Aéroports de Montréal (ADM) lançait le mois dernier WebTrak, un formulaire Web qui permet à ses utilisateurs d’obtenir des informations sur les vols qui quittent et arrivent à l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau. En un clic, on peut y voir leurs trajectoires, les types d’aéronefs, leur altitude ainsi que les niveaux de bruit enregistrés en décibels aux stations de mesure de bruit.
WebTrak est utilisée par environ 75 aéroports dans le monde, notamment à New York et Toronto. Le formulaire Web, disponible sur Internet et via un téléphone intelligent, permet également de déposer des plaintes sur le bruit.
« L’idée est de donner un nouvel outil aux citoyens, de leur permettre d’avoir accès à de l’information en temps presque réel et de faire des plaintes au besoin », explique Anne-Sophie Hamel-Longtin, directrice affaires corporatives et relations médias à Aéroports de Montréal (ADM).
« ADM comptabilise, évalue et analyses les plaintes reçues dans le but de s’assurer que les transporteurs aériens respectent les conditions de vols », ajoute-t-elle.
Les statistiques obtenues à la suite de ces analyses sont rendues publiques une fois par année, dans les indicateurs annuels publiés sur le site Web d’ADM, nous apprend Anne-Marie Urban, conseillère relations avec les communautés au sein de la société.
Pas assez pratique
Ce n’est cependant pas tout le monde qui est convaincu par la mise en ligne de WebTrak.
« WebTrak, c’est fantastique si tu as du temps à perdre! », s’exclame en riant Bill Mavridis, fondateur d’AEROplainte, une application lancée plusieurs mois avant WebTrak et servant à déposer rapidement des plaintes sur la nuisance sonore causée par les avions survolant le territoire.
Le fondateur d’AEROplainte et résidant de Bordeaux-Cartierville ne trouve pas pratique l’application de dépôt des plaintes de WebTrak, qu’il juge trop laborieuse et inapte à les enregistrer instantanément, contrairement à son application à lui, qu’il a créée et mis en service il y a plusieurs mois déjà considérant que ses propres plaintes n’étaient pas prises au sérieux par ADM.
Anne-Marie Urban nous explique qu’à sa première utilisation, l’utilisateur de WebTrak doit créer un compte en entrant ses informations personnelles. À chacune de ses connections, l’utilisateur doit entrer par la suite son courriel et son mot de passe. Lorsque vient le temps de déposer la plainte, une fois que le compte est créé et que l’utilisateur est connecté, Anne-Sophie Hamel-Longtin nous assure pour sa part que le processus est assez rapide, ne requérant que quelques clics.
Opération de relations publiques
Pierre Lachapelle, porte-parole des Pollués de Montréal-Trudeau, n’est pas non plus convaincu. Il ne croit pas que WebTrak fasse partie de la solution aux problèmes de la pollution sonore.
« La mise en ligne de WebTrak n’est pas un geste significatif selon nous. C’est une action de relations publiques », dit-il, sans hésiter.
Charger un organisme indépendant
Considérant sa mission, qui est de faire décoller et atterrir des avions, ADM n’a pas la distance requise pour évaluer les impacts environnementaux reliés aux activités aéroportuaires dans une ville densément peuplée comme Montréal, estime M. Lachapelle.
Lui et son groupe voudrait que toutes les communications reliées au climat sonore et aux impacts environnementaux soient confiées à un organisme indépendant.
Cette façon de faire existe dans certains pays européens, notamment en France à l’Aéroport Charles-de-Gaule de Paris.
À cet égard, Anne-Sophie Hamel-Longtin affirme qu’ADM est favorable à l’installation d’un Observatoire sur le bruit par la Ville de Montréal. Si ADM est favorable à la création d’un tel organisme, elle ne l’a jamais annoncé publiquement, toutefois.
Ce projet, proposé par Projet Montréal, alors qu’il était le partie de l’Opposition à l’Hôtel de ville, n’a toujours pas été réalisé.
« ADM soutient cette initiative depuis des années et espère que la ville mettra sur pied cet observatoire prochainement », soutient pour sa part Mme Hamel-Longtin.
Projet Montréal avait déjà déposé une motion en ce sens à la réunion du conseil municipal du 20 juin 2016. Cette motion avait toutefois été battue, le responsable du dossier au comité exécutif de l’époque, le conseiller Réal Ménard, ayant mentionné qu’un comité administratif mis en place deux ans auparavant et dont il était le président était rendu bien plus loin et avait déjà produit une carte d’estimation des niveaux de bruit à Montréal. Le comité devait d’ailleurs se pencher plus abondamment sur la question dans les mois qui suivaient, avait-il dit alors.
Toutefois, vérification faite par le jdv à l’époque, aucune information n’avait transpiré de ce dossier depuis plus d’un an. À l’époque, et bien qu’elle s’intéressait de très près au dossier des nuisances sonores, la mairesse Émilie Thuillier, qui était conseillère du district d’Ahuntsic, à l’époque, avait mentionné qu’elle n’était même pas au courant de l’existence de ce comité.
Depuis, le projet d’un Observatoire du bruit dans Ahuntsic-Cartierville serait à l’étude, mais ne fait pas grand bruit.
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