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Maurice Lebel, 91 ans, un résidant d’Ahuntsic, aura vécu trois déménagements dans le réseau de la santé, en deux mois. Sa fille Marie, également du quartier,  pensait bien qu’il était pour connaître une fin «heureuse» dans un nouvel environnement sur le territoire d’Ahuntsic-Cartierville, alors qu’un transfert devenait nécessaire vers un Centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD), compte tenu de son état de santé. Hospitalisé à l’Hôpital Jean-Talon, puis transféré à à un CHSLD de LaSalle en hébergement transitoire, M. Lebel est décédé 13 jours après avoir été déménagé de nouveau de LaSalle à la Résidence Légaré, dans le Domaine St-Sulpice, son premier choix.

Selon la fille de Maurice Lebel, Marie Lebel, un autre endroit dans le nord de la ville aurait pu faire l’affaire, même si la résidence Légaré dans le Domaine St-Sulpice était d’abord le premier choix. Toutefois, faute de place, son père a dû patienter ailleurs avant de revenir dans Ahuntsic, où il était venu s’établir en 2011.

« Mon père a été hospitalisé puis hébergé à l’hôpital Jean-Talon du 18 février au 14 mars, a indiqué Marie Lebel au journaldesvoisins.com. Il a été transféré de l’urgence à une chambre en isolement puis une chambre normale. Il a été transféré aux Résidences Floralies de Ville LaSalle,  où il a été du 14 mars au 4 avril. Puis, il a été transféré près de chez moi à la résidence Légaré (CHSLD dans le Domaine Saint-Sulpice). Il est décédé le 17 avril, 13 jours après son arrivée », a-t-elle précisé, tout en déplorant le fait qu’il avait vécu beaucoup de trop de déménagements entre le 18 février et le 17 avril, soit deux mois.

Mme Lebel avait réagi vivement à notre article de mars dernier qui rapportait les propos du porte-parole du CIUSSS du Nord-de-l’Île à l’effet qu’il n’y avait pas d’attente pour les places en CHSLD. Mme Lebel précisait en ses propres mots sur notre site que, pour sa part, elle savait à bon escient qu’il y avait attente pour des places en CHSLD sur le territoire d’Ahuntsic-Cartierville, puisque son père avait seulement bénéficié d’une place sur le territoire d’Ahuntsic-Cartierville, après deux déménagements, et cela une quinzaine de jours avant son décès comme elle l’explique plus haut.

Déménagements répétés

Il va sans dire que les trois déménagements  de Maurice Lebel n’ont pas dû aider sa situation. Deux semaines avant sa mort, il célébrait son anniversaire (le 31 mars). Mais malheureusement, l’étage où il habitait aux Floralies à LaSalle était en quarantaine, à la suite de cas répétés de gastro-entérite.

«  Il a passé son dernier  anniversaire et la fête de Pâques seul. Il ne pouvait être visité et il n’était pas capable de répondre au téléphone », a relevé Mme Lebel.

L’expérience aura été, en bout de piste, éprouvante pour Mme Lebel qui a identifié des «ratés», au CHSLD privé du sud-ouest de Montréal, à LaSalle.

« J’ai dû porter plainte à la responsable des Soins infirmiers. Quatre jours après son arrivée, il n’avait toujours pas été rasé. Je n’avais jamais vu mon père non rasé. Et c’était à son arrivée à la résidence Floralies ».

Même les repas servis n’ont pas été à la hauteur.

« J’ai vu qu’on lui avait servi un hot dog froid sans garniture  avec des frites froides pour un souper. Un autre soir, un sandwich à la salade de jambon, et rien d’autre.  Les préposés semblaient toujours être à la course. Il avait pourtant bien mangé à l’hôpital Jean-Talon », a-t-elle toutefois relevé.

Séjour difficile

Même s’il a été finalement transféré dans la place de son premier choix, les  derniers jours du père de Mme Lebel n’auront pas été de tout repos. Une triste fin.

« Les huit jours qu’il a passés seul sans visite peu de temps après son arrivée lui ont semblé une éternité. Être témoin des chicanes entre les résidents qui souffrent d’Alzheimer qui font de l’errance et qui rentraient chez lui ou dans la chambre de son voisin (vestibule partagé) a été perturbateur. J’ai été témoin trois fois de ces situations. Arrivé à la résidence Légaré, sa capacité d’adaptation et son goût pour la vie avaient passablement diminués. Et ça n’a pas changé malgré des bons soins du personnel très attentionné », a ajouté Mme Lebel.

Maurice Lebel a donc vécu 52 jours dans trois établissements.  Loin du domicile de sa fille (environ 45 minutes en déplacement auto) sans compter «un épisode de quarantaine qui l’a isolé».

Mme Lebel a reconnu qu’une autre résidence dans le quartier aurait fait l’affaire.  Bref, elle souligne l’importance que les enfants soient près du centre d’hébergement de leur parent placé,

«  On m’a appelée pour me dire que mon père allait être transféré aux Floralies LaSalle en attendant une place à la résidence Légaré. La travailleuse sociale m’a dit que cet éloignement temporaire d’une durée imprévue était le fait du manque de places disponibles dans le CIUSSS Nord où mon père et moi habitons. J’ai tenté de l’encourager à patienter, car nous ne savions pas quand aurait lieu un autre transfert pour le ramener près de chez-moi.  Ces épisodes ont épuisé ses capacités qui étaient amoindries », a-t-elle conclu.

Réactions CIUSSS Nord

En réaction, le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Nord-de-l’Île-de-Montréal (CIUSSS) a indiqué qu’il se devait de composer présentement avec des mesures transitoires.

«  On a dû procéder à l’achat de 25 lits à LaSalle, c’est une mesure temporaire en lien avec le réaménagement en cours d’un CHSLD dans Cartierville, a indiqué Hugo Larouche, conseiller cadre aux relations médias et aux affaires publiques. Il a fallu déplacer bon nombre de bénéficiaires.  Mais pour composer avec la situation, on a aussi prévu 141 places en Ressources intermédiaires (moins d’heures en termes de soins) sans oublier les soins à domicile ».

Concernant le placement dans des CHSLD, la section locale Ahuntsic-Saint-Laurent de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées (AQDR) nous a fait savoir jeudi n’avoir reçu aucune plainte. En fait, les plaintes portent en majorité sur des conflits entre propriétaires  et locataires.

Dans l’ile de Montréal, on compte  60 CHSLD publics répartis dans les cinq CIUSSS de l’île. On doit aussi comptabiliser 35 CHSLD privés (comme Berthiaume-du-Tremblay). Notre CIUSSS a en proportion «sa part» de centres d’hébergement.

«  Il est important de rappeler que pour les placements en centre d’hébergement, c’est du cas par cas. Il faut regarder le profil de la personne. Nous voulons aussi éviter le prolongement dans les hôpitaux quand ce n’est plus nécessaire; il est préférable pour la personne d’être dans un centre d’hébergement, un environnement plus propice » a conclu M. Larouche.

Au sujet des données concernant la liste d’attente pour une place en CHLSD, il est possible d’avoir les informations pour tout le Québec en consultant le site http://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/document-001637/.

En excluant les personnes placées de façon transitoire (i.e. placées ailleurs dans d’autres CHSLD hors-territoire en attendant, comme Maurice Lebel), notre CIUSSS est parmi les cinq de l’île celui qui compte le moins de gens en attente d’une place. selon les statistiques d’avril.

AQDR : travail en amont

Enfin, l’AQDR local, qui tenait ce vendredi son assemblée générale annuelle à ses bureaux de la rue Salaberry, a rappelé sa contribution à travailler à d’«autres problématiques que les CHSLD reliées aux personnes aînées», travaillant en amont.

L’automne dernier, l’AQDR nationale avait publié une longue liste de recommandations dans son «Cahier de revendications».

Elle plaide pour le respect de dix droits dont le droit à un logement convenable ou encore le droit à des services à domicile accessibles et de qualité.

Aussi, comme l’a noté Hélène Robillard-Frayne (qui siège au conseil local), avec une population vieillissante, il faut tenir compte de «la problématique des proches aidants qui s’épuisent à la tâche et doivent même parfois quitter leur emploi et qui se retrouvent en situation financière précaire».

De façon plus large aussi, le groupe de pression plaide pour une amélioration de la qualité de vie des personnes aînées. Par exemple, rendre le transport gratuit pour les 65 ans, une cause que défend un membre actif, Osvaldo Nunez, ex-député bloquiste de Bourassa (Montréal-Nord). M. Nunez avait lancé une pétition à cet effet il y a deux ans, au métro Crémazie.

« Beaucoup de personnes aînées sont défavorisées économiquement et souffrent de solitude, ce qui peut entraîner des problèmes physiques et donc un coût pour la société; le transport en commun gratuit peut diminuer cette solitude », a conclu Hélène Robillard-Frayne.

 



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