Le centre d’achat vacant à l’intersection de la rue Sauvé et du boulevard l’Acadie sera bientôt rasé pour laisser place à un important complexe résidentiel composé de cinq tours. Deux d’entre elles auront entre 20 et 26 étages, une hauteur largement supérieure aux autres édifices du secteur. Quelles seront les conséquences pour les riverains?   Journaldesvoisins.com a joint Xavier Leloup, professeur du Centre Urbanisation Culture Société de l’ INRS, pour étudier la question d’un peu plus près.

Pour le professeur Leloup qui s’intéresse au marché du logement et aux questions de cohabitation en milieu urbain, bâtir des tours d’habitations sur d’anciens sites commerciaux n’est pas chose rare.

« On voit de plus en plus, y compris dans des secteurs résidentiels de faible densité, d’anciennes structures commerciales être transformées en projets de condos. Des anciennes stations à essence ou encore des stationnements vacants sont remplacés par des immeubles d’habitation », explique-t-il.

Voir chez le voisin

Parmi les inconvénients de construire des immeubles d’une telle hauteur dans un quartier résidentiel, il y a l’impact sur l’intimité des gens du voisinage qui sont plus facilement exposés à la vue des regards indiscrets.

« Il y a une vision panoramique qui s’installe à partir des étages supérieurs des tours qui surplombent le quartier. Les gens ont une vision beaucoup plus large de ce qui se passe autour. Ceci peut éventuellement déranger les gens autour », précise M. Leloup.

La conseillère du district d’Ahuntsic, Émilie Thuillier, qui a voté contre le projet au conseil d’arrondissement, déplore que soient répétées certaines erreurs du passé.

«Un projet similaire a été entrepris Place de l’Acadie. Les gens qui vont au parc Roland-Giguère se sentent intimidés, car ils sentent la présence de mille yeux qui les regardent. Quand les bâtiments sont en hauteur, et que les gens se sentent observés, on se demande alors si l’espace a réellement été bien utilisé», affirme-t-elle. D’ailleurs, le projet à l’angle de Sauvé Ouest et du boulevard de l’Acadie prévoit lui aussi la présence d’un parc qui sera situé au cœur du complexe.

Adonis, un des investisseurs

L’autre impact majeur de ce genre d’initiative, c’est le changement de dynamique sociale qui résulte de l’arrivée massive de nouveaux résidants dans un secteur à moyenne densité.

« La présence d’une tour peut avoir des retombées positives pour un quartier et créer plus de dynamisme. C’est aussi une occasion pour amener une nouvelle clientèle chez les commerces avoisinants », affirme M. Leloup.

Il faut dire que le propriétaire du marché Adonis, qui se trouve juste en face du futur immeuble, fait partie du groupe d’investisseurs à l’origine du projet. En plus d’un centre dentaire, une institution bancaire ainsi qu’un centre de location d’outils sont situés juste à côté du site où seront construites les tours.

Par ce projet, l’arrondissement souhaite créer un quartier organisé autour du transport en commun grâce à la proximité avec la gare Ahuntsic du train de l’Est située sur L’Acadie. À cela s’ajoute l’attrait de nouvelles taxes foncières pour ce projet qui va comprendre 800 unités de logement, dont 7450 mètres carrés de logements sociaux.

Pour M Leloup, l’augmentation des taxes foncières ne saurait être un argument pour justifier un tel projet.

« En termes de développement de la Ville, on ne peut pas se fonder uniquement sur l’augmentation des valeurs foncières. À un niveau politique, c’est quelque chose sur lequel on ne peut pas s’appuyer. Cela donne une image exclusive et excluante de la Ville. On veut maximiser les taxes foncières et en faisant cela, ont créé souvent des logements plus dispendieux. C’est une vision purement rationnelle d’un point de vue économique. Or, on ne fait pas le développement urbain sur la base du ratio de taxes foncières », explique-t-il.

Journaldesvoisins.com a tenté de joindre Pierre Desrochers qui n’a pas voulu nous accorder d’entrevue à ce sujet. Le conseiller du district de Saint-Sulpice, qui annonçait récemment son départ de la vie politique, estimait qu’il avait déjà tout dit sur cette question.

L’ancien centre commercial rue Sauvé près de l’autoroute 15 avant sa vente. (Photo : Philippe Rachiele)

 

 



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