(Illustration libre de droits)

Le groupe de pression Les Pollués de Montréal-Trudeau (LPMT) reçoit, en pleine campagne électorale, des appuis de taille de la part de l’ensemble de la classe politique du nord de Montréal dans l’épineux dossier du bruit des aéronefs en pleine nuit et des conséquences néfastes que cela cause pour la santé de certaines gens.

Les candidats, ceux de la circonscription de Maurice-Richard en tête, ont livré un vibrant plaidoyer en faveur du droit des résidants à la quiétude, au moins la nuit. De façon générale, ils donnent leur appui au groupe d’intérêt qui se bat pour, entre autres, le respect du couvre-feu la nuit (plus ou moins respecté quand l’on note le nombre d’atterrissages nocturnes).

Ces appuis importants s’ajoutent à ceux d’arrondissements de la métropole québécoise et même de Ville Mont-Royal.

En gros, les candidats des principaux partis veulent une action des autorités sanitaires, dont la tenue d’une étude épidémiologique; mais à la direction de la santé publique de Montréal (DSPM), on signale avoir déjà les données nécessaires sur le bruit et qu’une telle étude n’est pas dans les cartons, présentement.

En 2014, la DSP avait publié un avis sur le bruit à Montréal, et le bruit des avions aux environs de l’aéroport, mais pas plus loin. En se basant sur des modèles, elle avait recommandé que Montréal et les villes liées se dotent d’une politique régionale de lutte contre le « bruit provenant de sources mobiles ».

Pressions sur ADM

Le groupe Les Pollués de Montréal-Trudeau (LPMT) ne lâche donc pas le morceau alors que la campagne électorale québécoise bat son plein.

Le groupe de citoyens bénévoles est en mode sensibilisation des candidats de tous les partis politiques afin de les amener à prendre position sur la nécessité de tenir une étude en lien avec le problèmes de santé que connaissent des citoyens en raison du bruit causé par les aéronefs.

Son président, Pierre Lachapelle, a déjà commencé  à obtenir des avis de réception de partis provinciaux sensibilisés dans un premier temps par l’envoi d’une lettre à cet effet. Mais sur le plan local, l’appui est unanime en faveur des demandes des Pollués.

Marie Montpetit – PLQ

Déjà à la fin de l’hiver, la députée sortante de la circonscription appelée autrefois Crémazie, Marie Montpetit, avait donné son accord pour la tenue de l’étude, à la suite de l’envoi à la DSPM de 70 lettres citoyennes demandant une étude épidémiologique sur les impacts sanitaires des vols à basse altitude dans le ciel de Montréal.

Celle qui est aussi ministre de la Culture, depuis près d’un an, a indiqué au patron de la santé publique de Montréal qu’elle est souvent interpellée par ses commettants sur cette question.

« La question de la pollution sonore liée aux passages des avions est un thème récurrent lors de mes échanges avec les citoyennes et citoyens du quartier (Ahuntsic). Pour nombre d’entre eux, cette problématique a un impact réel et important sur leur santé et leur qualité de vie », lui avait écrit Mme Montpetit, qui se représente pour le Parti libéral du Québec (PLQ).

A son avis, l’étude demandée répond tout simplement à l’une des missions de la DSPM, soit celle de mesurer les effets de l’environnement sur la santé.

Plus tard, questionné sur le fait qu’un «ordre» de procéder pourrait être donné pour faire l’enquête, le bureau de Mme Montpetit a fait savoir que la Direction  est «indépendante» dans le choix des études qu’elle entreprend.

Frédéric Lapointe – PQ

Frédéric Lapointe, candidat du Parti québécois (PQ) dans Maurice-Richard, se range aussi derrière LPMT en y allant même de trois suggestions, faisant notamment référence à l’importance d’avoir un État fort.

« Il faut, affirme le candidat péquiste, que l’État finance les stations de mesure. (…) C’est une affaire d’organisation collective. Il faut se référer à la science. Les données autour de l’aéroport ne sont pas connues. Il faut les rendre publiques (en temps réel) afin de travailler avec des faits », a-t-il martelé.

Enfin, selon lui, des intervenants de l’État en santé doivent aussi être partie prenante du processus.

« Des chercheurs universitaires pourraient être sollicités ou l’Institut national de santé publique, qui pourraient prendre la responsabilité des travaux quand on aura toutes les données. À la lumière des résultats et analyses, l’administration aéroportuaire (ndlr: Aéroports de Montréal – ADM) pourrait ainsi orienter ses décisions pour ne pas incommoder les gens », a-t-il souligné.

Manon Gauthier – CAQ

Manon Gauthier, candidate de la Coalition Avenir Québec (CAQ), juge aussi la situation comme étant «inacceptable» pour ici et ailleurs dans Montréal.

«  Ça touche plusieurs arrondissements de la ville, a souligné celle qui est confiante de gagner le 1er octobre tout en ne prenant rien pour acquis. Il faut donc un effort concerté. Ce que l’on voit dans les démarches des Pollués de Montréal-Trudeau, c’est que ces bénévoles écrivent aux élus des divers paliers d’administration publique et les gens ne se parlent pas, travaillant en silo », a-t-elle déploré.

Mme Gauthier, qui a rencontré récemment le président des Pollués, estime la demande du groupe «fort acceptable».

« De grandes villes internationales (Londres, Paris, Lyon) vivent aussi ces problèmes. La pollution par le bruit entraîne de l’insomnie. Demander un couvre-feu (réel) entre 23h et 7h, ce n’est pas énorme, rien de plus raisonnable. Les gens doivent faire front commun. Faire une étude en santé est une option. Mais il faut aussi avoir un portrait global. Ça urge, car les Pollués ne doivent pas se sentir seuls pour avoir la paix », a-t-elle indiqué.

Raphaël Rebelo – QS

Raphael Rebelo, le candidat de Québec solidaire (QS), monte aussi au front pour réclamer plus de transparence de la part d’Aéroports de Montréal (ADM), en se rangeant derrière les demandes des Pollués. L’appui vient même des hautes instances de la formation politique de gauche et écologique.

« Notre parti appuie la demande d’étude d’impact du groupe de pression, a indiqué M. Rebelo, interviewé par jdv immédiatement après le débat des chefs de Radio-Canada, dans les locaux de QS sur la Promenade Fleury.

« On estime que la démarche est justifiée : le bruit des avions (surtout la nuit et aux heures de pointe de l’après-midi) est une nuisance majeure pour les habitants. Plus on s’approche de l’aéroport, plus cette nuisance est grande. Cette étude doit se faire et on attend avec impatience les résultats », a-t-il mentionné.

M Rebelo se réjouit aussi des propos récents de la mairesse de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, Émilie Thuillier, affirmant que tout va pour le mieux dans le processus qui conduira à la création éventuelle d’un observatoire du bruit.

Dans son programme, Projet Montréal (au pouvoir à l’hôtel de ville) plaide pour la mise en place  d’un tel observatoire afin de cartographier les endroits les plus bruyants de la ville afin de permettre aux autorités municipales de mieux cibler les sources de bruit.

Le candidat de QS dans Maurice-Richard souhaite aussi la création de nouvelles instances de concertations locales  (composées de membres des gouvernements, de l’administration municipale et de la société civile notamment) afin que des groupes comme les Pollués de Montréal-Trudeau puissent se fasse entendre dans des débats cruciaux pour la société.

Gilles Fournelle – Parti Vert

Tel que prévu, le Parti vert représenté par l’enseignant Gilles Fournelle, est favorable à la tenue d’une étude exhaustive concernant l’impact du bruit des avions sur la santé de la population.

« Il va de soi qu’une étude complète sur le sujet est essentielle, a indiqué le candidat qui est moins ‘’visible’’ que les autres issus de partis plus connus dans Maurice-Richard. Tout comme la participation citoyenne comme on l’a vue quand on a procédé à des changements à l’aéroport de St-Hubert. Il faut aller dans cette direction. On ne peut pas repenser les pistes mais des trajectoires ont pu être modifiées légèrement. Mais c’est maintenant  saturé et il faut arriver avec des normes plus sévères à imposer aux fabricants des moteurs et aussi penser aux quotas de bruit que l’on pourrait imposer », a-t-il précisé.

M. Fournelle, qui ne fait pas campagne à plein temps, se félicite du travail qui est accompli par les groupes de pression comme LPMT face à ce problème.

Mais, il trouve «décevant» que les questions environnementales soient peu abordées alors que la campagne est dans son dernier droit avant le 1er octobre.

DSP – «Assez de données pertinentes»

Malgré ces demandes, le Directeur régional de santé publique de Montréal ne compte pas faire une nouvelle étude compte tenu de la «masse d’informations» dont elle dispose depuis quatre ans, aux dires de son porte-parole, le docteur David Kaiser.

« Nous avons déjà cartographié les zones de bruit en 2014 et effectué des enquêtes téléphoniques auprès de 4500 personnes. On a travaillé en 2015 et 2016 sur les infos obtenues à partir de la collecte de données. On a donc  une bonne idée de la proportion de Montréalais dérangés ou perturbés par le bruit, notamment la nuit », a-t-il mentionné au journaldesvoisins.com.

Ainsi,  60% des gens habitent des quartiers où les autorités socio-sanitaires jugent que les niveaux  de bruits sont élevés, notamment la nuit.

Les données révèlent entre autres qu’une personne sur cinq se déclare «très dérangée» par le bruit en général et un autre 20% qui affirme que le bruit les perturbe la nuit.

Mais il n’est pas question, du moins dans l’immédiat de pousser l’affaire plus loin, par le biais d’une autre étude. On a, dit-on, assez de données pertinentes.

« Ce n’est pas dans la planification actuelle, a dit le médecin expert justement en étude épidémiologique. D’abord, on sait déjà, selon nos études, que  le bruit des avions est une source importante de dérangement  et de perturbation du sommeil. Les gens qui demeurent sous les trajectoires aériennes (comme dans Ahuntsic) disent ressentir des impacts liés au bruit des avions. Les  gens rapportent  ça. Et, deuxièmement, on juge qu’avec ces informations que nous possédons, la priorité est vraiment d’agir (NDLR : politiquement) au niveau de l’île de Montréal pour avoir une politique de lutte au bruit, couvrant toutes les sources de bruit.  On travaille à identifier les interventions, notamment face à des situations particulières dont le bruit provenant des avions. Cela passe par des choses que l’on connait comme l’insonorisation ou des changements d’horaires des avions », a-t-il conclu.

 

 

 



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