Au printemps dernier, Bois Urbain, l’entreprise d’économie sociale et d’insertion professionnelle bien connue d’Ahuntsic-Cartierville, a présenté à l’Office québécois de la langue française (OQLF) un projet-pilote conçu afin d’offrir aux immigrants apprentis ébénistes des outils pour la connaissance du français dans l’industrie du meuble. Ce projet était destiné avant tout aux immigrants, dans le cadre d’un programme existant de l’OQLF, Le français au cœur de nos ambitions. Le projet de Bois Urbain a été refusé tout récemment. 

Le premier projet déposé par Bois urbain au printemps dernier visait à créer un nouveau modèle d’intervention pour l’industrie de la transformation du bois, lequel modèle aurait été éventuellement transposable dans d’autres industries.

Le projet-pilote de Bois urbain semblait répondre aux critères d’admissibilité au moment de la présentation du projet.

Toutefois, selon la réponse reçue récemment de l’OQLF, entre le moment ou il y a eu l’appel de projets et celui où les projets ont été étudiés, il y a eu des changements quant aux critères d’admissibilité.

Olivier Lalonde, dg de Bois Urbain. (Source: site Web de Bois Urbain)

Olivier Lalonde, directeur général de Bois Urbain, ainsi que son équipe étaient bien sûr déçus de la réponse de l’OQLF.

« Tous les projets, comme le nôtre, qui proposaient des outils ou activités de francisations des immigrants ont été mis de côté. Mais, a-t-il dit en entrevue à journaldesvoisins.com, l’OQLF n’est pas la première porte qui se ferme sur ce projet-là. On est en train de cogner à toutes les portes pour que ça fonctionne.»

Pourquoi ce refus?

Christine St-Pierre, députée d’Acadie (Source: courtoisie)

Selon la députée d’Acadie, Christine St-Pierre, Bois Urbain est une entreprise des plus crédibles qui met sur pied des projets innovants et qui cherche des solutions. Elle s’explique mal, elle aussi, le refus de l’OQLF alors que le secteur manufacturier et l’industrie du meuble du Québec sont en manque de main-d’œuvre.

«Nous sommes en pénurie de main-d’oeuvre, a précisé la députée en entrevue au jdv, alors que d’après les statistiques que m’a soumises Bois Urbain, cette industrie doit combler 15 000 postes annuellement», a souligné Mme St-Pierre.

Selon Mme St-Pierre, le projet de Bois Urbain répondait aux critères d’admissibilité du volet «Le français en entreprise». Il aurait eu des chances d’être soutenu, n’eût été le fait que l’OQLF ait modifié les critères d’admissibilité alors même que les entreprises et organismes avaient déjà déposé leur projet.

Pour la députée libérale d’Acadie, ce projet avait été présenté à l’occasion d’un programme mis sur pied par son gouvernement, en 2017, et qui disposait d’une enveloppe de 10 M $ sur quatre ans.

Le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de ‘Intégration, Simon Jolin-Barrette, responsable de l’OQLF, mercredi 30 octobre, à l’Assemblée nationale du Québec ( Source; Diffusion des débats, Assemblée nationale)

Interpellé mercredi matin à l’Assemblée nationale par la députée St-Pierre, sur les raisons de ce refus, le ministre responsable de l’OQLF, Simon Jolin-Barrette n’a pas répondu, mais a plutôt invoqué le fait que le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) consacrait déjà plus d’argent pour que les immigrants fréquentent des classes de francisation chaque jour.

Un nouveau programme à venir…

Renvoyant la balle à son interlocutrice, le ministre a également signalé que sous le précédent gouvernement libéral, le plafond de la durée de francisation permise aux immigrants avait été fixé à cinq ans.

Il a en outre signalé que son gouvernement s’apprêtait à annoncer, au cours des prochains mois, un nouveau programme de francisation des personnes immigrantes.

À peine quelques heures plus tard, le cabinet du ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion faisait parvenir un communiqué aux médias, dans lequel on annonçait un Plan d’immigration du Québec pour l’année 2020, notamment pour les besoins en main-d’oeuvre. Il y était notamment spécifié de nouveaux critères pour accepter les travailleurs étrangers dans des secteurs d’emploi recherchés au Québec.

»Afin de mieux arrimer la sélection des personnes immigrantes aux besoins de main-d’œuvre du Québec, le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) (…) a été modifié pour rendre ce programme plus accessible aux étudiants étrangers, dont le domaine de formation touche des métiers ou des professions en pénurie sur le marché du travail. De même, les travailleurs étrangers temporaires devront, notamment occuper un emploi figurant à la liste des emplois en demande au Québec pour être admissibles au programme. Ces modifications visent à assurer une meilleure adéquation avec les besoins du marché du travail du Québec.»

Pour sa part, la députée d’Acadie demande au Ministre de revoir les critères du programme pour lequel le projet de Bois Urbain a été refusé parce que, dit-elle, ce programme est important pour les immigrants qui veulent apprendre le français et qui veulent intégrer le marché du travail le plus rapidement possible.

Elle affirme que l’abandon du critère «manufacturier» dans le programme Le français au coeur de nos ambitions  démontre, selon elle, une profonde déconnexion.

«Pour un futur employeur, a ajouté Mme St-Pierre, le projet de Bois Urbain est innovant et intéressant, car non seulement l’apprenti-ébéniste apprendrait son métier et acquerrait toutes les notions de sécurité reliées à ce travail, mais il le ferait en apprenant à exercer son métier en français.»

Et rebelote!

Bois urbain, beau joueur, présente ces jours-ci un nouveau projet à l’OQLF, projet qui a des chances d’être accepté dans le premier volet du programme Le français au cœur de nos ambitions. Ce volet s’intitule La maîtrise d’une terminologie française.

«Il s’agit de la création d’un lexique pour l’industrie du meuble. Ce lexique sera utile à l’industrie et il nous sera aussi utile (en créant du contenu pertinent) (…).»

Rappelons que Bois Urbain offre des services d’ébénisterie pour les milieux résidentiel, commercial et industriel tout en permettant à des apprentis-ébénistes d’apprendre un métier, et a pignon sur rue dans Ahuntsic-Cartierville depuis 25 ans.

Au moment de mettre en ligne, journaldesvoisins.com n’avait pas eu de retour du cabinet du Ministre Jolin-Barrette concernant les raisons quant à l’abandon du programme.

Pour voir l’intervention de la députée d’Acadie et les réponses du ministre Jolin-Barrette, c’est ici

Pour en savoir plus sur Bois urbain, c’est ici.

Pour lire le communiqué de presse du MIDI sur les nouvelles mesures pour l’intégration et la francisation des immigrants, c’est ici 



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