes incarcérées avaient menacé d’entrer en grève de la faim pour obtenir la levée du confinement dans leur secteur, où aucun cas positif n’avait été déclaré après 14 jours d’isolement. En date du 17 février, on comptait 130 cas positifs parmi la population carcérale et 15 cas chez des membres du personnel de l’établissement de détention.

Baisse des hospitalisations et stabilisation des cas dans les résidences pour aînés

Mince consolation, le nombre de personnes hospitalisées dans les hôpitaux d’Ahuntsic-Cartierville est en nette diminution cette semaine. Au total, 65 personnes étaient soignées pour la COVID en date du 15 février, selon les statistiques publiées par le ministère de la Santé et des Services sociaux. De ce nombre, 19 étaient aux soins intensifs à l’hôpital du Sacré-Cœur, ce qui représente près de 12 % de l’ensemble des lits de soins intensifs occupés par des personnes atteintes de la COVID dans la province.

La situation dans les CHSLD et les RPA d’Ahuntsic-Cartierville semble pour sa part se stabiliser. Après avoir atteint un pic de plus de 100 cas actifs dans une vingtaine d’éclosions le mois dernier, il ne subsiste encore qu’une poignée de cas dans quatre installations. Il est difficile d’établir avec précision combien de résidents de ces établissements se sont rétablis et combien ont perdu la vie durant la deuxième vague, car le ministère de la Santé et des Services sociaux retire de la liste des cas actifs et des décès les installations qui ne comptent plus de cas actifs, ce qui rend ardu le suivi des données dans le temps.

Notons que le plus récent rapport hebdomadaire de la DRSP fait état de 37 décès survenus dans l’arrondissement au cours des 28 derniers jours, soit encore de loin le plus lourd tribut à Montréal.

Allègement des restrictions pour la relâche

Dans ce contexte, le relâchement de certaines mesures annoncées cette semaine a été qualifié de « pari risqué » par des épidémiologiste et des spécialistes. Souhaitant décourager autant que possible les rassemblements privés – qui demeurent interdits –, le gouvernement Legault a en effet autorisé la réouverture des cinémas, des piscines et des arénas à temps pour la relâche scolaire. Ces allègements aux mesures sanitaires, qui prendront effet le 26 février, s’additionneront aux assouplissements déjà en place depuis le 8 février, mais leurs effets cumulatifs ne seront connus que dans plusieurs semaines.



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Lise M Mailloux
Lise M Mailloux
3 Années

information complète – merci!

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