inauguration rue piétonne permanente 058
(Photo : Philippe Rachiele, JDV)

Si Montréal est considérée comme étant innovante, l’inspiration vient souvent de ses 19 arrondissements. Ahuntsic-Cartierville est-il innovant?

Dès le printemps prochain, les citoyens d’Ahuntsic-Cartierville pourront mettre en partage leurs véhicules privés via une plateforme virtuelle, Locomotion. Il s’agirait d’un partenariat avec Solon, un organisme à but non lucratif réalisant des projets citoyens.

« L’objectif c’est de réduire le nombre de voitures sur le réseau routier tout en donnant la possibilité d’utiliser un véhicule quand les gens en ont vraiment besoin », explique la mairesse, Émilie Thuillier, lors d’une entrevue au jdv en septembre dernier.

Une demande de subvention a été déposée à la réunion du conseil d’arrondissement de septembre pour financer le projet. Certains détails restent encore à définir selon la mairesse.

« Quand on parle d’innovation, c’est souvent des choses qui ont l’air simples, mais qui sont complexes dans la logistique […] », admet Émilie Thuillier.

L’annonce du projet Locomotion est passée presque inaperçue. Le financement a été voté durant la réunion du conseil de septembre, sans qu’il n’y ait de question sur le sujet à la période des questions. Pourtant, la résolution figurait bel et bien à l’ordre du jour de la réunion, ordre du jour que les citoyens ont eu le loisir de consulter quelques jours avant la réunion. Journaldesvoisins.com, toutefois, en a parlé dans ses Actualités Web.

Innover sans s’en féliciter

Rien d’étonnant, selon Richard Shearmur, directeur de l’école d’urbanisme de l’Université McGill et expert en innovation. Les arrondissements ne s’aperçoivent pas toujours qu’ils innovent ou le font parfois sans s’en féliciter.

« L’innovation c’est de faire face à un problème et de trouver un moyen de le résoudre, explique-t-il. Les municipalités font ça tout le temps, mais sans nécessairement que ça soit appelé innovation. »

C’est ce qui inspirera son livre L’innovation municipale : sortir des sentiers battus, paru en mai dernier, coécrit avec Gérard Beaudet, urbaniste bien connu, et publié aux Presses de l’Université de Montréal.

« Ça a été de faire en sorte que les municipalités se regardent elles-mêmes et se rendent compte qu’elles sont beaucoup plus innovantes qu’on croit », ajoute M. Shearmur.

Quelques exemples d’ici

L’arrondissement a innové dans plusieurs domaines cette année, soutient la mairesse. En consultation publique, elle cite notamment le projet du site Louvain Est.

« Les bâtiments servent de creuset pour développer des activités et ils se parlent entre eux. Ce qui se passe sur un bâtiment a un impact sur un autre », ajoute Émilie Thuillier.

On se souviendra également du dernier budget participatif, dont le forum de développement des projets qui a eu lieu le 21 septembre dernier.

« On a créé un comité composé de deux élus et de nos accompagnateurs, mais aussi de plusieurs groupes communautaires avec des clientèles que l’on veut rejoindre comme les aînés, les jeunes et les gens issus de la diversité », souligne la mairesse.

Finalement, il y a la mobilité; le cheval de bataille de l’arrondissement. L’avenue piétonne Park Stanley en est un parfait exemple avec son décor fleuri et ses installations familiales.

« On a l’impression que ça fait partie du paysage, mais il y a quatre ans, c’était une rue normale, explique Émilie Thuillier. Les citoyens ont beaucoup contribué à ce que l’on voit présentement. »

Pour Bertrand Pouyet, nouveau DG du CLIC, le réaménagement routier du secteur Lachapelle est également digne de mention pour son apport en transport actif.

« Essayer de le rendre mieux intégré dans la ville est intéressant », constate-t-il.

Le CLIC collabore fréquemment avec l’arrondissement pour mettre au point des projets, dont le futur Centre communautaire d’Ahuntsic-Cartierville.

« Toutes les actions ne sont pas portées par le municipal. Beaucoup d’entre elles sont portées par des organismes communautaires », rappelle-t-il.

Selon la mairesse, les organismes communautaires sont des partenaires souvent essentiels pour mieux innover.

« Il y a des choses qu’on ne peut pas faire, mais on peut travailler avec des organismes communautaires ou avec des OBNL comme [le projet ] Locomotion [de Solon] , par exemple », indique-t-elle.

Une tâche délicate

Les innovations ne font pas que des heureux, surtout à l’occasion de réaménagements nécessitant des travaux sur la route.

« On a tendance à se plaindre du rôle de l’arrondissement et de ce qu’il fait, sans voir que dans trois ou quatre ans on va voir une amélioration », pense M. Pouyet.

Selon M. Shearmur, les municipalités ont souvent beaucoup plus de contraintes que les entreprises privées.

« On doit s’assurer que même les personnes qui ne veulent pas l’innovation la tolèrent et il faut que la municipalité envisage les impacts de l’innovation à long terme sur la population, précise-t-il. Pour une entreprise, le pire qu’il puisse arriver, c’est que les clients n’achètent pas. »

Selon l’universitaire, cela expliquerait pourquoi les innovations se passent à un rythme plus lent dans le secteur municipal. « Quand une municipalité rate son innovation, c’est l’ensemble de la ville qui en souffre », souligne-t-il.

Pour s’aider, Ahuntsic-Cartierville a d’ailleurs embauché une personne à temps plein avec ce mandat.

« Il faut offrir des services aux citoyens, ensuite, il faut se demander comment on est capable d’innover, affirme la mairesse. Ce sont des processus sur lesquels on doit se pencher; il faut se donner du temps. »

Incubateurs à idées

Nos intervenants s’entendent tous pour dire qu’Ahuntsic-Cartierville est innovateur. D’après Mme Thuillier, les arrondissements servent souvent d’incubateurs à idées.

« Parfois, une ville c’est trop grand pour faire de petites choses nécessitant de se revirer sur un dix cents [sic], alors que les arrondissements le peuvent », ajoute-t-elle. Pour sa part, M. Shearmur pense que certaines innovations devraient être reprises à la grandeur du pays. « Il y a un préjugé négatif envers ces institutions publiques, conclut-il. Je ne dis pas qu’elles sont toutes parfaites, mais on ne met pas assez ces institutions en valeur. »

 



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Marc Bédard Pelchat
Marc Bédard Pelchat
5 Années

L’implication des conseillères et de la mairesse a bien démontré la capacité d’innover de l’Arrondissement et il faut toujours ménager la chèvre et le chou. Jusqu’à présent il ne semble pas y avoir trop de grondement de la part des potentiel.les détracteurs/trices. On a beaucoup travaillé sur un consensus.
Par contre, il y a des problèmes plus grand que le quartier, hors juridiction municipale: spéculation immobilière, l’A-19 et la transition vers Laval par des milliers de voitures, les corridors aériens notamment.
Le rôle des trois députées semblent en être un de simple relation publique alors qu’elles ont un devoir elles aussi d’innover dans les domaines de leurs juridictions afin de rendre la vie plus agréable à tout le monde. À ce niveau de juridiction on ne peut pas dire que le présent gouvernement à Québec soit des plus créatifs. Le second mandat des Libéraux fédéraux, minoritaire, sera sous le signe de moins de complaisance, espérons.

mireille langevin
mireille langevin
5 Années

On pourrait peut-être commencer par faire respecter les passages pour piétons par les automobilistes.! Moins de morts et de blessés. Allonger le temps des feux verts pour laisser le temps de traverser une rue. C’est élémentaire mon cher Watson !

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