La famille Chaveron devant la façade sud de la maison Ozalée en construction. On distingue les grandes fenêtres en devenir. (Texte et photo : Raluca Tomulescu)

 

Se faire construire une maison uniquement chauffée par le soleil en hiver et qui reste fraîche en été, c’est le défi que se sont donné Déborah et Damien Chaveron, un couple de jeunes professionnels d’origine française installés au Québec depuis trois ans. Leur demeure sera bâtie selon le standard Passivhaus, élaboré en Allemagne à la fin des années 1980, et sera située dans Ahuntsic.

« Depuis qu’on est ensemble, on se dit qu’on veut une maison écologique, respectueuse de l’environnement, et le plus possible gérée par nous-mêmes », relate Damien Chaveron, anesthésiste de profession. Après de nombreuses recherches, le couple tombe sur une maison en vente dans Ahuntsic. « Tout était à refaire, l’électricité, la plomberie, le toit, mais la maison avait une bonne orientation au sud », se souvient Déborah, accompagnatrice en périnatalité.On est en juin 2015. Ils décident alors de tout démolir, sauf les fondations en béton et certains murs en bois, et de reconstruire en visant l’obtention de la certification Passivhaus, un standard allemand inégalé en ce qui concerne l’économie d’énergie. « C’est ce qui correspond le plus à nos valeurs », soutient-elle.

En gros, la maison passive utilise essentiellement les rayons du soleil pour subvenir aux besoins de ses occupants en chauffage, en toute saison. Grâce à un système de ventilation mécanique contrôlée, l’intérieur de la maison reste chaud en hiver, mais garde sa fraîcheur en été. Le bâtiment est de forme compacte, étanche, comporte de nombreuses fenêtres sur sa façade sud et bénéficie d’une très bonne isolation thermique.

Processus très exigeant

Selon le site web d’Écohabitation, les besoins annuels en chauffage d’une maison certifiée Passivhaus doivent être inférieurs ou égaux à 15 kWh/m² et le besoin total en énergie, incluant les électroménagers, ne doit pas dépasser 120 kWh/m². « En comparaison, une maison québécoise considérée comme efficace consomme plus de 100 kWh/m² annuellement pour le seul chauffage! », peut-on également y lire.

« Obtenir la certification, c’est un processus très difficile et extrêmement exigeant sur le plan de la construction, explique le conseiller technique chez Écohabitation, Benjamin Zizi. Aujourd’hui, beaucoup de projets visent la performance Passivhaus, sans toutefois obtenir la certification », précise-t-il. Pour l’instant, aucune construction du Québec n’y est encore parvenue, selon le site web allemand www.passivhausprojekte.de.

Agir en pionniers

Ce ne sont pas les nombreuses exigences qui effraient Déborah et Damien Chaveron. « On s’est entourés des personnes dont on avait besoin, on a trouvé la première architecte au Québec à avoir suivi la formation Passivhaus », indique Damien. Déborah renchérit : « On veut inspirer les gens, leur montrer que c’est accessible et réalisable. Pour atteindre la certification, il faut aller loin, mais les gens peuvent aller moins loin et tout de même faire de grandes économies d’énergie », affirme-t-elle.

Selon Benjamin Zizi, la démarche demeure coûteuse, sans compter la rudesse du climat québécois. « Oui, il y faudra faire attention aux mois plus froids, mais côté ensoleillement, on est bien servis au Québec », nuance Déborah.

Côté portefeuille, une maison passive coûte à peine 20 % plus cher qu’une maison standard, selon le couple Chaveron, qui espère rentabiliser l’excédent en trois ou quatre ans. « Et, au Québec, on en est aux premiers essais, le prix va forcément diminuer avec les années », prédit Damien, une position que partage également l’architecte et designer du projet, Lucie Langlois.

« Ce qui est difficile, c’est que les composantes, comme les fenêtres à triple vitrage, ne sont pas encore disponibles au Québec. Il faut aller chercher les produits en Europe », déplore-t-elle. Mais elle demeure confiante. « Dès que le marché va s’ouvrir, il va y avoir des manufacturiers locaux », affirme-t-elle.

Ozalée

Déborah et Damien Chaveron comptent s’installer dans leur nouvelle demeure, avec leurs deux petites filles, au plus tard à la mi-février 2016. Ils ont appelé leur maison Ozalée, un prénom d’origine amérindienne signifiant « soleil levant ». En plus des éléments écologiques Passivhaus, ils pratiqueront la permaculture et récupéreront les eaux de pluie.

Selon le site web www.passivhausprojekte.de, 797 bâtiments sont certifiés Passivhaus à travers le monde, dont 404 se trouvent en Allemagne. Le Canada en compte quatre, tous situés en Colombie-Britannique. (Par Raluca Tomulescu)

Pour en savoir plus sur la maison passive Ozalée : http://www.ozalee-passive.com/



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Pierre Durand
Pierre Durand
3 Années

Merci pour votre contribution à cette construction écologique unique. Mon frère est en train de construire une maison écologique et doit malheureusement se battre avec des fissures dans les fondations. Il est bon de savoir qu’une maison passive coûte environ 20 % de plus qu’une maison standard. http://fissure-fondation.com/

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